Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

Pages

mardi 10 février 2015

The Virgin Soldiers - John Dexter (1969)

A Singapour, de nouvelles recrues britanniques font les frais de leur absence d'expérience, aussi bien militaire que sentimentale.

Trop jeunes pour avoir pu connaître l'intimité avec une femme, mais suffisamment vieux pour servir de chair à canon sur le front, telle est l'ironie sur laquelle fonctionne The Virgins Soldiers et son titre si bien trouvé. Le film adapte le roman de Leslie Thomas paru en 1966 et qui s'inspirait de sa propre expérience du service militaire qu'il effectua en Malaisie au début des années 50.

Le film s'avère une sorte de précurseur anglais de MASH (1970) et de Catch 22 (1970) tout en s'inscrivant dans la lignée des récits d'apprentissage sentimentaux et guerriers tel que Le Cri de la victoire (1955) de Raoul Walsh. Alors que chacun de ses films poussaient le curseur sur le potache (MASH), le cauchemar halluciné (Catch 22) et l'eau de rose (Le Cri de la victoire), The Virgins Soldiers s'avère plus équilibré. La première partie fait le portrait de ses soldats juvénile, de leur maladresse et inaptitude au combat de manière dans la joyeuse comédie de régiment.La justesse de la chronique évoque d'ailleurs Les Vainqueurs de Carl Foreman dont on ne s'étonnera pas de la présence à la production.

Le contexte guerrier n'est qu'une manière de montrer leur inaptitude à la vie au sens large et à l'épreuve à laquelle ils sont confrontés. Simple soldats de garnison c'est d'abord par l'ennui latent, le climat tropical oppressant et la frustration sexuelle que nous apprenons à les connaître. Sous les gags (dont un couple gay inséparable qui détone) une certaine mélancolie s'installe à travers le héros Brigg (Hywel Bennett) dont la quête d'affection se confond avec sa volonté de perdre sa virginité. Dans les deux cas il n'ose franchir le pas dans les occasions qui se proposent à lui, la prostituée locale Juicy Lucy (Tsai Chin) pouvant assouvir ses pulsions mais qu'il fuira apeuré dans la scène d'ouverture. Pour l'amour, sa timidité l'empêche d'aborder la fille de son supérieur Philippa (Lynn Redgrave) elle aussi tout aussi perdue et inexpérimentée que lui.

Le côté rigolard, outrancier et gentiment érotique côtoie donc la romance tout en candeur. Une ballade à deux charmante de gêne mutuelle ou une scène de bal maladroite s'alterne ainsi avec des scènes de dépucelage très triviales. Cette dualité rejoint finalement celle du film, l'insouciance des soldats en herbe se confrontant à l'horreur de la guerre. Cette noirceur s'immisce progressivement, la violence et la mort ambiante se manifestant dans des séquences dont l'humour noir annonce effectivement Catch 22 (une partie de foot qui tourne court de façon très inattendue), un ton guerrier désamorcé (Brigg partant en pleine mission faire des galipettes avec Juicy Lucy) puis effectif dans un final sanglant.

La confrontation avec le réel sera ainsi douloureuse le temps d'une scène de siège épique et spectaculaire en train, révélant le courage et la lâcheté de chacun et surtout cause de perte de personnages auxquels on s'était attaché. La jungle environnante source d'évasion amoureuse et de danger exprime bien l'apprentissage double du film, Brigg y découvrant à la fois la mort avec la disparition de ses camarades mais aussi la vie avec enfin sa première étreinte bien plus spontanée avec Philippa.

L'épilogue retrouve ainsi ce côté léger où nos héros peuvent retourner à la vie civile la tête chargée de souvenirs et d'aventures mais le parfum de spleen et le regard perdu de Brigg laissera néanmoins comprendre qu'un peu de leur innocence est restée dans cette jungle. Hywell Bennett est excellent pour exprimer cette confusion de sentiment (et prolonge dans un cadre guerrier son formidable rôle de The Family Way (1966)), tout comme une très attachante Lynn Redgrave et un formidable Nigel Davenport en sergent dur à cuir et bienveillant. Le film sera un grand succès de 1969 en Angleterre, au point de générer une suite en 1977 (adaptant le second roman de Leslie Thomas sur le sujet) Stand Up, Virgin Soldiers où Nigel Davenport reprendra son rôle.

Sorti en dvd zone 2 anglais chez Sony et doté de sous-titres anglais

2 commentaires:

  1. Waah, vous donnez sacrément envie!!
    J'aurais besoin d'un tuyau, où diable me procurer le film???
    je ne le trouve qu'en dvd zone 1 -_-
    Une piste, peut être??
    Merci d'avance :D

    RépondreSupprimer
  2. Oui bien sûr le film est sorti en dvd zone 2 anglais (avec sous titre anglais) dans cette édition

    http://www.amazon.co.uk/Virgin-Soldiers-DVD-Nigel-Davenport/dp/B007RY7E6U/ref=sr_1_1?s=dvd&ie=UTF8&qid=1424220528&sr=1-1&keywords=the+virgin+soldiers

    RépondreSupprimer