Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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mercredi 30 octobre 2019

Le Quatrième homme - Kansas City Confidential, Phil Karlson (1952)


Quatre gangsters braquent un fourgon blindé transportant plus d'un million de dollars. Joe Rolfe, un chauffeur-livreur, qui a déjà eu des ennuis avec la justice est accusé d'être impliqué dans ce braquage et est interrogé avec brutalité par la police locale. Relâché faute de preuves, Rolfe remonte la piste des criminels jusqu'au Mexique afin de se disculper définitivement.

Kansas City Confidential est un bijou de film noir et un des sommets de Phil Karlson, maître du genre où il va pleinement s’épanouir à travers plusieurs réussites durant les années 50. Plusieurs films tiennent dans l’intrigue, le premier étant le film de casse dans la lignée alors populaire d’œuvre comme Quand la ville dort de John Huston (1950), Armored Car Robbery de Richard Fleischer (1950) ou L’Ultime Razzia de Stanley Kubrick. Le scénario en suit d’ailleurs toutes les étapes mais en accéléré : repérage des lieux, recrutement des acolytes, braquage et fuite. L’originalité réside dans l’agencement et le traitement de ces passages obligés. 

Nous avons donc un mastermind plein d’assurance (Preston Foster) qui va concevoir le plan et choisir des complices aux abois pour l’aider. L’accent est mis sur l’ascendant psychologique qu’il a sur eux, sachant s’imposer physiquement à l’apeuré Peter Harris (Jack Elam fébrile), flatter les bas-instincts de Moreno (Lee Van Cleef sournois) et insister sur la situation critique de Kane (Neville Brand intimant) pour les soumettre à sa volonté. Le procédé original (et maintes fois copiés depuis) du braquage ajoute en singularité puisque hormis le chef, les braqueurs sont étrangers les uns aux autres les visages dissimulés par des masques (solution parfaite pur éviter toute trahison).

La quasi abstraction de cette entame vient brutalement se frotter au réel lors du braquage en pleine rue, avec comme dommage collatéral l’accusation à tort de Joe Rolfe (John Payne) livreur de fleur dont les malfrats ont utilisés le même modèle de fourgon. Vaguement entraperçu comme un figurant au départ, Joe Rolfe représente moins l’innocent hitchckockien que la figure du prolo, de l’anonyme rattrapé par le destin mais prêt à surmonter le déterminisme cruel pour laver son honneur (figure souvent présente dans le film noir réaliste des années 50. Rolfe remonte ainsi la piste des braqueurs dans une progression hard-boiled absolument haletante où Karlson multiplie les moments de tension et les confrontations musclées. L’interprétation intense (John Payne superbement impliqué), la mise en scène alerte de Karlson et un rythme soutenu en font une merveille du genre qui va encore basculer dans sa troisième partie.

Rolfe retrouve les complices dans un bouge mexicains où le chef est supposé leur distribuer le butin. Le scénario joue à merveille de l’équilibre entre la connaissance du spectateur et celle des protagonistes de l’identité des uns et des autres. Les frontières morales classiques sont d’ailleurs rendues floues par la nature révélée du boss (un ancien policier) et ses motifs alors que Rolfe coupable trop idéal (il a fait de la prison) aura été le premier inquiété et malmené au départ. Cette dernière partie, tout prenante qu’elle soit cède cependant à quelques conventions qui jurent avec la férocité qui a précédée, notamment une romance assez convenue et  la conclusion emboite aussi le tout avec un peu trop d’évidence. La tension ambiante et les ruptures de ton et d’ambiances font cependant la force du film jusqu’au bout et on devine aisément ce qu’est venu y piocher un Tarantino et d’autres (l’organisation anonyme du braquage est notamment reprise dans L’Affaire Thomas Crown de Norman Jewison (1968)). 

Sorti en bluray et dvd zone 2 français chez Rimini 

1 commentaire:

  1. Bon film mais j'ai moins aimé la seconde partie plus convenue et moins captivante. Mais un polar à connaitre. Phil Karson est un des cinéastes préférés de Tarantino.

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