Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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lundi 23 février 2015

La Conspiration - Conspiracy of Hearts, Ralph Thomas (1960)

En Italie, pendant la Seconde Guerre mondiale, les nonnes d'un couvent aident des enfants juifs à s'échapper d'un camp de concentration. Mais des soldats allemands vont prendre la relève de la garnison italienne en charge du camp...

Conspiracy of Hearts est une œuvre humaniste puissante célébrant l'héroïsme de religieuses durant la Seconde Guerre Mondiale. L'histoire se déroule en Italie et une introduction quasi documentaire se charge de nous illustrer le contexte d'alors. Mussolini de plus en plus affaibli et soumis à son allié Hitler se voit destitué par son peuple. L'Italie sous occupation allemande se voit alors déchirée par le combat entre les anciens alliés, les partisans italiens menant la vie dure aux allemands qui disposent pourtant encore de l'allégeance d'une partie de l'armée italienne. Les affrontements causeront des morts nombreuses décimant les familles et créant de nombreux orphelins où parmi eux les juifs seront évidemment envoyés en camp de concentration. L'un d'eux en campagne avoisine un couvent où les nonnes menées par la Mère supérieure Catherine (Lili Palmer) font régulièrement évader des enfants juifs qu’elles font sortir du pays. Le chef de camp italien Spoletti (Ronald Lewis) les laisse tacitement faire mais tous va basculer avec l'arrivée d'une garnison allemande bien plus impitoyable.

L'ouverture aura servi à nous dresser l'équilibre des forces en présence mais le reste s'avère beaucoup plus flou et pas forcément réaliste quant à la région d'Italie où se passe le récit, la topographie du camp de prisonnier à peine esquissé et les méthodes d'évasions parfois un peu simples (même l'accord tacite et la garde auprès d'enfant est sans doute supposé moins étroite). Ce qui intéresse Ralph Thomas, c'est le questionnement humaniste de ces nonnes qui risquent ainsi leurs vies. Pour certaines comme Mère Catherine ou la novice Sœur Mitya (Sylvia Syms) ce devoir est inné même si elles s'interrogent chacune à leur échelle : Catherine sur sa responsabilité dans les risques qu’elle fait prendre à ses sœur et Mitya sur les élans amoureux de son cœur car sa vocation n'est pas totalement affirmée. D'autres enfermées dans le dogme religieux mais ne sachant voir au-delà sont contrariées par cet héroïsme forcé tel Sœur Gerta (Yvonne Mitchell).

Le propos est subtil et malgré leurs actions louables le scénario n'en fait pas des saintes immaculées mais des femmes qui s'interrogent et craignent pour leur vie. La même finesse s'impose également dans la description de l'ennemi allemand. Si l'on a un sous-fifre nazi sadique et typique avec le Lieutenant Schmidt (Peter Arne détestable à souhait), le Colonel Horsten (Albert Lieven) s'avère plus complexe. Guère porté sur le fanatisme et l'idéologie nazie, il sera toujours pragmatique dans sa volonté d'exécuter le plus efficacement les ordres mais le moment venu s'avérera aussi impitoyable tout en semblant toujours regretter les exactions auxquelles il est contraint.

Le film dresse ainsi ce portrait contrasté tout en ménageant de sacré moments de suspense dans les stratagèmes qu'emploient les nonnes pour faire sortir, cacher et évacuer les enfants au nez et à la barbe des nazis. Là aussi les enfants ne sont pas de simple figure angélique sans parole à sauver, le traumatisme, le reniement de soi et la peur de ceux-ci étant longuement exposée dans des moments douloureux (cette fillette qui a oublié son prénom et ne pense plus que mériter le sobriquet de "saletés de juive"). La scène où les nonnes les autorisent à célébrer le Yom Kippour et où ils fondent en larmes au moment d'écrire le nom de leurs disparus est un vrai déchirement.

Malgré le danger, le film garde presque un aspect ludique par l'ingéniosité de ces nonnes mais une dernière demi-heure insoutenable voit la réalité les rattraper et l'inhumanité nazie se faire jour, l'habit religieux ne constituant plus un rempart suffisant à la barbarie. Captivant de bout en bout, fin et poignant une grande réussite portée par une Lilli Palmer habitée (le fait qu'elle ait dû fuir l'Allemagne nazie avec sa famille car ils étaient juif contribue sans doute à la vérité de son interprétation). Le public anglais plébiscitera le film, en faisant un des cinq plus gros succès de l'année.

Sorti en dvd zone 2 français chez Elephant Film

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