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dimanche 21 septembre 2025

Le Loup-garou - The Wolf Man, George Waggner (1941)

 Larry Talbot est de retour dans son pays, où il est accueilli par son père, le châtelain Sir John Talbot. Il y fait la connaissance de Gwen Conliffe, qu'il accompagne le soir même à une fête donnée par une troupe de bohémiens. Là-bas, une jeune fille, Jenny, est attaquée peu de temps après leur arrivée par un loup, tandis que le jeune lord est mordu par la bête en lui portant secours. Le lendemain, Jenny est retrouvé morte...

Après Dracula (1931), Frankenstein (1931), La Momie (1932) et L’Homme invisible (1933), Le Loup-garou est le film qui vient parachever le bestiaire historique des Universal Monster. La figure du loup-garou ou du moins de l’homme-bête a déjà été exploitée par Universal dans Le Monstre de Londres (1935) et L’île du DocteurMoreau de Erle C. Kenton (1932), mais le film de George Waggner est vraiment celui qui installe les archétypes de la créature.

A l’image de son monstre, le film a vraiment un aspect mutant dans ses partis-pris. L’époque à laquelle se déroule le récit, ainsi que son cadre géographique, sont volontairement incertains. L’arrivée en voiture de Larry Talbot pour son retour au pays semble en faire un récit contemporain, mais le folklore gitan et la ruralité brumeuse, spectrale et abstraite (photo somptueuse de Joseph A. Valentine) s’invitant dès que s’amorce le fantastique renvoie à quelque chose de plus ancestral. Ce climat de superstition et de croyances enfouies s’amorce d’ailleurs au départ par la dérision lorsqu’est plusieurs fois évoquée la légende locale du loup-garou, et la comptine qui l’accompagne. Par ce biais le scénario de Curt Siodmak installe une ambiguïté quant à la suggestion implicite de cet environnement stimulant la transformation de Larry en loup-garou. Les dialogues participent à cela avec le jeu fébrile de Lon Chaney jr, mais Universal désirant une exploitation plus graphique et moins « psychologique » du loup-garou, le fantastique s’avère néanmoins frontal.

Il reste néanmoins de cela par la nature même de la bête, de l’allure humanoïde et mutante est davantage soulignée que la facette canine à travers le maquillage de Jack P. Pierce. Alors que l’animalité du loup-garou et le cousinage canin sera de plus en plus prononcé avec les progrès des effets spéciaux (notamment dans les célèbres Le Loup-garou de Londres de John Landis (1981) et Hurlements de Joe Dante (1981)), les choix artistiques du film le maintiennent dans un entre-deux participant à son pouvoir d’attraction – les effets de fondus enchaînés lors des transformations participent à cette nature onirique/psychanalytique. 

Un peu à la manière d’un King Kong (1933) entre singe et humanoïde qui verra sa morphologie et langage corporel de gorille accentué avec les remakes (sauf dans le mésestimé Skull Island (2017)), le loup-garou d’origine est un monstre échappé des volutes du folklore, de la légende, du rêve et d’un trouble psychique reflétant certaines peurs d’alors – le pentacle marquant les futures victimes comme réminiscences de l’étoile jaune, idée du migrant juif allemand Curt Siodmak au scénario.

Ces choix participent à faire du loup-garou une figure tragique, subissant sa malédiction, loin de l’exutoire pervers de l’homme invisible ou de l’animalité assumée et jouissive de Dracula. L’interprétation de Lon Chaney jr est pour beaucoup dans cette empathie, et d’ailleurs l’acteur saura se montrer digne et constamment touchant dans les nombreuses suites (et parfois bien farfelues) et autres crossovers que produira Universal pour faire revenir le personnage. Une vraie date du cinéma fantastique.

Sorti en bluray chez Universal 

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