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mardi 15 février 2011

Meurtre à l'italienne - Un maledetto imbroglio, Pietro Germi (1959)


Un vol de bijoux vient d’être commis dans un immeuble bourgeois de Rome. Chargé de l’enquête, le commissaire Ingravallo porte d’abord ses soupçons sur le fiancé d’Assuntina, la domestique de Liliana Banducci qui vit dans l’appartement d’en face. Mais l’affaire se révèle plus trouble et plus complexe que prévu : la victime du vol semble peu encline à aider la police, Assuntina et son fiancé cherchent à se marier en hâte et, quelques jours plus tard, Banducci est retrouvée morte assassinée… 

Meurtre à l’italienne est une belle démonstration de l'étendue du registre de Pietro Germi, délivrant ici un polar des plus convaincants, distillant ses thèmes habituels avec la même acidité que dans ses comédies. Le film est une adaptation du roman L'affreux pastis de la rue des Merles de Carlo Emilio Gadda, grand succès littéraire de l'époque. Germi a expurgé toute la dimension purement littéraire du livre, qui donnait une grande importance aux jeux de mots découlant de l'origine régionale des personnages. Le réalisateur y accorde effectivement moins de place que dans Divorce à l'italienne (sur l’archaïsme des mœurs siciliennes) ou Signore & Signori. On appréciera néanmoins les allusions se glissant à travers quelques truculents personnages secondaires comme l'adjoint du commissaire, archétype du sicilien grande gueule et sans gêne.

L'intrigue policière est très habilement menée par un Germi qui a là l'occasion de montrer son amour pour les films noirs américains. L'histoire mélange le récit à énigme avec le mystère du meurtre sordide d’une femme bien sous tous rapports, tandis que les révélations progressives sur son entourage louche permettent à Germi de délivrer un récit de mœurs grinçant. Détournement de mineure, chantage financier, prostitution masculine, calomnies : tout ce qui fera le sel de Signore & Signori se retrouve déjà là. Le polar a simplement remplacé la comédie comme révélateur des tares de la bourgeoisie italienne. Le film ne s'enfonce pourtant pas dans un sérieux si prononcé et malgré le contexte, des traits humour viennent alléger l'atmosphère. Les rencontres improbables, quelques dialogues et situations décalées ainsi que des personnages secondaires hilarants diluent par intermittence le ton très sombre du film.

Pietro Germi interprète avec brio le commissaire menant l'enquête. Fin psychologue et tenace, il est tout bonnement excellent et charismatique, dommage qu'il ait en partie abandonné sa carrière d'acteur lorsque celle de réalisateur décolla totalement. On retrouve également une toute jeune Claudia Cardinale en femme de ménage, encore un rôle de fille du peuple comme elle pouvait en jouer à ses débuts mais dont l'intrigue va donner un tour étonnant. La résolution est à la hauteur de ce qui a précédé, déroutante et sordide tout en étant imprégnée du contexte social exprimé depuis le début.

Sorti en dvd zone français chez Carlotta

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