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dimanche 18 septembre 2016

Les Quatre Plumes blanches - Storm over the Nile, Terence Young et Zoltan Korda (1955)

À la veille de son expédition punitive au Soudan, le lieutenant Harry remet sa démission. Ses amis l'accusant de lâcheté, Harry prouve le contraire en leur sauvant la vie...

Storm Over the Nile est la cinquième adaptation littéraire du roman d’A.E.W. Mason, mais surtout la seconde produite par Alexander Korda après le classique Four Feathers sorti en 1939. Une parenté dont le film a bien du mal à se détacher avec une construction et mise en scène frôlant le plan par plan avec « l’original » par instants, d’autant que c’est à nouveau Zoltan Korda à la mise en scène, épaulé par Terence Young. Le contexte de production des deux œuvres est pourtant fort différent. En 1939 au sein d’une Europe sous tension et sur le point d’entrer dans la Deuxième Guerre Mondiale, Alexander Korda célébrait l’humanité et le courage ancestral de l’armée britannique prête à répondre à une menace plus contemporaine. Le film de 1955 arrive après l’expérience de ce vrai conflit, nourrit des souffrances de la population et des soldats anglais. Cette différence malgré le déroulé strictement identique apporte donc certaines nuances bienvenues.

La lâcheté du héros Harry Faversham (Anthony Steel), nourrie dès l’enfance par les récits sanglants de son père et ses amis se ressentent ainsi au-delà des seules frayeurs du personnage. Le passé militaire glorieux de sa famille et l’obligation de s’y conformer relève plus de l’étiquette à respecter que d’une volonté individuelle, écrasant Harry d’un héroïsme qu’il ne peut assumer. C’est dans cette approche que Zoltan Korda et Terence Young parviennent à trouver une réelle identité au film tout en en reprenant l’imagerie. En 1939, seule la peur du front s’exprimait dans l’ouverture enfantine où la silhouette d’Harry était écrasée par la grandeur légendaire de ses ancêtres en scrutant un tableau d’un cavalier à la posture glorieuse durant la bataille de Crimée. Young et Korda procède différemment en rejouant ce traumatisme, l’ombre se propageant au fil d’un travelling dans l’allée des tableaux des différents « héros » Faversham, associant non seulement leur image à la terreur d’Harry mais tout simplement à la mort. 

Toute la mise en scène tend à détacher Harry de ce monde militaire, même lorsqu’adulte il l’aura intégré. La composition de plan lorsqu’il mène le cortège place non seulement ses camarades en arrière-plan, mais lui fait également garder sa casaque la mine taciturne quand les autres l’enlèves et se réjouissent à l’annonce de leur mobilisation au Soudan. Anthony Steel, sous un faux air de fadeur dissimule une angoisse sourde dans le regard – et non feinte au vu de la vie personnelle tumultueuse de l’acteur.  Le malaise se ressent donc autant si ce n’est plus que dans l’original pour la déchéance du héros, renié par amis et fiancée (Mary Ure) pour avoir osé avoir exprimé une individualité et humanité par l’expression d’une peur légitime. 

Après cette approche assez fine, le film perd malheureusement son intérêt peu à peu par un mimétisme strict avec l’original. Pour le spectateur ne connaissant pas le classique de 1939, le film porté par son rythme poussif ne se détache guère des films de guerre exotique des années 50. Et si l’on connaît le premier film c’est encore plus pénible puisque Alexander Korda recycle des rushes entiers de celui-ci (scènes coupées comme vrais moments du film) gonflés au nouveau format roi du grand spectacle qu’est le Cinémascope, la rupture se ressentant largement à l’image même si le tournage s’est aussi déroulé en partie au Soudan. Seul point tout aussi réussi mais trouvant une approche différente dans les deux œuvres, le destin tragique de John Durance (Ralph Richardson dans l’original, Laurence Harvey ici). 

Korda poussait la dévotion à l’uniforme jusqu’à la folie avec un soldat allant au combat en dissimulant qu’il avait perdu la vue. La rivalité amoureuse entre en compte ici porté par une merveilleuse interprétation de Laurence Harvey, d’autant plus brisé d’avoir été snobé pour un lâche avant un final résigné où il comprend son erreur. La douleur du personnage perd de sa facette pathétique car n’étant pas dû à un sens de l’honneur maladif (un des rares aspects qui égratignait l’amour de l’uniforme dans l’original) mais d’une passion reniée plus aisément compréhensible. Bref un remake pas inintéressant mais trop proche de son prédécesseur (le style heurté de Terence Young se laisse à peine entrevoir) pour convaincre. 

Sorti en dvd zone 2 français chez Elephant Films tout comme l'original

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