Détective privé alcoolique et cynique,
Joe Hallenbeck fut autrefois un héros des services secrets. Sa carrière a
tourné court, tout comme celle du footballeur noir Jimmy Dix, qu'il
rencontre dans une boîte de nuit où se produit Cory. L'assassinat de
cette dernière va lancer les deux hommes dans une enquête difficile et
musclée...
Le Dernier Samaritain
constitue une sorte de dream team des personnalités ayant refaçonnés
l'esthétique et le ton du cinéma d'action durant les 80's. Le producteur
Joel Silver est le point central de cette réunion puisque producteur de
Piège de Cristal (1988) et L'Arme Fatale 1 et 2 (1987 et 1989) d'où il ramènera Bruce Willis et le scénariste Shane Black. Quant à Tony Scott, son Top Gun (1986) a imposé les canons visuel clippesques de l'époque. Le Dernier Samaritain
apparaît comme un prolongement de toutes ces œuvres, les références
étant d'ailleurs nombreuses et plus (la fille de Bruce Willis regardant L'Arme Fatale
à la télévision) ou moins (la scène où Willis se moque de la mode et
des prix de pantalons en cuir issue en fait d'une scène coupée de L'Arme Fatale à nouveau) visibles. Plutôt que l'urgence des films précédents, Le Dernier Samaritain
privilégie le pur polar et par la même occasion un ton plus sombre.
Ainsi Joe Hallenbeck (Bruce Willis) partage la vie personnelle dévastée
et le sens du bon mot de John McLane (Piège de Cristal) et les penchants
psychotiques de Martin Riggs (Mel Gibson) mais si les archétypes sont
bien là, le script de Shane Black et le jeu de Bruce Willis amène le
film vers une tonalité plus sombre et désabusée. La construction est
ainsi typique de Shane Black (même si cela ne se voit pas dans cette
Californie ensoleillée l'intrigue se déroule comme souvent à la période
de noël avec lui) mais avec une touche de violence et de sordide plus
appuyée, le trauma de l'acolyte et ex footballeur joué par Damon Wayans
en faisant un personnage bien plus torturé que le side-kick de Piège de Cristal auquel il fait penser.
Le
film est ainsi captivant dans sa première partie plus posée où
l'enquête nonchalante parsemée d'éclats de violence et de punchlines
ordurières (Shane s'est surpassé) impose une vraie touche de film noir
dépressive revisitée à la touche Joel Silver et parfaitement servie par
Tony Scott dont le visuel coloré se voile d'un aspect révélant
constamment la laideur constituant l'envers de cette Californie. Une
laideur où se dissimule le divertissement roi nid de toutes corruptions
avec le football américain peuplé de joueurs dopés et dirigeant
corrompus. Il est ainsi un peu dommage que dans sa dernière partie le
film délaisse cette approche pour céder à l'actioner typique des
productions Joel Silver, s'autorisant tous le festival de cascades
improbables, bagarres hargneuses et gunfights interminables qu'il avait
maintenu dans une sécheresse bienvenue précédemment.
Cela dit, en ces
temps de blockbusters propres et aseptisés l'outrance et le côté bad ass
assumé des personnages reste sacrément jubilatoire (Willis avertissant
un malfrat qui l'a malmené de ne plus recommencer et de lui régler assez
radicalement son compte), tout comme la complicité communicative entre
Bruce Willis et Damon Wayans. D'ailleurs hormis l'inspiration de ses
illustres prédécesseurs, le Die Hard 3 (1995) de John McTiernan doit beaucoup
au niveau du ton (le côté épave humaine plus appuyé de McLane, la course
poursuite finale dans la ville) à ce Dernier Samaritain toujours aussi
divertissant.
Sorti en dvd zone 2 français chez Warner
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