Song of Love est un biopic très romancé des destins des compositeurs Robert Schumann, son épouse Clara et Johannes Brahms. Un panneau nous prévient d'emblée de la vision romancée des évènements auxquels nous allons assister, il est donc inutile pour le connaisseur de pointer les nombreuses inexactitudes et raccourcis dont use volontairement le scénario inspiré d'une pièce de Bernard Schubert et Mario Silva.
Dès lors, Clarence Brown propose une tonalité intimiste et grandiose à la fois, la musique étant notre guide de l'une à l'autre. La fabuleuse séquence d'ouverture exprime parfaitement cette idée. Le générique défile avec une salle de concert vue depuis le fond, puis un majestueux mouvement de caméra nous ramène vers la scène où nous assistons à la prestation de Clara (Katharine Hepburn), tout en dextérité virtuose mais sans âme puisqu'elle suit les directive autoritaire de son père. L'instant suivant elle brave les directives de ce dernier après un regard à l'homme qu'elle aime au premier rang et entame donc le Träumerei de Robert Schumann, vrai morceau leitmotiv du film. Soudain mise en scène de Brown s'imprègne de cette grâce pour saisir la grâce de Clara dans son jeu, l'amour de Robert face au cadeau qui lui est fait et les réactions du public subjugué (le court plan où le jeune monarque s'abandonne avant d'être repris).
Le lien unique entre Robert et Clara Schumann est magnifiquement dépeint d'emblée et (presque) aucun obstacle ne saura le briser. Katharine Hepburn est comme souvent parfaite en épouse dévouée et Paul Henreid excellent en artiste torturé tandis que Robert Walker les seconde tout en sobriété dans le rôle de Brahms condamné à aimer en silence. Les trois acteurs confèrent une dimension humaine qui nous rend proche ces figures légendaires (on croisera aussi franz Liszt) de la musique et loin de ne donner que dans la gravité, Clarence Brown offre quelques savoureux moments de comédie surtout au début avec la marmaille nombreuse et bruyante du couple Schumann. Comme on pouvait s'y attendre avec le réalisateur, la reconstitution est somptueuse notamment durant les séquences de concert où les salles gigantesques et luxueuses éblouissent constamment.
C'est encore et toujours la musique qui rythmera les drames de la dernière partie avec une nouvelle fois Träumerei qui illustre pathétiquement leur séparation (et une superbe idée de Brown qui isole à l'image en l'éclairant dans le noir le visage d'Hepburn pour symboliser le fossé entre elle et un Robert perdu) et leur union au-delà de tout dans la magnifique conclusion où elle l'interprète une ultime fois vieillissante pour former une boucle avec l'ouverture.
Sorti en dvd zone 1 dans la collection Warner Archives qui ne prodigue malheureusement pas de sous-titres.
Générique et somptueuse séquence d'ouverture
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