samedi 13 août 2011
Une poule, un train... Et quelques monstres - Vedo Nudo, Dino Risi (1969)
Un blessé conduit à l'hôpital par une diva, un paysan aux tendances zoophiles, deux homosexuels qui se rencontrent, un monstre et une pucelle, un cheminot qui chérit sa locomotive... Tant d'histoires et de personnages différents qui composent ce film à sketchs.
Vedo Nudo est un excellent film à sketch de Risi dont la qualité tutoie sans problème celle des Monstres et Nouveaux Monstres. La thématique tourne ici autour de la sexualité ou plutôt de différentes formes de sexualités et de leur résonances sociales dans le quotidien italien. Loin de ne jouer que la carte graveleuse, Risi délivre sept sketch féroces et inventifs dont il a le secret tous porté par un excellent Nino Manfredi. Le film détone en abordant de front cette question sexuelle à travers les pratiques plus ou moins déviantes rencontrée tout au long des différents récit, on sent vraiment le vent d'un liberté nouvelle qui va se prolonger dans un cinéma italien des 70's encore plus outrancier et subversif. L'ensemble est d'une très bonne tenue même si certains son forcément plus réussis que d'autres.
La Diva
L'actrice Sylva Koscina dans son propre rôle recueille ici un blessé sur la route qu'elle dépose dans l'hôpital le plus proche tenu par Nino Manfredi. Dès lors le personnel déjà fort peu concerné par ses malades en oublie le blessé, totalement absorbé par la présence de la star. Sylva Koscina est géniale en star narcissique, tout en minauderie et sexy en diable. Il faut une belle distance pour accepter un tel rôle et elle est épatante. Quant à Nino Manfredi il incarne son médecin incompétent avec le plus grand sérieux qui ne rend que plus hilarant les multiples gags annexes sur les compétences de ses collègues et des malades dont les maux disparaissent à la vue de Sylva Koscina. Bonne entrée en matière.
Audience à huis clôt
Court mais énorme sketch où Nino Manfredi est un paysan bas du front qui se trouve jugé pour... zoophilie envers une poule. Risi joue plus sur le côté nonsensique que vulgaire (la défense de Manfredi expliquant comme il a été "aguiché" par la la poule) pour une histoire brève mais très drôle.
Ornella
Sans doute le petit bijou du film, drôle, touchant et audacieux. Nino Manfredi y est un jeune employé de poste timide et homosexuel qui dissimule sa condition et n'a de vie sentimentale qu'à travers les échanges épistolaires avec Carlo Rinaldo qui pense qu'il est une femme dénommée Ornella. Tout se complique quand se dernier vient à Rome pour rencontrer ladite Ornella. L'humour et l'atmosphère sont plus feutrés que dans les deux sketches précédents, Risi faisant preuve d'une belle sensibilité pour dépeindre la solitude d'un homosexuel contraint cacher sa condition. L'atmosphère machiste et la sexualité agressive renvoyé par les femmes ne font que renforcer sa détresse et Nino Manfredi est épatant d'émotion et de justesse dans ce registre.
Le voyeur
Sketch très bref dont il vaut mieux en dire le moins possible tant la chute est énorme. Nino Manfredi est ici un culturiste myope comme une taupe qui se rend compte que sa voisine d'en face se change la fenêtre ouverte pour son plus grand plaisir. A moins que sa vue ne lui joue des tours...
La dernière vierge
Encore une histoire très inventive Manuela, une oie blanche provincial croit défaillir quand elle croit reconnaître dans son dépanneur de téléphone le visage d'un maniaque sexuel recherché par la police et joué par Manfredi. L'humour fonctionne dans l'interprétation sexuelle que fait la malheureuse jeune fille du moindre geste effectué par le dépanneur qui en devient tendancieux. La conclusion offre finalement un un démontage en règle de toute cette pudibonderie de façade.
Locomotive chérie
Sketch tournant autour d'une perversion pour le moins originale. Nino Manfredi trompe ici son épouse avec le train Paris-Rome dont il est tombé amoureux. Il abandonne ainsi sa femme chaque soir pour se blôtir entre les rails et se délecter de son passage. Amusant mais pas le plus drôle du film.
Je vois nu
Dernier sketch en apothéose, le meilleur du film avec Ornella. Nino Manfredi est le directeur d'une agence publicitaire dont les campagnes joue le plus souvent de la touche sexy pas très fine. Cette surabondance de sexe provoque en lui un mal étrange, il voit toutes les femmes qu'il croise nues ! Risi donne donne un crescendo grandiose et inventif, cela commence dans la simili hallucination où une speakerine dévoile sa poitrine avant de verser dans le pur cauchemar psychédélique où le quotidien entier ne serait plus qu'un gigantesque peep show où toutes les femmes se promènent dans le plus simple appareil.
On devine une critique de la dimension sexuelle omniprésente dans les médias même si le sketch joue finalement sur les deux tableaux, titillant le spectateur masculin avec un défilé ininterrompu de belles créatures dénudées tout en le dénonçant. Excellent !
Bilan très bon film à sketch un des tout meilleurs du cinéma italien et Nino Manfredi fabuleux.
Film uniquement trouvable en dvd zone 2 italien et sans sous-titres français. Pour les parisiens le film ressort actuellement en salle ce qui peut laisser augurer une sortie dvd dans quelques mois...
Le très sensuel et pop générique de début
Et un extrait du sketch "Je vois nu" pour ceux maîtrisant l'italien il semble que le film soit entièrement sur youtube...
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