Le film relate l'activité d'Odette Sansom, héroïne française du Special Operations Executive, qui fut courrier (agent de liaison) dans le réseau SPINDLE de Peter Churchill actif dans le sud-est de la France, et qui fut arrêtée en avril 1943 avant d'être déportée à Ravensbrück.
Odette est une des productions britanniques qui inaugure ce courant des années 50 s'attachant à dépeindre les figures méconnues, les "petites" histoires et destin individuels héroïques de la Seconde Guerre Mondiale, se différenciant de la célébration pure du collectif dans les films de propagandes produits durant la guerre. Il s'agira ici de célébrer Odette Sansom, française installée en Angleterre qui s'illustra en tant qu'agent de liaison, sous couverture dans le sud de la France. Plus globalement, le film s'inscrit dans la lignée des productions et réalisations initiées par Herbert Wilcox aux côtés de son épouse Anna Neagle. Wilcox rencontre l'actrice en 1932 lorsqu'il la sélectionne pour jouer dans Good Night, Vienna (1932) et tous deux entameront une fructueuse relation professionnelle puis sentimentale (Wilcox divorcera pour épouser Anna Neagle en 1943) les voyant réunis sur de nombreux films. Son statut de producteur influent permet à Wilcox d'imposer Anna Neagle sur de nombreux films importants, surmontant les réticences des décideurs qui ne voient pas en elle leur vision plus étriquée d'une jeune première, dans des œuvres à succès comme The Little Damozel (1933). Dans ce corpus de film en commun, Wilcox s'attache à faire incarner à Anna Neagle de grandes figures féminines comme dans La Reine Victoria (1937) et sa suite Soixante Années de gloire (1938), triomphes au box-office anglais, They Flew Alone (1942) - où elle joue Amy Johnson pionnière de l'aviation - ou encore Edith Cavell (1939) - où elle joue déjà une héroïne de guerre, mais de la Première Guerre Mondiale. Odette est donc un film sur des rails (y compris sur ce registre guerre/espionnage que le duo a déjà tenté dans Yellow Canary (1943), et sans doute un peu trop.Si l'on a la curiosité d'aller voir la fiche Wikipédia d'Odette Sansom, on est à la fois frappé par le potentiel romanesque de ses aventures et aussi déçu du déroulé chronologique, scolaire et à la virgule près des évènements, sans imagination de la part d'Herbert Wilcox. Tout prête à quelque chose de palpitant, du recrutement atypique d'Odette (la radio anglaise demandant aux ressortissants français d'envoyer des photos de famille à l'armée pour sélectionner les régions dans lesquelles envoyer les agents potentiels), de la réelle romance née entre notre héroïne et son chef de réseau Peter Churchill. Les protagonistes déroutants sont là et comme l'agent allemand joué par Marius Goring et son double-jeu entre les services germaniques et anglais qu'il va trahir, les situations incroyables aussi avec ce saut en parachute désespéré de Peter Churchill d'après un feu de fortune allumé par Odette pour qu'il se repère.
Un autre élément incroyable qui sauvera à termes la vie d'Odette, lorsqu'elle se fait passer pour l'épouse de Peter Churchill et affirme aux allemands qu'il a un lien de parenté avec Winston alors qu'il s'agit d'un simple homonyme. Mais aucune idée de narration, de montage ou mise en scène ne vient embellir toutes ces situations qui sont toutes vraies. On ne vibre jamais, tout s'enchaîne mécaniquement et même l'interprétation s'avère assez terne, dont justement Anna Neagle en Odette. On est loin de la puissance émotionnelle de Carve her name with pride de Lewis Gilbert (1958) sur ce même registre de biopic héroïque au féminin. Bien dommage mais il y a là un beau potentiel de remake plus vibrant et haletant.
Sorti en bluray anglais chez StudioCanal et doté de sous-titres anglais
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