Suite de Rich and Famous où Tang Kat Yung prend sa revanche sur Li Ah Chai après avoir été libéré de prison.
Tragic Hero est la suite du polar hongkongais Rich and Famous, mais paradoxalement sorti quelque mois avant le premier opus. En effet, une production précipitée par la volonté de surfer sur le succès du Syndicat du crime de John Woo (1986) avait rendu le produit fini de Rich and Famous assez médiocre et poussif. L’ensemble ne devait former qu’un seul film finalement trop long et les producteurs décident de sortir d’abord le second volet plus abouti (ou du moins celui pour lequel l’intrigue avait le plus de séquences déjà tournées) dont le succès permettra ensuite d’exploiter Rich and Famous comme un supposé préquel.Ces aléas rendent donc la vision de Tragic Hero assez étrange, qu’on le regarde en tant que production indépendante comme les spectateurs de l’époque ou comme une suite en ayant vu les films dans leur ordre chronologique de conception.
D’un côté l’introduction est vraiment trop sommaire pour nous attacher aux personnages en vue des évènements tragiques qui les attendent (une voix-off et quelques images de Rich and Famous dépeignent les liens et antagonismes de chacun) si l’on commence par Tragic Hero. De l’autre plusieurs éléments sont incohérents par rapport à la situation laissée à la fin de Rich and famous. Le cruel Yung (Alex Man) grand méchant psychotique se trouve à des sphères de pouvoir et d’influence difficilement crédibles alors finissait le précédent film en prison pour une longue peine. Le personnage était déjà particulièrement mal écrit dans Rich and Famous mais suivait une destinée corrompue relativement logique quand il n’est ici qu’une bête assoiffée de vengeance. Chai (Chow Yun-fat) est un peu plus tenu en ancien caïd désormais rangé dans des affaires plus respectables. Il y a quelque chose du Parrain 3 avant l’heure dans la caractérisation de ce chef de triades embourgeoisé, apaisé, et ayant désormais intimement à perdre dans une nouvelle guerre des gangs alors qu’il a fondé une famille. Toute la première partie joue de ses tergiversations et atermoiements face aux provocation de Yung. Malheureusement l’écriture bancale du diptyque rend une bonne moitié du film laborieuse. Certains protagonistes sont soit trop peu présents si l’on a vu le premier film, soit font figure de deus ex machina si on les découvre ici tel celui d’Alex Lau, petit frère exilé apparaissant et disparaissant au gré des besoin de l’histoire. De manière générale, Tragic Hero n’approfondit pas assez en tant que film stand-alone, et n’exploite pas suffisamment les supposés acquis dramatique en tant que suite. Dès lors les grands conflits moraux et sacrifices des uns et des autres semblent surjoués et évasifs sans totalement nous impliquer. Pourtant la noirceur et bien là entre parricide, dépit amoureux, ambition sanguinaire mais dans une urgence qui peine à rendre l’ensemble suffisamment incarné.L’opportunisme est de mise mais sans audace à la manière d’un Chow Yun-fat qui perd tout mais sans subir la même déchéance poignante d’un Syndicat du crime. L’ombre de John Woo plane d’ailleurs aussi sur la grande conclusion cathartique, spectaculaire et sanglante qui en déployant l’émotion dans l’action pure parvient à raviver l’intérêt malgré un épilogue grossier – le film ne sachant que faire non plus du flic incarné par Danny Lee. Dans l’ensemble plus tenu et regardable que Rich and Famous, Tragic Hero n’entrera cependant pas au panthéon du genre du polar hongkongais.Sorti en bluray chez Spectrum Films
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