Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

Pages

samedi 5 octobre 2019

Spirit of Wonder : L’Anneau de Miss China - Spirit of Wonder: China-san no yûutsu, Mitsuru Hongo (1992)


L’histoire extraordinaire de Miss China se déroule dans l’Angleterre du 19ème siècle. Une jeune fille d’origine asiatique vient d’hériter du restaurant de ses parents. Au premier étage du restaurant vivent le Dr. Brekenridge un scientifique fou et Jim, son assistant Jim. Ce dernier est secrètement amoureux de Miss China et aimerait la séduire. Seule la mystérieuse invention du professeur pourrait lui venir en aide… Qu’adviendra-t-il de la relation entre les deux jeunes gens ?

L’Anneau de China est l’adaptation d’un récit du mangaka Kenji Tsuruta, s’intégrant dans l’anthologie Spirit of Wonder qui réunissait plusieurs histoires courtes publiés par l’auteur entre 1986 et 1995 au sein des revues seinen (manga pour adultes) Morning et Afternoon. On y retrouve l’attrait de Tsuruta pour les univers steampunk, les récits farfelus et romanesques ainsi que les héroïnes élancées au caractère bien trempé. L’Anneau de China est la dixième des douze histoires du recueil et sa popularité lui vaudra de voir ses protagonistes revenir dans les deux suivantes. C’est donc tout naturellement que le choix se porte sur elle pour une adaptation animée sous la forme d’une courte OAV.

L’histoire nous plonge dans le Bristol (joliment reconstitué) du 19e siècle et plus précisément le restaurant Tenkai, tenu par China, jeune fille asiatique en ayant hérité pour ses 18 ans. Elle y loue une chambre au facétieux professeur Brekenridge et à son assistant Jim dont elle est secrètement amoureuse. La cohabitation est cependant houleuse avec les intérêts divergents d’une China à cheval sur le respect des loyers et nos scientifiques plus enclins à investir dans leurs inventions. L’ensemble se révèle très fidèle au manga dont les situations loufoques, l’atmosphère romantico-mélancolique et les visions surréalistes sont bien retranscrites. Tout juste chipotera-t-on sur le chara-design de China certes charmant mais tout de même loin de l’extraordinaire élégance et sex-appeal relâché du trait de Kenji Tsuruta. 

 Harcelant Jim et Brekenridge pour un énième retard de loyer, China est calmée par ses derniers quand ils lui feront découvrir leur dernière création. Il s’agit d’un miroir puis d’un télescope réflecteur de réalité qui permet de reproduire et d’interagir sur l’élément observé. Nos personnages viseront rien de moins que la lune afin de rendre visible à tous les miracles de leur invention et attirer les mécènes. La poésie est privilégiée à la rigueur scientifique et tout l’émerveillement visuel est au service d’un romantisme tendre et maladroit. On nous introduit ainsi longuement la relation amour vache entre la volcanique China et Jim, et les éléments surnaturels ne sont introduits que pour progressivement creuser cette romance. Avant l’heure des explications pseudos scientifique, les manifestions extraordinaires s’imposent toujours par une image forte qui crédibilisent l’histoire d’amour plus que le réalisme des éléments de science-fiction. 

Le réalisateur Mitsuru Hongo façonne une vraie sidération romanesque avec ce message d’anniversaire écrit sur la lune, et pour appuyer cette idée de cocon sentimental cette démonstration spectaculaire relève du déni collectif (la population se persuadant qu’elle a rêvé l’image) et n’existe finalement que pour China et Jim. La magie fonctionne autant l’intime que dans les morceaux de bravoures, la mise en scène déployant son lyrisme au gré des élans du cœur de China (magnifique composition de plan où sa silhouette se dessine dans la pénombre devant une vitre avec la pleine lune en arrière-plan), figure féminine typique de Kenji Tsuruta qui charme par son inconséquence, sa timidité et la brusquerie qui en découle parfois. 

On pardonnera ainsi l’humour parfois grivois (mais venant toujours de Tsuruta) tant les moments de grâce fonctionnent notamment la superbe conclusion contemplative qui explique le titre du film. Joli réussite donc et un petit statut culte qui vaudra quelques années plus tard une seconde adaptation bien moins réussie d’autres histoires issues de Spirit of Wonder où l’on retrouvera Jim et Miss China. Pour les lecteurs et ceux qui souhaitent découvrir l’univers de Kenji Tsuruta, l’anthologie Spirit of Wonder a été publié en France en 1999 chez Casterman, et sinon les albums Souvenirs d’Emanon et L’île errante sont de belles portes d’entrées (même en étant réfractaire ou peu connaisseur de manga). 

Sorti en dvd zone 2 français chez IDP 

Et sinon il semble qu'on puisse le visionner entièrement sur youtube, profitez-en !

 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire