En découvrant que sa femme le trompe avec un autre homme, Al Shaw décide de s'enfuir avec sa fille...
Faiseur hollywoodien efficace mais relativement anonyme (Le Bounty (1984), Sens Unique (1987), La Mutante (1994), Le Pic de Dante (1997)…), Roger Donaldson fit des débuts plus singuliers avant de rentrer dans le rang. Il quitte son Australie natale à l’âge de vingt ans pour s’installer en Nouvelle-Zélande où il débutera en réalisant des spots publicitaires et en travaillant pour la télévision. En 1977 il réalise en Sleeping Dogs, une œuvre fondatrice pour l’industrie cinématographique néozélandaise balbutiante, saluée à l’international notamment en étant la première production locale à sortir aux Etats-Unis.
L’idée de Smash Palace lui vient à la fois d’un environnement rural où il s’était isolé pour réfléchir à un nouveau scénario, et de la lecture d’un fait divers sur un policier ayant kidnappé son petit garçon. Etant lui-même en instance de divorce avec sa compagne, Donaldson comprend les sentiments de cet homme et y voit le sujet de son film suivant. Le vrai décor du garage/casse où sera tourné le film est selon lui une métaphore de la situation des personnages, ce qu’un dialogue va d’ailleurs expliciter. Ce cimetière de véhicules endommagés représente autant de vies brisées renvoyant le couple formé par Al (Bruno Lawrence) et Jaqui (Anna Jemison) à leurs désaccords irréconciliables. Donaldson travaille les sentiments de ses personnages dans une notion de rapport à l’espace. La scène d’ouverture où une voiture sillonne l’autoroute au sein d’une grande étendue déserte avant de brutalement s’accidenter le signifie. Ce décorum naturel néozélandais est un lieu où l’on se cherche, se recueille, s’épanouit ou au contraire se perd, tant dans une notion intime qu’universelle pour Al et Jaqui. Le retour au pays afin de reprendre le garage de son père lui a suffi à Al, prolongé par l’ivresse il a les circuits de course où il concoure et l’épanouissement des es parties de chasse en pleine nature. Ce cadre est au contraire une prison pour Jaqui, étrangère piégée là par son mariage. Donaldson a d’ailleurs choisi l’actrice Anna Jemison dans cette idée, pensant qu’en tant qu’australienne elle saurait exprimer ce sentiment de déracinement, notamment par le fait qu’elle parle français. Le réalisateur fait ainsi graduellement monter l’incompréhension, les non-dits et donc la tension dans le couple tandis que déchirée entre les deux, leur fille Georgie (Greer Robson) ne sait où se situer entre l’affection de sa mère et la complicité entretenue avec son père qui lui a transmis cette passion pour les bolides, la mécanique.Dès lors, influencé par ces lieux où rien ne peut se résoudre comme ailleurs, la séparation sera brutale. Roger Donaldson prolonge cette idée de cocon et de refuge mais cette fois à l’aune d’une cellule familiale éclatée. Le conflit naît de l’espace de l’autre que l’on n’est plus autorisé à investir pour Al, de celui où l’on cherche à faire table rase du passé pour Jaqui. Cela ne fonctionne néanmoins pas sur une notion de dominant/dominé tant le récit prend le temps d’approfondir les attentes de chacun et traduire par l’image une incompréhension mutuelle. La romance initiale s’est nouée à l’étranger ce qui n’est pas innocent, et le temps d’un flashback délicat la narration nous fait revenir aux jours heureux avant le chaos final. Une nouvelle fois le paysage devient un endroit où l’on se cherche à travers les plans aériens des recherches policières, et lieu d’apaisement avec les derniers et délicats instants partagés entre père et fille. La bienveillance et l’amour palpable de Donaldson pour ses personnages l’empêche de céder à la conclusion nihiliste attendue. Comme un espoir un peu fou d’harmonie possible entre l’arrière-plan et ses protagonistes - le lieu du suicide annoncé devenant celui de la raison.Sorti en bluray et dvd zone 2 français chez Jokers
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