Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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vendredi 15 juillet 2011

L'Incompris - Incompreso, Luigi Comencini (1966)


Le consul du Royaume-Uni à Florence, Sir Duncombe, vient de perdre son épouse. Il demande à Andrea, son fils aîné, de ne rien dire à son jeune frère Milo. Andrea, désespéré par la mort de sa mère, ne parviendra jamais à communiquer avec un père qui le croit insensible.

Comencini entamait avec L’Incompris un cycle de films sur l’enfance et la perte de l’innocence qui allait se poursuivre avec Casanova, un adolescent à Venise (1969) et Les Aventures de Pinocchio (1971). Casanova offrait une vision étonnante du célèbre séducteur en s’attachant à ses jeunes années et montrant comment la décadence de la société vénitienne d’alors (faisant écho à l’Italie du moment) pouvait totalement pervertir une âme pure. Dans la même lignée, Pinocchio conservait l’aspect de fable morale du roman de Collodi dans le parcours initiatique du pantin de bois destiné à devenir un vrai petit garçon.

L’Incompris par sa nature de grand mélodrame s’avère le plus touchant des trois films, explorant une sphère purement intime au-delà d’un quelconque message. L’histoire dépeint le drame d’un enfant condamné à se montrer insensible face à la douloureuse perte de sa mère. Le jeune Andréa doit en effet à la demande de son père cacher à son petit frère la disparition de leur mère afin de ne pas le troubler. C’est là une terrible erreur du père qui suppose que son aîné est le plus solide de ses fils. Toute son attention sera donc monopolisée par son turbulent cadet Milo tandis que Andréa part lentement à la dérive. Le récit nous promène dans une atmosphère de spleen constant accompagnant la solitude et la tristesse d'Andréa. Solitude face à un père plus attentif à Milo, cadet exubérant mais protégé par un jeune âge dont l’insouciance permet de tout surmonter. Tristesse face à la terrible absence maternelle qui ne sera plus jamais comblée. Le jeune Stefano Colagrande (que l’on n’a plus revu dans d’autres rôles ensuite) est poignant dans la contradiction d’indifférence que semble exprimer son visage et le désarroi de son regard.

Une des grandes forces du film est la subtilité extrême apportée pour exprimer cette gamme de sentiments complexes. La musique sobre de Fiorenzo Carpi accompagne les pérégrinations des enfants dans la maison, les états d’âmes dans une neutralité dangereuse par une mélancolie diffuse. Hormis une conclusion bouleversante, le scénario (adapté d’un roman de Florence Montgomery) évite tout rebondissement ou situation trop manifeste qui déséquilibrerait la sobriété du film.

Dans cette maison où la tristesse doit être étouffée ou cachée (le père écoutant les bandes de sa femme en cachette), le malaise ne se ressentira que par les regards à la dérobée, les non-dits et l’incompréhension mutuelle. Personne n’est coupable, chacun pense bien faire et accentue le fossé avec l’autre. Il faudra un terrible événement en conclusion pour que le lien se rétablisse avant d’être perdu à tout jamais. Comencini bouleverse définitivement dans ce final (porté par une interprétation intense et sobre d'Anthony Quayle), où son héros renoue avec son père tout en s’apprêtant à rejoindre celle qui lui a tant manqué.

Le film recevra un accueil glacial à Cannes en 1966, sa sphère profondément intime et son classicisme ne s'accordant pas avec le tout politique et la forme moderne du moment. C'est lors de sa ressortie en 1978 que le film est réévalué et considéré comme un des plus beaux mélodrames réalisés. Justice était rendu pour le plus touchant des Comencini.

Sorti en dvd zone 2 chez Carlotta

Extrait qui en quelques minutes met la larme à l'oeil avec un rien...

3 commentaires:

  1. Quel était l'extrait que vous aviez choisi ? On ne peut plus le lire. J'ai moi aussi été bouleversée par ce film, que je ne peux même pas raconter sans avoir la gorge serrée.
    Pour ceux qui aiment l'enfance et les larmes, magnifique !
    Catherine

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  2. C'était la scène où Andrea sort de la salle de bain en demandant en appellant sa mère pour l'essuyer, se souvenant alors qu'elle n'est plus là désormais. Sobre et bouleversant...

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    1. Ah oui, j'en ai le frisson rien qu'en y repensant,
      et la musique qui revient tout au long du film, que j'ai encore dans l'oreille !
      Contente qu'il y ait des gens pour aimer ce film !
      Catherine

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