Dixie Daisy est l’une des vedettes d’un spectacle burlesque dans un théâtre de Broadway transformé en music-hall. Lolita, une des actrices de la troupe, est retrouvée assassinée. Dixie est très vite soupçonnée à cause de la rivalité qui régnait entre les deux femmes. Mais d’autres crimes inexpliqués sont bientôt commis et Dixie veut mettre en place un piège pour démasquer l’assassin.
L'étrangleur est un plutôt habile mélange de whodunit et de film musical, adapté du roman The G-String Murders de Gypsy Rose Lee publié en 1941 - le titre anglais du livre étant la première victime des censeurs du Code Hays. L'argument criminel est traité à échelle égale, voire inférieure, de la partie musicale, et ce pour une bonne raison. Gypsy Rose Lee, autrice du roman est une véritable icône du monde du spectacle américain, lancée sur scène dès son plus jeune âge avec sa sœur l'actrice June Havoc par une mère abusive, et qui popularisa le spectacle burlesque ainsi que l'art du striptease auquel elle ajouta une dimension caustique et intellectuelle. Cette carrière tumultueuse sera immortalisée dans la comédie musicale de Broadway puis sa transposition cinématographique Gypsy (Mervyn LeRoy (1962)), tous deux adaptés de Gypsy: A Memoir, son autobiographie publiée en 1957.Fort de ce passif, le film soigne particulièrement les séquences scéniques et les coulisses de ce théâtre de Broadway, passé de l'opéra au music-hall par intérêt économique. Les scènes de spectacle, les chorégraphies, le soin apporté aux costumes (conçus par Edith Head) et même le côté sophistiqué/coquin (dans la mesure de ce que pouvait permettre le code Hays) bénéficient d'une volonté de réalisme certain, mais toujours gentiment facétieux notamment dans le jeu avec le public. Pour les coulisses on oscille entre le ton badin et enlevé de la screwball comedy, dans la lignée des films de Busby Berkeley des années 30 avec le "couple" vachard constitué par Barbara Stanwyck et Michael O'Shea, et la foire d'empoigne teintée de rivalités sourdes entre danseuses. La solidarité se dispute à la mesquinerie, mais on sent un vrai besoin d'authenticité notamment dans la caractérisation de Dixie (Barbara Stanwyck), ses doutes, ses ambitions et un passif que l'on devine difficile, le personnage se voulant un double fictionnel de Gypsy Rose Lee. La partie criminelle avec cet étrangleur décimant les danseuses de la troupe fonctionne ainsi moins sur la tension et le suspense que sur tout le cadre tendre, concurrentiel et scandaleux (les descentes de police sont légion) que William A. Wellman a pris le temps de nous exposer, y compris les protagonistes masculins louches gravitant autour des danseuses. Les scènes d'interrogatoires ou de découverte de cadavre manque un peu du piquant du thriller et s'avèrent assez conventionnels, mais l'identité et les motivations du coupable vont faire habilement le lien avec la vision non-»noble» et vulgaire que les rétrogrades associent au spectacle burlesque. Une œuvre très plaisante dans son mélange des genres et portée par la prestation pleine de panache de Barbara Stanwyck.
Sorti en dvd zone 2 français chez Arus
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire