mardi 18 mars 2014
Trop de maris - Too Many Husbands, Wesley Ruggles (1940)
Une jeune femme dont l'époux a disparu se remarie avec un ami du présume défunt. Un jour, celui-ci réapparait...
Une charmante screwball comedy adapté d'une pièce de W. Somerset Maugham et dont le postulat évoque fortement le Sérénade à trois (1933) de Lubitsch sans totalement en égaler l'audace. Vicky (Jean Arthur) suite à la disparition en mer de son mari Bill (Fred MacMurray) s'est grandement rapprochée du meilleur ami de celui-ci, Henry (Melvyn Douglas). Grand réconfort au moment de la perte, il finit par se rapprocher de Vicky au point d'en tomber amoureux et de l'épouser. Cependant l'ombre du défunt plane toujours sur le couple, Henry entretenant une sorte de jalousie d'outre-tombe en déchirant les quelques photos sur lesquelles il tombe et en début de film renommant même l'entreprise familial pour en faire disparaître le nom de Bill. Vicky elle-même n'a jamais complètement fait le deuil de son mari défunt et entretient toujours de doux et vivaces souvenirs du disparu. Cette présence implicite va pourtant s'avérer étonnamment concrète avec le retour inattendu de Bill qui n'est pas mort mais a échoué sur une île déserte dont il est tout juste rescapé. Rasé de près et ragaillardi, il est tout heureux de retrouver son épouse avant de se rendre à la cruelle évidence.
Le scénario amuse brièvement avec les tentatives maladroites et la gêne d'avouer la vérité au ressuscité mais c'est surtout quand le secret éventé que le film dévoile tout son arsenal comique. D'abord raisonnable face à la situation, les deux protagonistes masculins commence à se titiller sur leur légitimité respective à être l'époux de Jean Arthur, McMurray faisant de son rival un choix par défaut et ce dernier bien décidé à prouver qu'il n'aurait eu aucun mal à conquérir Vicky de toute façon. Fred MacMurray et Melvyn Douglas nous offre un grand numéro de régression enfantine où les démonstrations de forces les plus ridicules et les bassesses les plus viles faisant virer le triangle amoureux au combat de cours de maternelle. Jean Arthur ne ramènera pas le conflit à plus de mesure par son indécision permanente et au narcissisme que réveille ce duel pour s'attirer ses faveurs.
Délaissée par son Bill toujours en périple autour du monde puis par Henry pris par ses affaires, la situation lui offre une éclatante revanche en étant au centre de l'attention des deux hommes de sa vie enfin prêt à tout pour la conquérir. Jean Arthur est une nouvelle fois charmante et irrésistible, la scène la voyant prendre compte fièrement de sa position avantageuse étant un pur régal. C'est sa grâce et sa drôlerie qui rend le personnage si attachant alors qu'elle en fait voir de toute les couleurs aux deux hommes, ne parvenant pas à choisir et relançant même celui prêt à abandonner la partie (hilarante scène où elle galvanise un Melvyn Douglas dépité), ranimant les espoirs de chacun par un regard, un sourire en coin qui rend le renoncement impossible.
Fred MacMurray et Melvyn Douglas sont également excellent et forment un duo de rivaux parfaitement complémentaire qui rend le spectateur aussi indécis que Jean Arthur. MacMurray, grand dadais charmeur et sûr de lui apporte toujours cette petite touche de maladresse suscitant l'empathie et Melvyn Douglas en époux plus ouvertement fragile et anxieux (dont une très belle scène où il avoue ses états d'âmes et complexes) fait montre d'une vulnérabilité le rendant tout aussi digne de conquérir le cœur de Jean Arthur.
Walter Ruggles arrive plutôt bien à dynamiser l'origine théâtrale du récit (quasi entièrement en intérieur) même si c'est clairement un film d'acteurs plus que de mise en scène et l'ensemble est constamment relancé par des idées de gags et de quiproquos inventifs comme cette intervention finale de la police bien décidée à démasquer ce couple polygame. Contrairement à Sérénade à trois célébrant ouvertement l'amour libre dans son final, Too Many Husbands résout pour la forme la situation initiale par la loi mais la scène de danse finale nos laissera dans une délicieuse irrésolution.
Sorti en dvd zone 1 chez Sony et doté de sous-titres anglais
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