Flaming Brothers est une des premières productions exploitant le filon du polar héroïque initié par le succès de Le Syndicat du crime de John Woo (1986). Univers des triades, amitiés sacrificielles, action décomplexée, tous les éléments sont en place même si n’atteignant pas les sommets du classique de John Woo. Un des forces du film, scénarisé par Wong Kar-wai, repose sur l’attention prise à la caractérisation des personnages. Le prologue sur l’enfance des orphelins à Macau pose leur relation fusionnelle, leur condition de vie les guidant inévitablement vers le crime pour survivre, et même le pas de côté impossible pour échapper au déterminisme par l’amitié nouée avec la bienveillante Ka-hsi.
Retrouvant le duo Chan (Alan Tang) et Tin (Chow Yun-fat) à l’âge adulte, le récit n’a de cesse de les montrer unis, complémentaire et de ce fait invincible face aux menaces du monde dangereux dans lequel ils évoluent. Tin est le rigolard et désinvolte dans l’action, quand Chan impose un stoïcisme intimidant. Ils ne font qu’un, mais la longue séparation qu’amènent les péripéties va les amener à construire une individualité propre par laquelle la vie de gangster n’est pas une fin en soi. Cela passe par les personnages féminins, réminiscences de leurs origines, Chan s’attachant à Jenny (Jenny Tseng) originaire de Macao comme lui, et Tin retrouvant son amie d’enfance Ka-hsi (Pat Ha). Si l’on n’évite pas le mauvais goût ou la mièvrerie, ces figures féminines sont attachantes et affirmées (en particulier Pat Ha toute en candeur et loin des rôles plus sulfureux qui l’ont fait connaître), justifiant le vacillement des hommes las des joutes viriles. L’action n’est pas si nombreuse, et placée à des moments-clés dans la dramaturgie. La complémentarité du duo, ainsi que leur caractérisation servent les premiers morceaux de bravoure célébrant leur gouaille et sang-froid. Dans un premier temps Joe Cheung privilégie l’impact à la chorégraphie dans l’action par des éclats sanglants soulignant l’invulnérabilité de Chan et Tin tant qu’ils marchent dans la même direction. Le découpage se fait plus complexe, les affrontements se dilatent davantage, notamment par le ralenti, lorsque les héros se séparent puis se retrouvent, et ont désormais quelque chose à perdre de plus vaste que leur seule vie. On pourrait penser que la comédie occupe une trop grande place dans la première partie, mais tout cela sert un attachement patiemment installé qui trouve tout son sens dans une dernière partie plus cathartique. L’ultime confrontation dans une écurie est un moment intense, notamment par l’infâmie intégrale du méchant interprété par Patrick Tse. Même en étant sur les rails narratifs attendus du polar héroïque, la conclusion est suffisamment outrée et mélodramatique pour vraiment fonctionner et nous emporter. Sans se hisser parmi les sommets du genre, une petite réussite très efficace.Sorti en bluray chez Le Chat qui fume




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