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jeudi 9 décembre 2021

Le Chien des Baskerville - The Hound of the Baskervilles, Terence Fisher (1959)


 S’élevant dans les brouillards de Darmootor, Baskerville Hall se dresse fièrement dans les ténèbres. Son occupant, Charles Baskerville est retrouvé mort dans de mystérieuses circonstances. Sir Charles aurait été la victime d’une bête mortelle errant dans la campagne environnante : la “malédiction des Baskerville”. Imperturbable face à cette légende, l’héritier Sir Henry Baskerville décide d’accepter la succession de la famille, sous l’égide du célèbre détective Sherlock Holmes et de son associé le Dr Watson.

Le Monstre de Val Guest (1955) avait initié la mue de la Hammer vers le cinéma fantastique, confirmée avec Frankenstein s’est échappé (1957) et Le Cauchemar de Dracula (1958) qui révélaient en plus les aptitudes de Terence Fisher pour le genre et en faisait le réalisateur phare de la firme. Les atouts seront une relecture au goût du jour des grands mythes du cinéma fantastique à travers l’usage de la couleur (qui les différenciaient des productions Universal des années 30), un érotisme plus marqué et l’inventivité de l’imagerie gothique. Fort d’avoir lancé de futures fructueuses franchises autour de Dracula et Frankenstein, Hammer s’apprête à appliquer sa formule sur une autre icône à savoir Sherlock Holmes à travers cette septième adaptation (et première en couleur) de Le Chien des Baskerville de Arthur Conan Doyle. 

Le grand atout est bien sûr la tonalité gothique et surnaturelle exacerbée par rapport au principe plus « whodunit » du roman et notamment la brillante scène d’ouverture qui illustre les prémices de la malédiction des Baskerville. Violence physique et psychologique, atmosphère de luxure et décorum menaçant s’équilibre dans ce véritable morceau de bravoure introductif qui imprègne tout l’environnement des Baskerville d’une aura inquiétante qui sera plus diffuse dans la réalité de l’enquête. Fisher multiplie les jeux d’ombres, gros plans et contre-plongée pour accentuer l’aura maléfique de l’ancêtre Baskerville (David Oxley) tandis que l’on bascule dans une imagerie païenne trouble à travers cette poursuite dans des landes brumeuses, la découverte de cette crypte. Toute l’intrigue consiste à jouer sur l’impact de cette entrée en matière, rendre plus ambigus l’irruption d’éléments supposés fantastique et de les démonter progressivement au fil des déductions de Holmes (Peter Cushing). Le film est très fidèle au roman notamment par le fait de ne faire intervenir Holmes que tardivement, Watson (André Morell) menant longuement l’enquête. 

Peter Cushing compose un excellent Holmes, glacial et pince sans rire, dans la continuité de ses incarnations de Van Helsing avec cette même froide détermination (plus logique que mystique) face au mal absolu. Son charisme fait merveille et l’alchimie avec André Morell est parfaite. Hammer oblige, on peut regretter que l’ambiguïté sur une vraie menace surnaturelle ne soit pas plus poussée dans des amorces de situations pourtant très réussie mais rien n’égalera finalement la première scène. C’est parfois la faute au manque de moyen, notamment le climax dans la crypte qui perd de son impact car le décor a été exploré trop de fois tout au long du film. De plus le fameux chien des Baskerville est loin d’égaler dans son allure et même la manière de le mettre en scène les descriptions dantesques du roman.

Fisher excelle plutôt à exprimer l’anxiété, l’inquiétude indicible que sa seule évocation provoque, que ce soient les hurlements entendus dans le lointain où la terrer graduelle qui se lit dans le regard de ceux le sentant approcher. La réussite sans être totale contribue donc à affirmer un peu plus la patte naissante de la Hammer et l’on aurait pu espérer d’autres adaptations de Holmes avec la même équipe pour une nouvelle franchise mais le public sembler plus attacher à la veine plus explicitement fantastique du studio. Peter Cushing rejouera Holmes à la télévision dans les années 60 pour une série puis dans un téléfilm en 1984 (adaptant Le Masque de la mort) tandis que Terence Fisher hors Hammer signera Sherlock Holmes et le collier de la mort en 1964 (avec Christopher Lee en Holmes dont il jouera aussi le frère dans La Vie privée de Sherlock Holmes de Billy Wilder (1970)) sans égaler ce premier essai.

Sorti en bluray et dvd zone 2 français chez L'Atelier d'images

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