Loch Lake est un
village écossais où, vers le milieu du XVIIe siècle, le juge Parris a condamné
au bûcher Martha Gunt, vieille sorcière qu’il avait désirée en vain lorsqu’elle
était jeune et belle. En mourant, la magicienne maudit le juge et tous ses
descendants, ainsi que tous ceux qui ont assisté à son supplice. Un siècle
environ s’est écoulé; très loin de Loch Lake, une jeune femme nommée Martha
Gunt décide d’acheter le château qui domine le village maudit, pour y passer sa
lune de miel. Inévitablement, lorsque la jeune Martha arrive à Loch Lake, les
plus exaltés croient à une réincarnation de la sorcière. Arrachée par la
populace des bras de son époux, elle est conduite au bûcher. C’est ici
qu’intervient Maciste, un berger fort et généreux, qui sauve la jeune femme de
la mort, mais non de la justice.
Durant son âge d’or des années 50,60 et 70, le cinéma bis
italien su toujours s’approprier des grands genres (western, péplum, film
gothique, polar) pour leur donner une touche latine, déviante et inventive qui
les différenciait de leur équivalent italien. Lorsque l’exploitation de ces
genres arrivait en bout de course commercialement comme artistiquement, cela pouvait
donner des œuvres allant de la pantalonnade franchement ridicule au mélange le
plus inattendu et inventif. Au sein du péplum certains films de la saga Hercule
donnèrent ainsi d’inoubliables ovnis. Hercule contre les vampires (1961) croise
ainsi le péplum et le film d’épouvante avec notre musculeux de l’Olympe
affrontant Christopher Lee en personne (certes pas dans le rôle de Dracula mais
l’association était volontaire) dans une véritable orgie formelle par un Mario
Bava expert pour tirer n’importe quel matériau vers le gothique (la ressortie
cet été de La Planète des Vampires où
il invente la SF d’épouvante avant son descendant Alien l’a encore prouvé.
Mieux encore, Hercule à la Conquête de l’Atlantide
(1961) est un spectacle stupéfiant où cette fois le péplum rencontre la SF dans
un récit croisant rien moins que L’Atlantide de Pierre Benoit, la parabole sur
le nazisme et la fantasy. Si la saga des Hercule donna de grandes réussites
tant dans le classicisme que dans les déviances précitées, la série de films
consacrés à Maciste, l’autre surhomme du péplum italien, donnèrent le plus
souvent des nanars oubliable. Néanmoins la curiosité domine avant de découvrir ce
Maciste en enfer et son concept aussi
génial qu’aberrant.
Cela débute comme un pur récit gothique fantastique façon Le Masque du Démon (1960, Mario Bava) sur
la malédiction lancée par une sorcière avant d’être immolée sur le bûcher. Un
siècle plus tard sa descendante et homonyme Martha Gunt (Vira Silenti) s’apprête
à subir le même sort face à des villageois haineux et arriérés voyant en elle
une réincarnation maléfique. Riccardo déploie un décorum stylisé et une
atmosphère oppressante dans ce village écossais reculé avant de basculer dans
le grotesque le plus total lorsque Maciste qui surgit pour en plein 17e siècle
pour sauver la jeune femme en détresse. Aucun semblant d’explication pour
justifier sa présence alors qu’il arbore toujours son look péplum, torse nu
musclé et uniquement vêtu d’un pagne.
Hercule contre les
vampires était un peu plus cohérent dans son mélange des genres, mais
surtout beaucoup plus impressionnant et prenant. A aucun moment on ne se sent
oppressé ici comme dans le film de Bava. L'inventivité de certaines épreuve de
Maciste dans les enfers sauve un peu par leurs caractère bien outrancier,
surtout que Freda sait parfaitement mettre le tout en valeur en dépit d’un
budget qu’on devine minime (mais là aussi Bava avait réussi en faire quelques
chose de mieux avec les même contraintes), aidé par les éclairages baroques de Riccardo Pallotini.
Parmi les meilleurs moments, Maciste
traversant un décor infernal peuplé de figurants subissant moult supplices, le
passage d'un immense portail en flamme et surtout Maciste résistant à lui seul
à la charge d'un troupeau de vache. Mais ces instants sont trop épars et on
s'ennuie ferme la plupart du temps. Il faut dire que Kirk Morris (qui décoche
son 1er mot au bout de 40 minutes de film et qui n'en dira guère plus) n'aide
pas à l'implication, aussi expressif qu’un parpaing – là où un Steve Reeves ou
Reg Park imposait un charisme ou une certaine bonhomie sous les muscles.
Sorti en dvd zone 2 français chez SNC/M6 vidéo
Bonjour, bon papier sur cet objet hybride entre fantastique, gothique et péplum. Toutefois, la scène du jugement qui ouvre le film se situe en 1523. C'est la date que donne le juge dans l'acte d'accusation, d'où un caractère médiéval (léger) à cette histoire.
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