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mardi 6 septembre 2016

She Wouldn't Say Yes - Alexander Hall (1945)

La psychanalyse n'aura pas envahi que le film noir à Hollywood mais aussi des genres plus inattendus comme la screwball comedy avec ce très plaisant She wouldn't say yes. La romance du film oppose le contrôle et la spontanéité à travers les très mal assortis Dr Susan Lane (Rosalind Russell) et Michael Kent (Lee Bowman). La première est une psychanalyste de renom et chantre de la maîtrise dans ses analyses comme le montre la scène d'ouverture où elle aide des vétérans traumatisés reprendre le dessus sur leurs émotions à vifs. Elle s'applique à elle-même cette discipline d'où est exclu toute réaction spontanée et inappropriée - et d'autant plus l'abandon nécessaire à une relation amoureuse. A l'inverse Michael Kent est un caricaturiste qui s'est rendu célèbre avec le personnage de Nixie, mauvais génie qui dans chaque planche incite les protagonistes les plus sérieux à larguer les amarres et se désinhiber sans se préoccuper du regard des autres. Leur première rencontre donne le ton, Kent percutant par inadvertance Susan et la faisant rechuter à chaque tentative de la redresser tandis que cette dernière garde son calme malgré une exaspération croissante. Charmé par cette séduisante psychorigide, Kent va inlassablement la poursuivre de ses assiduité.

Le caractère loufoque de Kent (Lee Bowman tout en charme et fantaisie) semble contaminer le récit et les personnages à travers les différentes situations tandis que Susan tente tant bien que mal de rester stoïque. Les situations dérivent systématiquement en quiproquos alambiqués tandis que les figures excentriques se multiplient. L'argument de la psychanalyse sert bien cette approche notamment avec le personnage de Allura (Adele Jergens) artiste bolivienne persuadée d'être attiré par les hommes déjà pris et condamné malgré elle à une mort certaine dès qu'elle leur décoche un baiser. Elle va servir un triangle amoureux des plus tordu lorsque Susan en fera sa patiente et usera d'un exercice d'analyse pour la jeter t dans les bras de Kent et se débarrasser de ce dernier par la même occasion. Autre protagoniste farfelu, le propre père de Susan (Charles Winninger) trouvant en Kent un partenaire idéal pour décoincer sa fille. On pourrait croire que Rosalind Russell fait tâche dans cette folie ambiante mais finalement ce sérieux à toute épreuve la rend tout aussi décalée que son entourage.

Sa manie de voir en chaque interlocuteur un objet d'étude sera d'ailleurs l'occasion de quelques séquences hilarantes avec une machination - qui ferai tiquer les féministes aujourd'hui avec ce semblant de mariage forcé - autour d'un vrai/faux mariage où cette autorité douce de psychanalyste la fait apparaître aussi folle aux yeux des autres que ses patients potentiels. Cela ne la rend que plus craquante lorsqu'elle daigne se dérider, avec ce baiser de Kent repoussé timidement ou lorsque cette rigueur professionnelle se retournera contre elle quand ses vrais sentiments semblent se dévoiler. Il est dommage que la mise en scène trop sage d'Alexander Hall ne pousse pas plus loin la folie dans ses retranchements, tant dans les situations que l'excentricité des personnages. Sur un postulat voisin la screwball comedy Théodora devient folle (1936) s'envolait vers des sommets de furie comique tout en étant plus subtil. On ne boudera néanmoins pas son plaisir devant cette romance enlevée et bien menée.

Sorti en dvd zone 1 chez Sony et doté de sous-titres anglais

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