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lundi 2 avril 2018

La Pièce maudite - The Brasher Doubloon, John Brahm (1947)


Le détective privé Philip Marlowe est engagé par une riche veuve, Elizabeth Murdock, pour trouver une pièce de collection connue du nom de Brasher Doubloon. Marlow se retrouve au milieu d'une affaire bien plus compliquée, avec chantage et meurtre, qui l'oblige à côtoyer un nombre d'étranges individus. Ceci inclus Merle Davis, la secrétaire plutôt dérangée de Mme Murdock, le rôle de cette dernière étant beaucoup plus sinistre qu'il parait.

Les années 40 sont la période faste de la carrière de John Brahm qui signera ses plus belles réussites à la Fox. Le réalisateur s’inscrit dans les grands genres en vogue de la période tout en se les appropriant par sa virtuosité formelle. Jack l’éventreur (1944) et Hangover Square (1945) surfent sur le courant du thriller et de l’épouvante gothique, Le Médaillon (1946) sur le film noir psychanalytique tandis que Singapour (1947) figure parmi les variations réussies de Casablanca (1942). Avec La Pièce maudite, c’est donc l’occasion pour Brahm d’adapter le célèbre détective privé de Raymond Chandler, Philip Marlowe. Il s’agit déjà la de la sixième aventures cinématographique de Marlowe, la plus mémorable et l’interprétation la plus marquante du personnage demeurant celle d’Humphrey Bogart dans Le Grand Sommeil d’Howard Hawks (1946). L’univers de Raymond Chandler se prête particulièrement bien aux audacieuses variations sur le même thème, qu’elles soient narratives avec la tortueuse intrigue de Le Grand Sommeil, stylisée pour La Dame du lac et sa caméra subjective (1947) ou encore la modernisation désabusée de Le Privé (1973). 

On pouvait espérer que John Brahm s’approprie à son tour le personnage de façon mémorable mais le film reste finalement assez sage. Le film adapte le roman La Grande Fenêtre (une première adaptation avec Lloyd Nolan en Marlowe fut produite en 1942) et déroule sans trop de surprise le programme attendu. L’intrigue nébuleuse voit Marlowe (George Montgomery) engagé pour retrouver une pièce de collection dérobée à une riche veuve. Le culte de du secret de sa commanditaire n’a d’égale que les rencontres dangereuses et inattendues que lui réserve son enquête. Conscient de ses zones d’ombres, Marlowe ne l’accepte que sous le charme de Merle Davis (Nancy Guild), la charmante et très torturée secrétaire de Mme Murdock. La résolution fera preuve d’une vraie originalité avec son mystère résolu dans les rushes d’un film amateur mais tout ce qui précède aura été fort poussif. 

Les indices et les situations peinent à distiller l’aura d’étrangeté qui auraient pu captiver malgré l’intrigue un peu lâche et visuellement John Brahm se montre trop sobre. Quelques fulgurances laissent éclater ses élans gothiques (la scène nocturnes où Marlowe s’introduit chez Mme Murdock) et la mise en scène se fait percutante lors des scènes de bagarres mais dans l’ensemble ni l’histoire ni l’approche formelle ne suscitera de surprise. Néanmoins il faut saluer l’interprétation pleine de panache de George Montgomery, moins glaciale et pince-sans-rire qu’un Bogart mais tout en arrogance rieuse et juvénile qui fonctionne très bien. La tension érotique entre lui et la troublante Nancy Guild offre les quelques sorties de route qui manquent au film qui donne plus dans la série B sage. 

Sorti en dvd zone 2 français chez Rimini 

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