Mark Hunter (Christian Slater) est un adolescent timide qui vient de débarquer avec ses parents dans une petite ville paumée de l'Arizona. Il n'a pas d'ami(e) et se sent en rupture avec ses parents qu'il perçoit comme conservateurs. Alors, se servant d'une radio que ses parents lui avaient donné pour communiquer avec ses potes de la côte est, il monte sous le pseudo de « Harry La Trique » une émission de radio pirate. Tous les soirs, à partir de 22h il prend les ondes et y crache sa vision cynique de l'univers qui l'entoure.
Bienvenue dans un monde inconnu des pré trentenaires, celui ou internet, sms, BlackBerry et autre chat en ligne n’existaient pas. Dans ce cadre imaginez-vous adolescent d’une banlieue pavillonnaire comme il en existe tant et où les loisirs sont rares entre le train-train du lycée et les mornes loisirs alentours.
Et si la seule fenêtre sur le monde, son mal être et l’incompréhension des attentes des adultes venait de votre poste de radio, hurlée par un de vos camarades anonymes qui souffre des même maux ? Voilà un formidable argument qu’exploite à merveille Allan Moyle avec ce qui restera son film culte. Si le contexte est daté et délicieusement vintage (walkman, radio cassette volumineux, coiffures permanentées), les problèmes dépeint n’ont pas changé.
Christian Slater avait déjà incarné la rébellion adolescente l’année précédente dans la teen comedy la plus sulfureuse jamais réalisée, Fatal Games. Dans cette dernière, sous l’ironie et l’humour noir se dessinait une jeunesse américaine paumée et autodestructrice où la solution radicale aux problèmes préfigurait déjà les massacres de Columbine.
Slater incarne dans Pump up the volume une figure similaire mais au nihilisme du film de Daniel Waters on troque ici une dimension plus humaine, fragile et aussi un message plus positif. Moyle film avec énergie les exactions radiophoniques pirate du jeune Mark, dont l’influence prend de plus en plus d’ampleur.
Exutoire à sa propre frustration, le programme se limites dans le montage aux déambulations et provocations diverses de Mark dans sa cave, avant que ses confidences gagne les chambres d’autres aussi perdus que lui, puis l’établissement et enfin les autorités bien décidées à stopper cet agitateur.
La différence entre Fatal Games et Pump up the volume tient dans la personnalité de son héros malgré des intentions similaires. Dans le premier Christian Slater était un adolescent qui dans son trouble cultivait un sentiment de supériorité qui le mènerait à la destruction final quand ici il se fait totalement l’égal de ses auditeurs anonymes, lycéen trainant leur spleen dans la plus grande indifférence. Il est d’ailleurs amusant de voir la caractérisation du héros façon Clark Kent/Superman des ondes. Le jour Mark est un élève timide et introverti binoclard et solitaire quand la nuit il devient LA voix, le guide de la libération en marche de cette vie monotone et rapidement dépassé par sa création.
Le film très naïf n'est pas aussi fin et juste qu’un Breakfast Club et moins inventif que le futur Lolita malgré moi mais pose de vraies questions et suscite l'émotion. Dans la pénombre de sa cave, Harry la trique recueille les témoignages du mal êtres et des injustices ordinaires : sentiments d’isolement, exigences parentales écrasantes et sélection scolaire impitoyable…
La résolution finale est aussi simple que juste : pour surmonter cette période si complexe de l’existence il faut trouver la faculté de s’affirmer, d’être créatif et d’affronter ses problèmes en les hurlant à la terre entière. Si le micro de Mark s’éteint lors de la tumultueuse conclusion, d’autres prennent le relai et se font entendre dans l’obscurité des chambres d’adolescent que les parents pensent couchés. Talk hard !
Sorti en dvd zone 2 français chez Metropolitan
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