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dimanche 16 septembre 2018

SHe - Zhou Shengwei (2018)


Dans un monde dominé par les chaussures masculines, les talons hauts féminins ont interdiction de travailler. Les chaussures nouvellement nées sont destinées à être transformées en mâles afin de pouvoir travailler dans une usine.

Après la découverte cette année du remarquable Have a nice day, She est l’occasion de découvrir un autre versant de l’animation indépendante chinoise. C’est le canal idéal pour les œuvres « à message » de cette animation chinoise, les moyens limités stimulant l’imagination et le propos de ses créateurs. Il s’agit là du premier long-métrage de Zhou Shengwei après une série de courts remarqués et se caractérisant par leur sens de la dérision et de l’absurde.  On retrouve de cela dans She à travers un environnement oppressant et un propos captivant animé en stop-motion. 

Le réalisateur a conçu un univers surréaliste à partir d’un recyclage massif d’objets du quotidien et nécessitant près de 58 000 photos. Nous plongeons dans un monde industriel totalitaire et machiste où des chaussures masculines imposent leur volonté à des talons hauts féminins. Le motif de la répétition laisse découvrir les codes de ce cadre glacial dont la seule émotion vient  des talons féminins littéralement entravés. La féminité est une anomalie à éteindre, la figure masculine carnassière sombre de la chaussure étouffant les talons rouge (aux contours) féminins à travers plusieurs motifs. « L’inhumanité » masculine se conjugue à une froideur industrielle qui assujetti une féminité incarnant la nature avec cette végétation qui lui pousse, et que l’oppresseur veut remplacer par des boulons. La bande-son faite d’onomatopées exprime aussi cette opposition avec les bruits sourds et le grognement de la chaussure homme face à la vulnérabilité des talons qui passe par une nuance formidablement travaillées d’expressions – sous l’aspect au premier abord répétitif.

Le réalisateur déploie plusieurs tableaux où cet affrontement schématique où la modernité cède systématiquement à la nature représentée par le talon féminin, comme une force ancestrale qui se régénère à chaque éradication. Ce simplisme parvient pourtant à être dépassé quand approche la conclusion, l’ivresse du pouvoir n’ayant finalement pas de sexe et menant à un même capitalisme aveugle. Le foisonnement d’idées du réalisateur suscite une émotion constante mais dessert un récit qui tire en longueur une matière trop ténue pour une durée de 1h30. Il ‘en reste pas moins une première œuvre originale et prenante. 

Découvert à L'étrange Festival et donc encore inédit

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