Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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vendredi 25 juillet 2014

Ondine - Neil Jordan (2009)


Syracuse, un pêcheur irlandais, découvre un jour dans son filet une femme prénommée Ondine, dont il est persuadé qu'il s'agit d'une sirène. Au fur et à mesure qu'Ondine s'intègre dans la communauté, plusieurs théories émergent quant à sa nature, tandis que Syracuse commence à tomber amoureux d'elle...

Capable de donner aux chimères une réalité palpable (La Compagnie des Loups (1984)) et de conférer à un postulat réaliste une poésie surnaturelle (l'adultère de La Fin d'une liaison (1999)), Neil Jordan en fait encore la preuve avec ce superbe Ondine. Neil Jordan revisite ici dans un cadre réaliste et contemporain le mythe des selkie (la promotion française fait d'ailleurs un raccourci facile en en faisant des sirènes alors que ce n'est pas tout à fait la même chose), créatures du folklore marin anglo-saxon revêtant l'apparence de phoques en mer et qui sur terre enlève leur peau pour révéler des jeunes filles (ou jeunes hommes) d'une beauté exceptionnelle. Si l'homme à terre conserve la peau de la (ou du) selkie, celle-ci lui est dévouée et ils pourront alors s'aimer sauf si cette peau est retrouvée ou détruite sans quoi la créature retournerait à la mer.

Cette dernière facette de soumission est largement atténuée pour plutôt reposer sur la reconnaissance dans cette relecture moderne où le pêcheur Syracuse (Colin Farrell) à la surprise de trouver dans ses filets la belle Ondine ((Alicja Bachleda-Curus), une jeune femme amnésique qui ne souhaite pas être vue du reste de la population. Méprisé par le reste de la population en raison de son passé alcoolique, Syracuse ne peut que constater que sa chance semble tourner avec la présence de la belle inconnue notamment par des pêches spectaculaire. Pour Annie (Allison Barry), la fille de Syracuse à l'imagination fertile, tout cela est évident : Ondine est une Selkie.

Le film oscille dans un équilibre délicat où l'environnement réaliste semble toujours contredit par les évènements extraordinaires et la présence mystérieuse d'Ondine. Parfois c'est au contraire l'inverse qui se produit avec des situations terre à terre transfigurées par la magie et la force évocatrice de ce décor naturel portuaire irlandais (e film fut tourné dans la péninsule de Beara et plus particulièrement Bere Island, Dursey Island et Puleen Harbour) et le score envoutant de Sigur Ros. Tout un monde magique devient alors possible par la seule croyance que Neil Jordan parvient à transmettre à travers la foi d'Annie, le regard amoureux de Syracuse et la beauté et aura lumineuse d'Ondine.

L'extraordinaire ne devient pas tangible parce qu'il est prouvé mais car que l'on est prêt à y adhérer. L'ensemble du film propose ce double niveau de lecture ou l'interprétation est laissée au choix du spectateur, les évènements s'inscrivant dans le mythe de la selkie mais par le biais de d'évènements réalistes. La situation personnelle difficile des personnages (Syracuse luttant pour obtenir la garde de sa fille, Annie souffrant d'une insuffisance rénale et circulant en fauteuil roulant) semblent ainsi pouvoir être surmontés par le renouveau et la paix qu'apportent Ondine. Colin Farrell, irlandais pur souche (et qui avait tourné son premier rôle professionnel dans ce même Comté de Cork en 1998 pour un téléfilm) transpire l'authenticité en pêcheur local, tout en transmettant cette fragilité et présence rêveuse que l'on devine ouverte à l'ailleurs.

Alicja Bachleda-Curus est également une belle découverte, présence charnelle et évanescente que Neil Jordan choisit entre autre car elle était inconnue et susciterait la même interrogation au spectateur qu'au protagoniste quant à sa nature réelle. On saluera aussi la présence pétillante de la jeune Alison Barry, au charme mutin entre candeur et maturité étonnante. Comme dans tout conte, Ondine possède sa facette sombre ici dévoilé par un mystérieux étranger qui semble traquer Ondine, la selkie étant parfois amenée à être réclamée par un de ses semblables. C'est là le seul petit travers du film qui par cet élément dramatique gâche le mystère en donnant une explication réaliste ou le double niveau de lecture ne fonctionne plus forcément. Les plus rêveurs qui souhaitaient en rester à l'idée de la vraie présence d'une selkie en seront pour leur frais mais cela n'empêche pas d'avoir passé un très beau moment.

Sorti en dvd zone 2 français chez Eone



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