Dix ans après la fin
de la Seconde Guerre mondiale, Charles Holland doit retrouver son frère, le
capitaine David Holland, mystérieusement disparu dans le désert de Libye
pendant les combats. Un immense héritage l'attend en Angleterre. Charles
parvient assez rapidement à remonter la piste de David jusqu'au campement de la
tribu des Tentes Noires. Le cheikh Salem concède avoir hébergé David, blessé,
l'avoir remis sur pieds mais refuse d'en dire plus. Sur le chemin du retour,
son guide remet à Charles un parchemin que lui a donné Mabrouka, la fille de
Salem. Charles y apprend la suite des aventures de son frère...
Le Secret des Tentes
Noires s’inscrit dans la veine des films de guerre anglais des années 50, délaissant
l’approche documentaire et le ton patriotique attendu dans le contexte du
conflit lors de la décennie précédente. Dès lors le genre doté de moyens plus
important et riche de récit guerriers dans des contrées plus exotiques s’oriente
vers une veine plus romanesque et de film d’aventures. Dans ce courant on
trouve de grandes réussites comme Ma vie commence en Malaisie (1956) et Le
Secret des Tentes Noires y est bien sûr associé. Le film préfigure en
grandes partie le bien plus fameux Lawrence
d’Arabie (1962) de David Lean. Le scénario enchevêtre les récits avec au départ
Charles Holland (Donald Sinden) se rendant dix ans après la fin de la Deuxième
Guerre Mondiale en Libye où périt son frère le capitaine David Holland. Un
billet de change émis en son nom laisse à supposer qu’il vit encore et Charles
va remonter sa piste jusqu’à la tribu de bédouin des tentes noires. Il n’en
tirera que de maigre renseignement malgré des indices intrigants comme ce jeune
bédouin blond, mais va découvrir le passé de son frère en lisant son journal.
L’un des aspects frappants du film est son réalisme. C’est
une des premières productions anglaises tournée sur les lieux même de la
campagne du Moyen Orient (par comparaison Ma
vie commence en Malaisie précité tout en faisant brillamment illusion fut
tourné entièrement en studio). La contribution du gouvernement libyen contribue
à rendre les quelques moments spectaculaires très impressionnants car une
grande partie de l’arsenal a été conservé. L’ouverture du flashback avec son
désert en flamme, ses tanks calcinés et son sable jonché de cadavres offre un
panorama saisissant dont va échapper David Holland (Anthony Steel). Recueilli
par les bédouins, il sera longuement soigné de ses blessures par Mabrouka (Anna
Marie Sandri) fille du chef de la tribu dont il va s’éprendre.
Le respect dans
la description des us et coutumes des bédouins est frappant, partant d’un sens
de l’accueil ancestral pour migrer vers une réelle amitié et faire d’eux des
frères d’armes de David. La relation avec son beau-père (André Morell) est
particulièrement touchante et on regrettera que la romance ne fonctionne pas
aussi bien. Le message de rapprochement des peuples par l’amour est beau mais
le manque de charisme des interprète (Anthony Steel partage la blondeur future
de Peter O’Toole mais pas la présence magnétique, Anna Marie Sandri ne dépasse
pas le statut de beauté exotique faute de talent) empêche l’implication
complète du spectateur malgré l’écrin magnifique que leur sert Brian Desmond
Hurst lors des scènes au milieu des ruines romaines.
Ce respect et cette admiration de l’autre se prolongera dans
le retour au présent avec la destinée et le choix du fils de David Holland,
Daoud (Terence Sharkey). Le départ en Angleterre et l’appel des richesses, de
la vie moderne qui l’y attend ne suffira pas à lui faire oublier la magie et la
poésie du désert. Pas à la hauteur de Lawrence d’Arabie certes, mais un
précurseur attachant.
Sorti en dvd zone 2 français et bluray chez Elephant Film
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