Dans un hôpital de Los
Angeles, au service des urgences, le docteur Flax est au chevet d'un blessé que
les policiers viennent d'amener. Elle demande à ces derniers de quitter la
chambre. Restée seule au chevet du blessé, elle est bientôt comme hypnotisée par
les yeux fixés de l'homme. Soudain, celui-ci lui saute dessus, la blesse et
meurt aussitôt…
Nomads est un
premier film dont l’intérêt repose plus sur les éléments entrevus de la
carrière future de John McTiernan que pour sa réussite très relative. S’il
deviendra un maître du blockbuster par la suite, les goûts initiaux de
McTiernan se portent plutôt sur le cinéma européen et notamment la Nouvelle
Vague, ce que détermine l’approche « arty » de Nomads. Cela est d’autant plus criant avec le script est signé par
McTiernan, plus à l’aise par la suite pour glisser ses obsessions en « contrebandier »
sur des produits plus calibrés. Parmi les éléments captivants, on trouve cette
volonté de transposer une dimension rituelle et sauvage dans un environnement
urbain.
Cela fonctionne dans la facette paranoïaque voyant l’anthropologue
Jean-Charles Pommier (Pierce Brosnan) perdre pied mentalement, fasciné et
terrifié par les adversaires surnaturels traqués autant que fuit. Le côté
incertain du danger, les compositions de plan où prédateurs et proies partagent
l’image (à l’insu des seconds) annoncent clairement Predator (1987). Même l’explication de leur nature est un peu
confuse, on comprend que les méchants sont des « inuats », variantes
des inuits dont le nomadisme est autant géographique que mental dans leur façon
d’envahir votre esprit, de vous détacher de la réalité par leur présence
inquiétante. McTiernan instaure une atmosphère urbaine nocturne de plus en plus
surnaturelle où se dessine le mal diffus par des motifs discrets (ce fameux
camion rôdant) où plus heurtés avec les inserts entre flashback et rêverie que
subit le Dr Flax (Lesley-Ann Down).
Tant qu’on reste dans une relative suggestion, cela
fonctionne donc plutôt bien. Mais dès qu’il s’agira d’illustrer le mystère l’ensemble
se montre particulièrement poussif. McTiernan échoue complètement à transposer la
facette ancestrale des « Nomades » dans un cadre moderne. Le côté
rituel est bien là et on voit les prémisses de la terrifiante plongée chez les
Wendols de Le Treizième guerrier
(1999) mais le look gothique cuir biker des « Nomades » (dont le
leader est joué par le rocker new wave anglais Adam Ant) et l’aspect tribal
véhiculé par un affreux rock FM plonge l’ensemble dans le pire kitsch 80’s
plutôt que de le rendre intemporel. La sous-intrigue autour de Lesley-Ann Down
(très mauvaise) revivant l’odyssée fatale de Brosnan est particulièrement
poussive et une narration plus directe aurait été la bienvenue.
Autre point plus mineur mais fâcheux quand on
sait l’importance de l’usage/apprentissage/compréhension de la langue dans ses
films à venir, le ridicule et l’inutilité d’avoir fait du personnage de Brosnan
et son épouse des français qui parlent tout le temps anglais (avec un faux
accent risible) entre eux tout en glissant quelques bribes dans la langue de
Molière histoire de. On sauvera une
scène cauchemardesque où Brosnan s’introduit dans une église abandonnée dans
une pure approche hallucinée qui annonce la rencontre sous-terraine avec la
reine Wendols dans Le Treizième Guerrier.
Les quelques promesses de la suite sont donc les seuls raisons de voir ce
Nomads, ce que verront bien Arnold Schwarzenegger et Joel Silver qui l’engageront
sur un Predator d’une toute autre
tenue.
Sorti en dvd zone 2 français chez TF1 Vidéo
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