Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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mardi 17 août 2010

Le Récidiviste - Straight Time, Ulu Grosbard (1978)

 

Libéré sur parole, Max,ex braqueur tente avec difficulté de retrouver le droit chemin. Mais une nouvelle arrestation le fait replonger vers le crime. 

Le Récidiviste est une adaptation du premier roman de Edward Bunker, le fameux Aucune Bête Aussi Féroce. Avant de parler du film il convient de revenir sur la personnalité de Bunker. Né dans les années 30, il passe une enfance chaotique où, balloté entre les foyers et les famille d'accueil après le divorce de ses parents il sombre rapidement dans la délinquance. L'escalade dans le crime se fait croissante et après avoir fréquenté régulièrement les maisons de redressement durant l'adolescence, c'est la prison ferme qui l'attends à l'âge adulte pour des méfaits de haut vol (braquages, violences...) qui lui valent une réputation de fou furieux parmi les criminels. Après avoir passé près de la moitié de sa jeune existence derrière les barreaux, c'est l'écriture qui le sauvera. 

Passionné de roman noir et de littérature classique américaine, il découvre James Cain ou encore Faulkner à la prison de Saint Quentin puis enfin bien entouré par des personnes croyant en son talent, il se lancera dans l'écriture avec succès. Libéré depuis 1975 (de la prison mais aussi de ses démons), c'est un homme apaisé désormais qui a écrit nombre de roman noir marquants largement inspirés de son parcours. Paru en 1973 Aucune Bête Aussi Féroce était donc son premier roman où il relatait de manière romancée et crédible les dysfonctionnement d'un système qui l'empêchait de se réinsérer dignement. Une écriture au style vif et d'une intensité fiévreuse, ainsi qu'un héros inoubliable en la personne de Max Dembo a fait du livre un des très grand classique du genre. La tâche était donc ardu pour cette transposition cinéma qui sans égaler la puissance du livre (pour ça il faudra attendre l'adaptation officieuse Heat de Michael Mann où Bunker a d'ailleurs été consultant sur les scènes de braquages) est tout de même une belle réussite. La difficulté de réinsertion des criminels endurcis après de longues peine a rarement été aussi bien exprimé qu'ici : solitude urbaine, chambres de motels sordides et emploi minable quand on a connu l'argent facile, contrôleur judiciaire arrogant, quotidien ennuyeux... Toute les anomalies d'un système trop rigide qui conduisent à la replongée dans le crime sont parfaitement montrés. 

Dustin Hoffman, malgré un physique fluet bien éloigné du Max Dembo si impressionnant dans le livre s'avère néanmoins très convaincant en repris de justice. Durant la scène où sa petite amie vient le voir alors qu'il vient de se faire réincarcérer à tort, il parvient à exprimer la honte (il ne souhaitait plus être vu sous ce jour) la rage et le désespoir par sa seule expression pathétique au bord des les larmes. Il est tout aussi crédible en dur à cuire obsessionnel aux explosion de fureur dévastatrices (mémorable séquence où il se venge de son contrôleur judiciaire). 

Seul bémol par rapport au roman on ne retrouve pas cette description saisissante de la psychologie du criminel, que se soit dans ce code d'honneur parfois si lourd de conséquences ou encore la préparation minutieuse des coups (pour ça il faudra de nouveau attendre Michael Mann avec Le Solitaire quelques années plus tard). Grâce aux indications de Edward Bunker et de consultants braqueurs professionnel les scènes de casses sont tout de même bien réalistes (même si la violence du livre est atténuée) tandis que la réalisation de Ulu Grosbard (une filmographie peu fournie mais intéressante) collant au plus près à Dustin Hoffman s'avère sobre et efficace, en faisant d'assez loin son meilleur film. 

Si on ajoute un bon cast de trognes bien connues du polar 70's avec entre autres Gary Busey (en copain boulet), Harry Dean Stanton et M. Emmet Walsh (célèbre pour son rôle de détective privé pourri dans le Blood Simple des frères Coen, tout aussi détestable ici en contrôleur judiciaire) une belle réussite à découvrir vraiment. Néanmoins je recommanderais largement la lecture du roman avant, d'une tout autre envergure.  

Sorti en dvd zone 2 français chez Warner. Le roman est lui paru aux éditions Rivages/Noir.

 

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