Rockwell, une petite bourgade du Maine, en octobre 1957. Livré à lui-même, le petit Hogarth Hughes passe le plus clair de son temps devant le petit écran. Alors qu'il regarde une de ses émissions favorites, l'image se brouille subitement. Il s'aperçoit que l'antenne a été arrachée. Remontant la piste du coupable, il découvre, au milieu de la forêt voisine, une gigantesque créature métallique, prête à dévorer la centrale électrique. Empêtré dans les câbles à haute tension, le monstre de fer risque gros. Hogarth parvient à couper le courant, sauvant ainsi l'étrange envahisseur d'une mort certaine. Le gamin et le robot se lient d'amitié... Mais l'armée n'est jamais loin pendant la guerre froide...
Premier film et premier joyau pour Brad Bird qui après des années à officier sur des productions tv (dont de nombreuses saisons des Simpson) profitait de la relance du segment animation cinéma de la Warner (à l'instar de Dreamworks et son Prince d'Egypte ou de la Fox avec Anastasia ou Titan AE bien décidés à concurrencer Disney) pour signer ce Géant de Fer. Le film adapte le classique de la littérature enfantine The Iron Man de Ted Hughes, imaginée au départ comme une comédie musicale par le guitariste des Who Pete Towshend avant que l'option du film d'animation ne se s'avère plus judicieuse et que Warner fasse confiance à un Brad Bird très inspiré par le sujet.
Celui-ci souhaite placer au centre du film le questionnement qu’une machine puisse avoir une âme. Les amateurs de Miyazaki remarqueront que le design du robot est très proche de celle des machines du Château dans le Ciel (1986) où elles s'avéraient tour à tour garantes de l'écologie où froidement destructrice selon l'usage que l'on en faisait et le regard que l'on y posait (dominateur chez les hommes et bienveillant avec les enfants). Brad Bird explore avec brio ces mêmes questionnements ici.
Brad Bird confronte là deux imaginaires SF, tout d'abord celui des années 50 avec la psychose d'une apocalypse nucléaire, la peur de l'autre où l'éventuel étranger extraterrestre sera forcément un envahisseur belliqueux en métaphore de la menace communiste en pleine Guerre Froide. C'est donc celle à laquelle souscrit notre jeune héros plein d'entrain Hogarth qui devinant une présence étrange dans la forêt avoisinante fait le lien avec les nombreuses série B qu'il dévore, s'arme d'un fusil et d'un casque de soldat pour aller traquer la créature, possiblement le rouge.
Au lieu de la grande menace annoncée il trouvera un mastodonte de métal aussi imposant qu'inoffensif. Terrifiant lors de sa saisissante première apparition en mer dans la splendide scène d'ouverture (et aussitôt associé à un engin russe par le marin l'apercevant), le géant apparait aussi fragile qu'un enfant à Hogarth empêtré dans les fils d'une station électrique et le regard bienveillant du garçon va au contraire diriger du bon côté la machine déréglée et aux aptitudes réellement guerrière comme on le découvrira par la suite. Bird oriente ainsi la paranoïa 50's vers la bienveillance de la SF 80's et plus particulièrement de Spielberg et des productions Amblin avec une relation entre Hogarth et le robot qui rappellera bien sûr le merveilleux E.T. (1982).
La vie et la mort s'entremêle ainsi pour le géant qui refuse son statut premier d'arme (I'm not a gun), Bird parvenant grâce à la voix caverneuse de Vin Diesel au doublage, à la gestuelle délicate et maladroite à la fois et à l'expressivité de son regard a grandement émouvoir avec ce personnage sans jamais nier son statut de machine auréolé d'une belle esthétique steam punk.
La vision opaque et binaire des adultes est représentée par le personnage de l'agent gouvernemental et plus globalement par l'armée où tout étranger sera forcément une menace, réveillant ainsi ses instincts guerriers. C'est grâce la candeur d'un enfant (et de références pop judicieusement placées tel cet hommage magnifique à Superman, autre étranger venu faire le bien auquel le robot choisira de s'identifier) que la machine se délivre de sa programmation initiale pour prendre son envol d'ami et de sauveur dans un somptueux final. Une merveille qui faisait d'emblée entrer Brad Bird dans la cours des grands.
Sorti en dvd zone 2 chez Warner
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