Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

Pages

mardi 16 octobre 2012

Retour à Howards End - Howards End, James Ivory (1992)


Dans l'Angleterre du début du XXème siècle, deux jeunes femmes fort émancipées, Margaret et Helen Schlegel, vont se lier d'amitié avec une famille traditionnelle, les Wilcox. La modernité des deux sœurs va créer des tensions et des drames chez les Wilcox, mais leurs destins sont maintenant liés.

Après Chambre avec vue (1986) et Maurice (1987), Howard Ends est la troisième adaptation d'EM Forster que signe le trio James Ivory/ Ismail Merchant/Ruth Prawer Jhabvala. Après les amours contrariés par l'immaturité (Chambre avec vue) puis par la transgression de l'interdit (Maurice) le récit traite plus frontalement de cette opposition de classe déjà au cœur des deux précédent films. On suivra ici les destins liés de deux familles anglaises sous l’Angleterre edwardienne, les Schlegel et les Wilcox.

Les premiers de par leur parenté germanique via leur père font preuve d'une ouverture sur le monde et d'une modernité où s'illustre leur gout pour la littérature, la musique et une vraie curiosité envers leur semblable à travers les deux sœurs Margaret (Emma Thompson) et Helen (Helena Bonham Carter). Les Wilcox représentent eux une Angleterre plus traditionnelle et aristocratique, fermée sur elle-même. Les chemins des deux familles ne cesseront de se croiser sur plusieurs années dans un mouvement d'attirance et de répulsion toujours plus complexe et soulevant les grandes idéologies qui les oppose.

L'attirance concernera dans une échelle toujours plus intense les liens amoureux et amicaux noués avec une vraie sincérité et la répulsion naîtra elle des entraves sociales rendant l'union impossible. Chaque pas en avant se verra brutalement stoppé pour des conséquences allant en s'aggravant : de l'innocente romance entre Helen et Paul Wilcox naît un malentendu qui rafraîchira les rapports une première fois.

L'amitié entre Margaret et Ruth Wilcox (Vanessa Redgrave merveilleusement indolente et effacée) voit son symbole le plus fort étouffé lorsque le testament de cette dernière léguant sa propriété d'Howard Ends à son amie est détruit par sa famille. Ce sera enfin le mariage entre Margaret et le patriarche Henry Wilcox (Anthony Hopkins) qui s'avérera voué à l'échec. Quand le caractère ardent des Schlegel est constamment guidé par les élans du cœur, les Wilcox y répondent par une froideur bassement matérielle et égoïste.

 Le personnage fantasque d'Helena Bonham Carter ne pourra se résoudre à cette indifférence quand une Emma Thompson (superbe et récompensée par l'Oscar de la meilleure actrice) plus nuancée et touchante tentera sans y parvenir le compromis par amour. Ivory filme avec élégance et dans une superbe direction artistique ces mouvements contradictoire où son talent de narrateur évite un côté trop schématique (reproche que j'ai un peu sur Chambre avec vue) grâce à ses petits moments préparant aux entraves à venir (la rencontre à la gare qui empêche la première visite attendue de Howard Ends) où l'intensité des scènes de conflits comme celle vers la fin où Emma Thompson goutte douloureusement au refus brutal d'Anthony Hopkins pour une demande simple et sincère.

La fameuse demeure de Howard End au centre de tous les enjeux n'est finalement pas si visible que cela durant le film. Sa beauté n'est qu'entraperçue au début via les déambulations vaporeuse de Vanessa Redgrave ou plus tard Emma Thompson dans un mimétisme de mise en scène étudié pour Ivory. La nature environnante, le poids du souvenir de cette maison s'exprime sobrement et avec poésie  (tout comme les rêveries interdite par sa condition au personnage sacrificiel de Leonard Bates) mais les lieux sont finalement surtout les centres du drame et du compromis qui confère à la conclusion un esprit de statu quo et de résignation.


Sorti en dvd zone 2 français chez MK2

1 commentaire:

  1. C'est un film magnifique, qui m'a beaucoup touchée. Je trouve Elena Bonham Carter et Emma Thompson magistrales d'un bout à l'autre.

    RépondreSupprimer