Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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vendredi 28 janvier 2011

Bunny Lake a disparu - Bunny Lake is Missing, Otto Preminger (1965)

Une jeune américaine, Ann Lake, vient d'emménager à Londres avec sa fille Felicia Lake, surnommée Bunny Lake. Son frère, Stephen Lake qui habite déjà sur place, l'aide à s'installer. Lorsqu'elle vient chercher sa fille à l'école, Ann Lake ne retrouve pas Bunny. Stephen arrive pour résoudre le problème et à eux deux ils cherchent dans les tous les recoins de l'école, en vain. La police est rapidement contactée, avec à leur tête le Lieutenant Newhouse. Ce dernier, voyant les recherches ne pas aboutir, remet en cause l'existence même de Bunny Lake.

Après une série de productions prestigieuses à grands sujets et casting haut de gamme (Exodus, Tempête à Washington, Le Cardinal, Première Victoire...) Preminger exilé en Angleterre pour l'occasion revenait au thriller psychologique pur et dur avec cet brillant Bunny Lake is missing.

Le postulat est simple, Ann Lake (Carol Linley) fraîchement installée à Londres dépose sa petite fille pour son premier jour d'école le jour de son emménagement mais, revenu la chercher quelques heures plus tard elle s'avère introuvable. Le récit part ainsi dans une direction mystérieuse tant la disparition semble inexplicable puisque personne ne semble avoir vu la fillette et qu'aucun accès possible à l'extérieur n'aurait été possible sans que sa présence s'avère manifeste. Preminger déplace le cadre du roman de Evelyn Piper de New York à Londres où il use largement de lieux existants pour fixer l'ancrage urbain de l'histoire. Dans une escalade cauchemardesque nous emmenant de la pleine journée à la nuit la plus inquiétante, la ville passe donc des coins pavillonnaire ensoleillée aux arcanes les plus sombres. Ce basculement se fait avec celui de la tonalité du film elle même puisque soudain les faits troublants remettent en cause l'existence même de Bunny et la santé mentale de Ann.

Ce changement se sera fait progressivement par la rencontre de figure de plus en plus étranges. Une maîtresse d'école retraitée isolée et guettée par la folie, un voisin au ton doucereux mais à la perversité réelle tandis que les lieux traversés donnent dans le gothique baroque le plus prononcé comme ce magasin de poupée, cet hôpital au corridor tortueux et au sous sol menaçant. Le générique avec ses découpages enfantins aura donné le ton de ce qui s'avère une plongée dans les terreurs de l'enfance, faîtes de rencontres étranges et de lieux oppressants. Carol Linley (qui aura tourné précédemment Le Cardinal avec Preminger) offre une stupéfiante interprétation parfaitement sur la corde raide entre lucidité et schizophrénie.

Laurence Olivier, seul personnage réellement la tête sur les épaules apporte un soupçon de lumière face à cet univers qui annonce les pires cauchemars orchestré par un Polanski, tout en bénéficiant dans ses audaces du travail de Hitchcock dans Psychose. Keir Dullea futur héros de 2001 est entouré de la même aura trouble sous des airs proprets. Preminger nous balade au fil de la santé mentale vacillante de Ann en plein doute, les gros plans saisissants de visages, les basculement d'échelles en plongée ou contre plongée laissant figurer un refuge dans l'enfance.

N'ayant jamais craint d'aborder des sujets sulfureux, Preminger fait fort ici en faisant planer les spectres de l'inceste, l'infanticide et la pédophilie. La dernière partie est un sacré tour de force où un rebondissement inattendu nous emmènent vers un suspense diabolique où les peurs enfantines, la tonalité de conte offrent des situations dérangeantes et déstabilisante.

Le ridicule n'est pas loin tant l'audace de Preminger est grande mais c'est la fascination qui domine grâce à sa mise en scène inspirée où il retrouve les accents les plus onirique de ses films noirs (la photo noir et blanc tout en ombres lourdes de menaces et de présence innommable, le tour de balançoire final assez incroyable) et l'interprétation fabuleuse. Etonnant que le film soit si oublié aujourd'hui, le suspense est au moins aussi anxiogène que Psychose et alors le méchant n'a pas grand chose à envier à un Norman Bates dans l'esprit dérangé. A noter pour les amateur de pop anglaise 60's une apparitions des Zombies (carrément crédités au générique) dont les paroles font directement échos à l'intrigue à divers moments.


Sorti en dvd zone 1 doté de sous titres français et pour les anglophones le zone 2 anglais est bien moins cher et doté de sous titres anglais.

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