Amamiya est un garçon de bonne famille dont le rêve est de devenir un grand pianiste comme son père. Un jour il déménage de Tokyo pour aller vivre quelque temps chez sa grand-mère malade. Là il y rencontre Kaï un jeune adolescent issu d'une famille pauvre et devient son ami. Dans leur classe, pour être respecté il faut aller jouer du piano abandonné dans la forêt et que l'on dit cassé. Kaï (qui se dit propriétaire du piano) se révèle être le seul à pouvoir en jouer et est de surcroit très doué. Cette rencontre marque le début de l'apprentissage du piano entre deux adolescents talentueux : l'un fils de bonne famille, l'autre, enfant des rues mais ayant en commun une passion : le piano.
Adapté d'un manga de Makoto Ishiki, Piano Forest dépeint subtilement la notion de rapport à l’art à travers la passion qui unit deux jeunes garçons au piano malgré des motivations diverses. On évite la facilité d’en faire des rivaux et au contraire leurs qualités et défauts seront complémentaires dans leur cheminement commun. La rigueur, l'opiniâtreté et la méthode pour Amamiya fils de pianiste et bercé à l'instrument depuis son plus jeune âge.
Le talent brut, l'instinct et le génie pour Kai, enfant pauvre et vrai autodidacte. Amamiya aura besoin de d'apprendre à aimer jouer, à ne plus prendre le piano pour une corvée pour progresser, tandis que Kai devra au contraire prendre conscience de son talent et ne plus prendre le tout à la légère pour avancer. Le grand thème du film est de "trouver son piano" c'est à dire ouvrir son cœur à l'instrument, en tirer une interprétation personnelle et qui culmine lors de l'épreuve finale où les héros doivent se livrer à la sonate K 310 pour piano de Mozart. Un très beau personnage navigue entre les deux amis avec le professeur de musique ancien génie déchu qui trouve sa rédemption en enseignant son art à Kai. La jolie idée du piano abandonné dont seul quelques initiés peuvent jouer défini cette idée de conjugaison de travail, abandon de soi et talent pour réussir, tout comme le contexte social discret mais bien réel avec la mère de Kai prostituée ce qui semble un frein de façade pour le personnage.
Le script aborde idéalement l’évolution de chacun, que ce soit l'insouciance apparente de Kai qui finit par prendre la chose bien plus au sérieux qu'il ne veut l'admettre, Amamiya jaloux mais en même temps admiratif du génie de son ami ou encore le personnage de Takako apparaissant à la fin aussi loufoque que touchant. Les séquences au piano dirigées par Vladimir Ashkenazy (ancien chef de l’orchestre philharmonique tchèque) sont de toute beauté, occasionnant de belles interprétations de Chopin, Mozart ou Beethoven, sans parler des jolies compositions originales et aérienne dues au personnage de Kai (et donc du joli score de Keisuke Shinohara).
L'animation est au diapason en réussissant à capturer les mouvements complexes des doigts et des mains défilant sur les touches avec en prime de beaux moment quand Kai tente de s'initier à Chopin. Un joli moment pour une production très originale dans le paysage de l’animation japonaise.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire