L’histoire
extraordinaire de Miss China se déroule dans l’Angleterre du 19ème siècle. Une
jeune fille d’origine asiatique vient d’hériter du restaurant de ses parents. Au
premier étage du restaurant vivent le Dr. Brekenridge un scientifique fou et
Jim, son assistant Jim. Ce dernier est secrètement amoureux de Miss China et
aimerait la séduire. Seule la mystérieuse invention du professeur pourrait lui
venir en aide… Qu’adviendra-t-il de la relation entre les deux jeunes gens ?
L’Anneau de China
est l’adaptation d’un récit du mangaka Kenji Tsuruta, s’intégrant dans l’anthologie
Spirit of Wonder qui réunissait plusieurs histoires courtes publiés par l’auteur
entre 1986 et 1995 au sein des revues seinen (manga pour adultes) Morning et Afternoon. On y retrouve l’attrait de Tsuruta pour les univers
steampunk, les récits farfelus et romanesques ainsi que les héroïnes élancées
au caractère bien trempé. L’Anneau de
China est la dixième des douze histoires du recueil et sa popularité lui
vaudra de voir ses protagonistes revenir dans les deux suivantes. C’est donc
tout naturellement que le choix se porte sur elle pour une adaptation animée
sous la forme d’une courte OAV.
L’histoire nous plonge dans le Bristol (joliment
reconstitué) du 19e siècle et plus précisément le restaurant Tenkai,
tenu par China, jeune fille asiatique en ayant hérité pour ses 18 ans. Elle y
loue une chambre au facétieux professeur Brekenridge et à son assistant Jim
dont elle est secrètement amoureuse. La cohabitation est cependant houleuse
avec les intérêts divergents d’une China à cheval sur le respect des loyers et
nos scientifiques plus enclins à investir dans leurs inventions. L’ensemble se
révèle très fidèle au manga dont les situations loufoques, l’atmosphère romantico-mélancolique
et les visions surréalistes sont bien retranscrites. Tout juste chipotera-t-on
sur le chara-design de China certes charmant mais tout de même loin de l’extraordinaire
élégance et sex-appeal relâché du trait de Kenji Tsuruta.
Harcelant Jim et Brekenridge pour un énième retard de loyer,
China est calmée par ses derniers quand ils lui feront découvrir leur dernière
création. Il s’agit d’un miroir puis d’un télescope réflecteur de réalité qui
permet de reproduire et d’interagir sur l’élément observé. Nos personnages viseront
rien de moins que la lune afin de rendre visible à tous les miracles de leur
invention et attirer les mécènes. La poésie est privilégiée à la rigueur
scientifique et tout l’émerveillement visuel est au service d’un romantisme
tendre et maladroit. On nous introduit ainsi longuement la relation amour vache
entre la volcanique China et Jim, et les éléments surnaturels ne sont
introduits que pour progressivement creuser cette romance. Avant l’heure des
explications pseudos scientifique, les manifestions extraordinaires s’imposent
toujours par une image forte qui crédibilisent l’histoire d’amour plus que le
réalisme des éléments de science-fiction.
Le réalisateur Mitsuru Hongo façonne
une vraie sidération romanesque avec ce message d’anniversaire écrit sur la
lune, et pour appuyer cette idée de cocon sentimental cette démonstration
spectaculaire relève du déni collectif (la population se persuadant qu’elle a
rêvé l’image) et n’existe finalement que pour China et Jim. La magie fonctionne autant l’intime que dans les morceaux de
bravoures, la mise en scène déployant son lyrisme au gré des élans du cœur de
China (magnifique composition de plan où sa silhouette se dessine dans la
pénombre devant une vitre avec la pleine lune en arrière-plan), figure féminine
typique de Kenji Tsuruta qui charme par son inconséquence, sa timidité et la brusquerie
qui en découle parfois.
On pardonnera ainsi l’humour parfois grivois (mais
venant toujours de Tsuruta) tant les moments de grâce fonctionnent notamment la
superbe conclusion contemplative qui explique le titre du film. Joli réussite
donc et un petit statut culte qui vaudra quelques années plus tard une seconde
adaptation bien moins réussie d’autres histoires issues de Spirit of Wonder où
l’on retrouvera Jim et Miss China. Pour les lecteurs et ceux qui souhaitent
découvrir l’univers de Kenji Tsuruta, l’anthologie Spirit of Wonder a été
publié en France en 1999 chez Casterman, et sinon les albums Souvenirs d’Emanon et L’île errante sont de belles portes d’entrées
(même en étant réfractaire ou peu connaisseur de manga).
Sorti en dvd zone 2 français chez IDP
Et sinon il semble qu'on puisse le visionner entièrement sur youtube, profitez-en !
Et sinon il semble qu'on puisse le visionner entièrement sur youtube, profitez-en !
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