Frank Harris, réceptionniste à l'hôtel de Chicago, tombe amoureux de la fille d'un riche éleveur mexicain qui le rejette. Pour faire fortune il prête de l'argent à Tom Reece, conducteur de troupeaux et négociant et devient ainsi son associé. Il s'engage comme cow-boy dans la troupe de Tom Reece, en route vers le Mexique. L'apprentissage est rude pour « le pied tendre »…
Cow-boy est le troisième et dernier western que Delmer Daves tourne en collaboration avec Glenn Ford après Jubal (1956) et le célèbre 3h10 pour Yuma (1957). Comme dans ce dernier, le récit confronte un personnage candide à un autre plus endurci joué par Glenn Ford. Au suspense de 3h10 pour Yuma, Cow-boy troque un récit initiatique à travers un postulat de western pas si fréquent (le plus connu étant La Rivière Rouge d’Howard Hawks (1948)), le suivi de convoyeur de troupeau. C’est la réalité du charismatique Tom Reece (Glenn Ford) et le fantasme de Frank Harris (Jack Lemmon), réceptionniste d’hôtel qui aspire à mener la vie de cow-boy. Un concours de circonstances heureux amène Harris à intégrer en tant qu’associé l’équipe de Reece.
Le film ne joue pas tant que cela du registre comique reposant sur l’inexpérience du « pied-tendre » Harris qui est également celle de son interprète Jack Lemmon dont c’est le premier (le seul ?) western. On s’amuse donc des difficultés à dresser une monture récalcitrante, les levés aux aurores… L’introduction de Reece joue aussi de façon amusée des clichés sur le cow-boy viril, et annonce ainsi le vrai clivage qui sera au cœur du voyage. La vie de conducteur de troupeau intéresse moins Harris que l’objectif que pourra lui conférer le statut, la main de la noble mexicaine Maria Vidal (Anna Kashfi). Ce romantisme et cette naïveté se prolonge donc à son attitude trop sensible durant le périple quand Reece, meneur d’homme rompu à toutes les difficultés ne se préoccupe que de l’avancée de ces bêtes. On prendra initialement cela pour de l’indifférence à travers le regard d’Harris, mais c’est finalement le pragmatisme d’une vie en communauté où chacun doit tirer dans le même sens. Malheureusement, une fois son espoir amoureux perdu, Harris va endosser ces préceptes de manière un peu trop assidue.Daves excelle dans la gestion d’un groupe de personnages caractérisé en un clin d’œil, comme le coureur invétéré qu’incarne Dick York. L’infantilisme et les démonstrations de virilité stupides agitent ce collectif masculin, laissant passer certaines scènes de la légèreté au drame (l’épisode du serpent venimeux) et une fois les rudiments les plus physiques de la conduite de troupeau assimilés, c’est vraiment cet aspect humain qui sera le plus dur à comprendre pour Harris. Jack Lemmon est très convaincant dans ce registre, tant dans son aisance de cow-boy que la dureté croissante de son caractère. Delmer Daves se montre d’une grande rigueur dans sa description du quotidien, des manœuvres de meneur de troupeau et alterne brillamment tension psychologique (la bagarre entre Ford et Lemmon), action mouvementée et sublimes séquences contemplatives. Les compositions de plans, la photo à la fois solaire et terrienne de Charles Lawton Jr., en fait un petit régal pour les yeux. Sans être la plus grande réussite de Daves dans le genre, un agréable et attachant western donc.Sorti en bluray et dvd zone 2 français chez Carlotta
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