Durant la Seconde Guerre mondiale, le pilote de l'U.S. Air
Force Dean Hess bombarde accidentellement un orphelinat. Plusieurs années
après, hanté par ce souvenir, il est engagé durant la Guerre de Corée, avec le
grade de colonel, comme pilote-instructeur. Lors d'un raid aérien, l'un de ses
hommes commet la même erreur que lui en bombardant un convoi de civils, faisant
ressurgir ses remords. Bientôt, l'occasion lui est donnée de se
"racheter" en s'impliquant dans l'évacuation d'un groupe d'enfants
coréens orphelins, puis dans la construction pour eux d'un orphelinat.
Les Ailes de l’espérance
s’inscrit dans le courant de l’aventure humaine « exotique » et
souvent inspirée d’une histoire vraie très à la mode dans le Hollywood des
années 50 – car un parfait véhicule pour la star en tête d’affiche. Le film
adapte ainsi le livre autobiographique de Dean Hess, colonel de l’US Air Force
qui durant la Guerre de Corée fut impliqué dans le sauvetage de nombreux
orphelins – un rôle cependant enjolivé de sa part et contesté plus récemment.
Dean Hess sera un consultant fort impliqué sur le film, contestant notamment le
choix initial pour l’incarner en la personne de Robert Mitchum. C’est donc Rock
Hudson qui récupère le rôle sans démériter mais l’on peut regretter la mise à l’écart
de Mitchum qui aurait apporté plus de nuances.
La seule autre incursion de Douglas Sirk dans le film de
guerre sera Le Temps d'aimer et le Tempsde mourir (1958), une de ses œuvres les plus personnelles. Les Ailes de l’espérance ne tutoie pas
ces hauteurs mais apparait en tout point comme une sorte de remake dépaysant de
Le Secret Magnifique (1954). Il s’agit
donc à nouveau ici d’un personnage recherchant l’absolution après une faute
initiale qui provoqua un grand malheur. Pilote impitoyable surnommé « Hess
le tueur » durant la Deuxième Guerre Mondiale, Hess est hanté par le
souvenir d’une bombe qu’il largua accidentellement sur un orphelinat. N’ayant
pas trouvé la paix dans la religion, il décide de s’engager comme pilote-instructeur
durant la Guerre de Corée. Le parallèle avec Le Secret Magnifique est frappant, y compris dans la présence d’un
vieil homme prompt à sortir des maximes philosophiques destinée à répondre aux
doutes de notre héros dans les moments difficiles.
Le problème du film est son manque total d’aspérités. Les
problématiques exposées sont intéressantes mais ne passent que par le discours
et jamais par une vraie incarnation, qu’elle soit formelle ou dans l’interprétation.
Les élans mystiques de Le Secret Magnifique
donnaient une hauteur métaphysique à un récit romanesque chargé, et à l’inverse
l’histoire vraie pourtant incroyable de Hess reste désespérément plate. Malgré
quelques amorces plus ambiguës (le premier contact glacial avec ses hommes),
Hess demeure une caution plutôt qu’un personnage. Les flashbacks sur son passé
de pilote chevronné sont trop diffus pour faire une différence entre sa rédemption
à venir. Le dialogue surligne des interrogations qui ne parviennent pas à
naturellement exister à l’image.
On le sent dès la scène d’ouverture ou après
un prêche à l’église (Hess étant aspirant pasteur) on le révérend reproche à
Hess de n’avoir un discours que sur la faute (précisément celle qu’il se
reproche) et pas sur l’espoir. Plus tard la transformation du personnage au
contact des orphelins qu’il secoure ne s’exprime que par le dialogue, notamment
les lettres qu’il envoie à sa femme (Martha Hyer) pour livrer ses états d’âmes.
En situation, jamais Rock Hudson ne parvient à traduire l’épiphanie bienveillante
telle qu’il sut si bien le faire dans Le
Secret Magnifique. Et même dans le registre de l’homme de bonne volonté
faisant son devoir, jamais l’intensité à venir d’un Liam Neeson dans La Liste de Schindler (1994) n’émerge. Le film
déroule ainsi mollement son message positif sur lequel il n’y a bien évidemment
rien à contester. Même une scène passionnante où Hess veut apaiser un pilote
ayant commis la même faute que lui se résout par un prêchi prêcha religieux
sans pousser plus loin la question.
Reste donc la reconstitution et les quelques combats aériens
pour nous sortir de notre torpeur. La Corée fut refaçonnée dans des paysages
proches en Arizona tandis que les vrais orphelins sauvés furent engagés pour
jouer leurs propres rôles dans le film. Les scènes aériennes sont efficaces et
bénéficient du concours de l’armée où les férus d’aéronautiques apprécieront de
voir des 12 F-51D Mustangs ou des 182nd
Fighter Squadron habilement maquillés en ROK d’époque. Vu le peu d’aptitudes habituel
de Sirk dans les scènes d’action, on saluera l’effort de spectaculaire ici même
si la tension peine à se ressentir et que l’on est loin de la virtuosité d’un
Wellman, Hughes ou Hawks dans ce registre. Un spectacle pas désagréable donc, mais
trop lisse et prévisible pour convaincre.
Sorti en bluray et dvd zone 22 français chez Elephant Films
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