Norvège, 1942. Le village de Trollness vit à l'heure de l'occupation allemande depuis maintenant deux ans. Mais la résistance s'organise... Impliqués dans la lutte contre l'envahisseur, Gunnar Brogge, un marin-pêcheur, et sa fiancée, Karen Stensgard, doivent redoubler de prudence à la veille du parachutage d'une cargaison d'armes en provenance d'Angleterre...
Sorti en plein coeur de la Deuxième Guerre Mondiale,
Edge of Darkness ne fait pas dans la demi mesure pour ce qui est d'exprimer un vindicatif et exalté appel à la lutte contre l'ennemi nazi. L'histoire nous plonge donc dans le drame d'un petit village côtier norvégien sous le joug de l'occupant allemand régnant d'une main de fer sur la petite communauté. Sous l'apparente soumission, la fureur monte pourtant lentement face à l'envahisseur et le scénario (de Robert Rossen qui adapte un roman de William Woods) explore très intelligement les sentiments contradictoires qui anime les norvégiens. La fierté nationale et la haine des nazis côtoient donc la peur et la lâcheté bien ordinaire et compréhensible quand ce n'est pas la collaboration pure et simple comme avec un odieux personnage d'entrepreneur. Ses différentes facettes se dessine à travers une gammes de personnages variés et à la psychologie fouillée malgré l'évidente teneur propagandiste du film.
Errol Flynn est magistral de charisme en leader de la rébellion et même s'il est clairement le héros se fond dans la peau d'un pêcheur ordinaire membre de cette communauté. Une prestation nuancée et modeste où il excelle car ne roulant pas des mécaniques de manière inappropriée comme dans
Sabotage à Berlin précédemment évoqué. La scène ou décidé à venger l'agression dont Ann Sheridan a été victime il est violemment ramené à la raison de la collectivité est ainsi magnifiquement intense notamment lorsque la caméra défile sur tout les visages d'autant plus déterminés. Walter Huston en médecin hésitant puis gagné par la fièvre guerrière est fascinant également, Ann Sheridan plus unidimensionnelle en résistante farouche offre également une solide prestation mais c'est l'ensemble du casting qui est admirable. D'ailleurs le camp nazi offre les figures les plus ambigües avec John Beal perdu qui rejoint les allemand par faiblesse et ne parviendra jamais à réparer son erreur, tout comme Nancy Coleman en polonaise soumise au bon plaisir de Koenig campé avec un sadisme parfait par Helmut Dantine.
Le film propose une lente montée en puissance dramatique où le village en attente de livraison d'armes par les anglais pour une attaque massive doit subir tout les tourments. La construction narrative invite d'ailleurs à cette tonalité noire puisque le récit s'ouvre par l'arrivée d'une armée allemande dans le village dévastée et jonchées de cadavres un flashback nous laissant découvrir les évènements. Les héros nous sont également présentés du point de vu ennemis lorsque les nazis devisent sur les éléments les plus perturbateurs de la communautés. L'atmosphère souffre alors d'une tension de tout les instants avec cette menace omniprésente pouvant sévir à tout moment. Ayant réussi à réellement nous attacher à cette petite communauté, Milestone n'en rend les malheurs et souffrances que plus fort pour ce qui est le grand atout du film, une force émotionnelle qui va au delà de l'aspect propagandiste et belliqueux. Les exactions nazies se font ainsi de plus en plus révoltante que se soit l'humiliation, un viol au filmage sobre et traumatisant où le terrible jet en pâture d'un vieil intellectuel qui a courageusement osé s'opposer au vol de sa maison.
La conclusion guerrière sur la rageuses réaction du village est donc un véritable exutoire amené avec une empathie massive du spectateur tant Milestone a su jouer de cette attente. L'affrontement final est un des plus furieux vu dans un film de guerre de cette période, moments héroïques et sacrificiels survoltés, destruction massive en pagaille le tout filmé avec une rage et une virtuosité phénoménale par Milestone (ce moment où Flynn approche du QG nazi en charrette lancé au galop et en saute pour jeter une grenade grandiose !). Cela rappelle beaucoup
Went the day well film anglais du studio Ealing (traité en juillet sur le blog) tout aussi rageur où un village anglais se soulevait contre invasion nazie souterraine.
Edge of Darkness s'avère aussi dur et exaltant dans son ode au combat contre la tyrannie, se terminant sur une note pleine d'espoir mais tout aussi va t en guerre. Grand film de guerre et au passage un score ténébreux et fabuleux de Frank Waxman notamment lors de l'assaut final où il s'orne d'élan funèbres à la Wagner.
Sorti en dvd zone 1 chez Warner dans le coffret Errol Flynn déjà évoqué précédemment.
Extrait
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