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samedi 19 avril 2025

Hercule et la reine de Lydie - Ercole e la regina di Lidia, Pietro Francisci (1959)

Accompagné de son épouse Iole et du jeune Ulysse, Hercule fait halte à Colone, à la demande d’Œdipe, pour régler un différend qui oppose les fils de ce dernier, Etéocle et Polynice. Mais Hercule boit à la source de l’oubli, et tombe prisonnier dans le piège d’Omphale, la cruelle reine de Lydie. Ulysse et ses compagnons, les Argonautes, vont partir à sa rescousse.

Les Travaux d'Hercule fut un immense succès, faisant de Steve Reeves une star tout en installant pour quelques années le filon du péplum aux héros musculeux dans le cinéma populaire italien. La même équipe gagnante est donc rapidement réunie pour un second volet avec Pietro Francisci, Steve Reeves et Mario Bava à la photo et aux effets visuels. Comme le film précédent, le scénario mélange des éléments de l'épopée d'Hercule (cette fois le mythe d’Omphale) qui se greffent à la tragédie grecque (Les Sept contre Thèbes d'Eschyle et Œdipe à Colone de Sophocle). Le mélange opère assez bien pour un scénario poursuivant la réflexion sur la quête d’identité d’Hercule. 

Le premier volet montrait la difficulté du demi-dieu à conjuguer son humanité et sa nature de surhomme qui l’éloignait des autres, admiratifs ou apeurés de lui. La séduction à laquelle il est soumis par Omphale (Sylvia Lopez) et lui faisant perdre la mémoire est ainsi une façon de se délester de ses responsabilités et questionnements. C’est pourtant sur cette dualité et la volonté héroïque qui en découle que repose sa force, dont il se trouvera longuement délesté tant que son esprit restera embrumé. C’est donc très intéressant mais donne pendant longtemps du fait de son héros entravé un film moins généreux en morceaux de bravoure que son prédécesseur.

Pietro Francisci travaille davantage la symbolique et les atmosphères, croisant le classicisme du premier épisode et les excès à venir dans les suivants, Hercule contre les vampires (1961) et Hercule à la conquête de l'Atlantide (1960). Mario Bava s'en donne à cœur joie sur les couleurs outrancières de l'antre souterraine de la Reine de Lydie. Les éclairages de mêmes décors évoluent ainsi constamment selon les sentiments d'Hercule lors de sa captivité, parfois au sein d’une même scène comme lorsqu'il cède pour de bon au charme de la Reine Lydie. L'ambiance se fait gothique à souhait pour illustrer les moments les plus sadiques comme ce musée Grévin humain où la Omphale expose tous ses anciens amants ou encore la cuve égyptienne (dans un hétéroclisme typique du péplum italien) où elle entrepose leurs cadavres pour les soumettre à l'opération. Les décors studios sont très réussis et truffés de pièges transformant une séquence d'évasion en jeu vidéo avant l'heure.

Le climax film offre une splendide (bien que trop courte) scène de bataille finale pour la défense de Thèbes, où le métier de Francisci fait merveille dans l’imagerie grandiloquente. Hercule plus surhomme que jamais fait s'écrouler les tourelles adverses à la force de ses bras, affronte en début de film le fils de Guée dont l'énergie se régénère dès qu'il touche le sol et donc sujet à une difficulté très originale. En revanche le combat de Hercule face à une horde de tigres est plus inégal pour cause de montage hasardeux et d'une peluche un peu trop visible lors des gros plans – alors que le face à face avec le lion de Némée était bien mieux géré de ce côté-là dans le premier film. 

Steve Reeves pour la dernière fois dans le rôle est toujours aussi imposant et charismatique tandis que Sergio Fantoni est un flamboyant Étéocle, méchant bien théâtral. Sylvia Lopez est assez convaincante en Reine de Lydie bien aidée par l’esthétique baroque du film mettant en valeur son physique étrange. Le mélange de manipulation, de désir (les allusions appuyées au plaisir que lui offre Hercule durant leurs nuits) et en définitive de réelle passion amène et ambiguïté inattendue quant à ses objectifs et son sort final tragique. Sylvia Koscina fait les frais de cette rivale, avec une Iole davantage réduite à l’épouse éplorée et en détresse, bien moins complexe que dans le premier film.

Cette suite directe (qui s’ouvre sur la séparation avec les compagnons d’aventures de Les Travaux d’Hercule) sait comme Les Travaux d’Hercule mettre les compagnons d’Hercule en valeur, notamment Gabriel Antonini toujours aussi facétieux en Ulysse. Une belle réussite dont les suites encore meilleures et plus folles se feront sans l’équipe originale – Steve Reeves ne souhaitant travailler qu’avec Francisci passé à autre chose et brouillé avec Mario Bava mécontent de voir sa contribution minimisée au générique – avec La Vengeance d’Hercule de Vittorio Cottafavi (1960), Hercule contre les vampires (1961) et Hercule à la conquête de l'Atlantide (1960).

Sorti en bluray français chez Artus 


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