70 avant Jésus-Christ. Le Juif Micah sauve la vie d'Asham, un esclave muet poursuivi par Rhakim, au service de Nahreeb, le grand prêtre de Baal. Il en fait son domestique. Fils d'Élie, Micah est fiancé à Ruth, qu'il doit épouser prochainement. Lors d'une visite au grand rabbin, Micah, frappé par la beauté de Samarra, la grande prêtresse d'Astarté, décide de la séduire à tout prix. Après avoir pris congé des siens, il part pour Damas, où Nahreeb affame le peuple.
The Prodigal est un bien curieux objet en forme de bon gros plaisir coupable qui en appliquant jusqu’à l’excès les principes du péplum biblique donne un résultat fort singulier et kitsch. Le pourtant bon artisan Richard Thorpe (Les Chevaliers de la Table Ronde, Ivanhoé) se fourvoie de manière fascinante et ce dès le pitch adapté d'un épisode de la Bible et plus précisément comme indiqué de l'évangile de Luc alors que le film se déroule 70 avant Jésus Christ. En fait les scénaristes s’emmêlent les pinceaux en donnant un cadre historique à ce qui est à l’écrit une simple parabole. Même les moins habitués des salles de catéchisme apprécieront.
La première partie du film est la plus réussie avec un argument scénaristique imparable : le héros veut plus que tout finir dans le lit de Lana Turner et va pour cela renoncer à tous ses principes, sa fierté, sa religion. L’excès et l’irréalisme hollywoodien sont de mise entre les costumes aux couleurs flashy renforcé par le technicolor flamboyant , les décors grandioses et kitsch et une atmosphère païenne teintée de luxure avec son lot d'idées tordues : des femmes juchées sur une roue de la fortune qu'on choisit après l'avoir fait tourner, un marché aux prostitués pour les nantis, des prêtresses qui s'offrent aux visiteurs du temple…
Quant à Lana Turner, elle est réduite à l’argument sexy le plus élémentaire et rivalise de tenues affriolantes qu’elle change toute les scènes. Malgré les moyens qu'on devine assez colossaux, Richard Thorpe ne parvient à conférer toute l'ampleur nécessaire à quelques exceptions près (les scènes de sacrifices humains où les esclaves se jettent dans un puits de flammes) mais ce côté un peu cheap confère tout son charme désuet au film qui aurait pu être moins distrayant si plus imposant.
Après ce festival de dérives en tous genres le film retombe malheureusement dans les conventions du péplum biblique classique lorsque le héros qui a enfin assouvi ses pulsions se transforme en défenseur des pauvres et retrouve la foi. Lana Turner jusque-là femme fatale antique vénéneuse dans toute sa splendeur découvre l'amour et perd un peu de son pouvoir de fascination. Le final est même plutôt révoltant avec le peuple prêt à détruire et tuer tout représentant et symbole du culte polythéiste, Mica qui laisse sacrifier sa belle (plus tolérante de sa religion à lui que l'inverse) et rentre chez lui respecter sa foi et son père.
Un maître comme Cecil B. DeMille avait élevé ce genre de contradiction (plaisir à montrer l’excès contrebalancé par des élans de foi outrancier) au rang d’art dans ses péplums qu’on a évoqué sur le blog comme Le Signe de la Croix, Cléopâtre etla seconde version des Dix commandements tous portés par un vrai génie visuel. Richard Thorpe n’a pas le talent ni la vision qui pouvait fasciner chez DeMille et ce côté réactionnaire involontaire et premier degré prête finalement plus à rire qu’autre chose. Avec le succès de La Tunique et Quo Vadis, la mode est à ce type de péplum exalté et spectaculaire qui peut donner des films réussis en dépit des conventions mais Le Fils Prodigue les pousse à un tel degré qu'il en devient une grandiose caricature.
Côté casting Edmund Purdoom (grand habitué du péplum qui a débuté dans l’autrement) plus réussi L’Egyptien de Michael Curtiz l’année précédente et traité sur le blog) est fade juste ce qu'il faut en héros influençable, Louis Calhern en grand prêtre manipulateur en fait des tonnes, tout comme Neville Brand en général sadique et Joseph Wiseman plus connu pour son rôle de Docteur No est parfaitement sournois en faux mendiant avide.
Lana Turner peu concernée apporte une contribution essentiellement sensuelle, toute en pose suggestive et en déhanché et il n'y a bien la Liz Taylor dans le Cléopâtre de Mankiewicz pour véhiculer un érotisme équivalent dans le péplum américain (le talent dramatique en plus évidemment). Après une telle description on pourrait prendre la chose pour un affreux nanar mais c’est suffisamment soigné et distrayant pour être surtout comme déjà dit un gros plaisir coupable. L’âge d’or hollywoodien dans tout ses états...
Sorti en dvd zone 1 chez Warner et doté de sous-titres français
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