Parti à la recherche d'une équipe de conseillers militaires américains dans la forêt équatorienne, un commando de mercenaires dirigé par Dutch Schaefer est attaqué par un ennemi invisible et indestructible.
John McTiernan signe son premier classique avec cette
grandiose relecture des Chasses du Comte
Zaroff. Le chasseur vient cette fois d’un autre monde traquer la proie la
plus dangereuse de la galaxie, l’Homme. Un peu à la manière du Aliens (1986) de James Cameron où les
fanfaronnades des militaires étaient éteintes par les assauts imprévisible des
aliens, McTiernan procède ici par étape. Le début est presque un cliché du film
de commando ici hypertrophié à l’aune de l’actionner bourrin des 80’s.
Muscles
saillants, armes à feu (le petit pépère) et poignards aux proportions démesurées
symbolisant la toute-puissance sexuelle de ces soldats caractérisés comme des
demi-dieux, le réalisateur y va fort. Les aléas même du tournage servent cette
vision avec une première scène d’action efficace mais grotesque (car signé par
la 2e équipe dont le réalisateur officiait surtout sur des séries
comme L’Agence tous risques) où notre
équipe de sauvetage prend l’assaut d’un village.
L’évolution des individus et leur imprégnation dans leur
environnement est au cœur de l’œuvre de McTiernan et s’exprime déjà brillamment
dans ce second film (après le méconnu Nomads).
Schwarzenegger et ses acolytes semblent tout d’abord dominer cette jungle
touffue du haut de leurs carrures démesurée, rompus qu’ils sont à ces missions
à haut risque et les acteurs étant particulièrement crédibles dans les manœuvres
militaires après un entraînement intensif. Les rares moments où ils semblent
finalement dominés par la jungle et vulnérables, c’est à travers le regard
infra-rouge et omniscient du Predator, seul être plus féroces qu’eux en ces
lieux.
McTiernan inverse donc progressivement le rapport à cette
jungle pour le commando, peu à peu chétif et exposés par la menace sourde et
inconnue du Predator. Les mastodontes sont mis à mal et rongés par le doute et
la peur (rendant d’autant plus forte le contraste avec l’introduction où ils
font figures de brutes épaisses) et les assauts chirurgicaux du Predator dégage
un mystère et une précision fascinante notamment par l’usage de son arme de
camouflage. McTiernan l’introduit subtilement, vision subjective étrange en
infra-rouge où il « étudie » ses proies, silhouette furtive
puis imposante au look sauvage et véloce (dû à Stan Winston et officieusement à
James Cameron qui dépanna son ami après un premier design catastrophique qui
fit interrompre le tournage).
Trop faible, trop soumis à ses émotions et ses
armes, l’Homme ne peut que chuter face aux assauts du chasseur glacial qu’est
le Predator et ce qui faisait figure de démonstration de force dans la première
partie devient alors de terribles aveux d’impuissance avec ce vidage de
mitrailleuse rasant un pan entier de jungle. Les morts sont brutales,
sanglantes et rituelles, le Predator arborant tel des trophées les organes de
ses victimes.
McTiernan atteint la quintessence de son art dans la
dernière partie quasiment muette. La conquête de cet espace sauvage va se jouer
entre le dernier des hommes et le Predator. Arnold Schwarzenegger conscient de
ses limites dramatiques aura toujours su choisir intelligemment ses rôles en incarnant
des forces de la nature, humaine (Conan
le barbare), robotique (Terminator)
ou imaginaire (Last Action Hero) mais
servant toujours une imagerie de surhomme propre aux exploits les plus
démesurés.
Cela n’a jamais été plus vrai que dans Predator où toute cette masse physique impressionne tout en
semblant chétive face à la présence indestructible du Predator. Pour reprendre
possession de la jungle, il doit oublier tout ce qu’il sait pour régresser à l’état
sauvage où seuls ses instincts guident ses actions. La musique martiale et
tribale d’Alan Silvestri accompagne donc cette transformation filmée par un
McTiernan en état de grâce, pour se conclure par un Schwarzenegger enduit de
boue, les yeux fous et qui lâche un hurlement de défi à l’adresse de son adversaire.
Ce cri n’a plus rien d’humain, c’est celui d’une bête, d’un homme revenu à l’âge
de Neandertal.
La forêt perd toute topographie réaliste pour devenir un
espace mythologique où s’affronte deux titans. Le combat impressionne et est
truffé de rebondissement, la machine froide qu’est le Predator reconnaissant la
valeur de son ennemi en abandonnant les armes pour le combattre à main nues et
à visage découvert (ce qui occasionnera une réplique mémorable de Schwarzenegger).
Sur le papier, un film d’action gros bras mâtiné de fantastique totalement
transcendé par l’inspiration de son réalisateur qui signe là un très grand
film.
Sorti en dvd zone 2 français et en bluray chez Fox
La réplique de Schwarzy mentionnée dans le dernier paragraphe est plus mémorable en français qu'en V.O. :"(Toi)T'as pas une gueule de porte-bonheur" adapté de la V.O. "You're very ugly".
RépondreSupprimerLa VO complète est géniale aussi "You're one ugly motherfucker" ^^ mais c'est vrai que c'est l'époque où l'on avait droit à des vf fleuries bien jubilatoires !
RépondreSupprimerBonjour, je revois souvent ce film très réussi qui n'a pas pris une ride. Et puis j'ai un gros faible pour le Prédator qui tue les gens armés. Bonne après-midi.
RépondreSupprimerVoici une petite bande annonce d'une parodie du film Predator :
RépondreSupprimerhttps://youtu.be/eny3PN7CczM