Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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lundi 21 novembre 2016

Stars in My Crown - Jacques Tourneur (1950)

En 1865, au moment où s'achève la Guerre de Sécession, le pasteur Gray s'installe dans la bourgade sudiste rurale de Walesburg ; la vie y est simple et rude mais les enfants s'épanouissent entre école, chasse, pêche et moisson; l'ombre du Ku Klux Klan rôde autour d'un vieux Noir et très vite, les convictions du jeune docteur Harris s'opposent à celles du pasteur, surtout quand éclate une épidémie de typhoïde. Le pasteur dévoué à sa communauté a recueilli avec sa femme un jeune orphelin, John Kenyon qui est le narrateur...

Stars in My Crown était considéré comme son film favori par Jacques Tourneur. Cette fable apaisée est pourtant bien éloignée d'une filmographie nettement plus basée sur la tension et le mouvement tant dans le fantastique, le film d'aventures, le film noir ou son précédente incursion dans le western avec Le Passage du Canyon (1946). La voix-off adulte du narrateur John Kenyon et encore petit garçon au sein du récit (Dean Stockwell) annonce la dimension nostalgique qui traversera le film dans cette vision d'un paradis perdu. Le film célèbre un monde révolu tant dans les souvenirs ému du narrateur que dans les valeurs nobles et bienveillantes. Le symbole de cela sera le pasteur Gray (Joel McCrea) père adoptif du petit John et esprit volontaire prêt à tout pour tirer le meilleur de ces concitoyens. L'introduction du personnage donne le ton, Gray débarquant en ville en faisant son premier prêche dans le saloon local.

Le passé, le présent et le futur du pays se joue dans le microcosme de cette bourgade sudiste de Walesbourg. Le pasteur Gray a combattu lors de la Guerre de Sécession, parcours qui scelle son amitié indéfectible avec le truculent Jeb Isbell (Alan Hale) mais posera la tentation de reprendre les revolvers lors de moments plus dramatiques. Les fantômes du passé planent aussi dans le conflit terrien qui oppose le vieux noir Oncle Famous (Juano Hernández) et le Lo Backett (Ed Begley) le second souhaitant s'approprier les terres du premier pour faire avancer son exploitation minière. Son refus va ranimer les élans racistes et faire à nouveau chevaucher les "night riders" du Ku Klux Klan. Enfin c'est la foi et la science qui s'opposent également avec le jeune médecin Harris (James Mitchell), pragmatique agacé par l'importance de la foi chez ses malades réclamant autant le pasteur Gray que lui.

Tous ces enjeux se déroulent dans une tonalité bucolique, où tous les conflits semblent au départ pouvoir se résoudre par le bon sens. Les intimidations envers Oncle Famous tournent cours grâce à la solidarité de ses voisins, le pasteur Gray fait jouer son autorité et humour pour stopper nette l'humiliation d'un faible en pleine rue et plus globalement tout dans l'imagerie du film tant à tisser les contours de cette nostalgie. La photo de Charles Schoenbaum et le filmage de Tourneur dessinent de véritables cartes postales passéistes et chaleureuse dans les plans d'ensemble sur la ville et les scènes naturalistes (belles séquences de pêche) et les situations truculentes amènent une légèreté bienvenue (le gimmick sur la chanson-titre Stars in my crown, une consultation enfantine mouvementée du médecin).

Les péripéties (une épidémie de fièvre typhoïde, une tentative de lynchage) ébranlent les protagonistes qui doutent, s'égarent et souffrent (remarquable prestation de Joel McCrea qui réussit à faire vaciller son interprétation si forte) avant que cette bienveillance, cette humanité naturelle envers l'autre transcende les doutes. Cela pourrait sembler désuet mais la force de l'interprétation et des situations (McCrea faisant face seul au Ku Klux Klan) font croire à cette bienveillance encore vivace sans que le ton ne bascule dans la niaiserie bondieusarde. En somme Tourneur réussit là où échouera le pourtant plus célébré La Loi du Seigneur (1956) de William Wyler avec ce film attachant.

Sorti en dvd zone français chez Warner 

1 commentaire:

  1. Oui,un bon Tourneur qui mérite sa réputation.Pas revu depuis longtemps.
    J'ai pourtant le dvd.à revoir donc.

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