Le jeune Harvey Cheyne est le fils d'un très riche entrepreneur américain. Il pense pouvoir tout obtenir et tout se permettre grâce à l l'argent de son père. Renvoyé temporairement de son école pour avoir tenté de corrompre un professeur, il entreprend une croisière avec son père. Mais il tombe à la mer et se retrouve mousse sur le bateau de pêcheurs qui l'a recueilli.
Victor Fleming réalise un superbe film d'aventures initiatiques avec cette adaptation de Rudyard Kipling. Capitaines Courageux joue sur les figures attendues du film pour enfant avec la découverte de douleurs bien adultes pour notre jeune héros mais aussi inversement d'une insouciance qu'il n'avait pas. La première partie nous fait ainsi découvrir un bien odieux garçon qui gâté par un père aussi richissime qu'absent définit sa relation aux autres par sa supériorité sociale. Intimidant et méprisant camarades comme des adultes, tout est fait pour rendre détestable ce Harvey (Freddie Bartholomew enfant star des années 30 vu aussi dans les David Copperfield et Le Petit Lord Fauntleroy produits par Selznick à cette époque) et définir son caractère corrompu.
Au détour d'une timide tentative de reprise en main par son père, un concours de circonstances va amener Harvey sur un bateau de pêcheur en expédition pour trois mois. Livré à lui-même et face à des rugueux marins qui n'ont que faire de son statut et de ses caprices, le garçon va enfin pouvoir changer. Un postulat simple mais qui est idéalement traité par Fleming. Freddie Bartholomew livre vraiment une des plus belles performances vues pour un enfant acteur. L'insolence hautaine de façade contraste avec les traits avenants et poupins ce qui ne le rend que plus horripilant dans la première partie, mais c'est en fait l'attention et la rigueur d'un père qui lui manque. Cette figure absente il va la trouver avec un extraordinaire Spencer Tracy (récompensé d'un Oscar pour sa prestation) en marin portugais plus vrai que nature, peau tanné par le soleil et accent outrancier inclus.
L'alchimie entre les deux fait merveille, tant dans les moments orageux (Tracy qui ramène Harvey au bateau en découvrant sa tricherie) que ceux plus tendre où le lien affectueux se noue de manière très touchante. Le casting dans son ensemble est excellent que ce soit Melvyn Douglas en père dépassé ou Lionel Barrymore en capitaine gueulard, le reste des marins alignant les trognes burinées respirant l'authenticité.
Fleming souvent à l'aise dans ce type d'atmosphère viriles rend vraiment bien le quotidien d'un bateau de pêche, tant dans les manœuvres maritimes que les méthodes de pêche. Les décors studios (tous les plans rapprochés sauf exception avec vraie mer en rétroprojection) alternent avec d'impressionnantes prises de vues en pleine mer où le chalutier est soumis à la loi des éléments. La véracité du cadre rend d'autant plus forte la transformation de Harvey au contact du travail, de l'entraide commune et de l'exaltation du voyage avec nombres de jolis moments comme cette première prise à la pêche. Très beau film donc qui se teinte d'une vraie mélancolie dans sa dernière partie et son douloureux retour au monde réel.
Sorti en dvd zone français chez Warner
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