Bien que l'inspecteur Bestwick, de
Scotland Yard, ait interdit à ses collaborateurs d'utiliser les services
des indicateurs recrutés dans le " milieu ", le dynamique inspecteur
Johnoe continue à recueillir les renseignements que lui fournit l'un des
plus habiles d'entre eux : Jim Ruskin. Ce dernier le met sur la trace
de l'animateur du gang qui vient de réaliser plusieurs hold-up récents.
Juin soupçonne un certain Bertie Hovk, un tueur devenu chef de gang.
Mais, bientôt, Jim est assassiné et son frère Charlie décide de le
venger.
Pas forcément toujours convaincant dans les
grosses productions plus connues qui ornent sa filmographie (la partie
anglaise du Jour le plus long, Ces merveilleux fous volants dans leurs drôles de machines, La Bataille des Ardennes), Ken Annakin montre par contre un vrai brio dans ce plus modeste The Informers
qui constitue un solide polar. Le film est plutôt précurseur du rebattu
mais semble-t-il pas si fréquent jusque-là thème de la relation ambiguë
pouvant se nouer entre un flic et son informateur et qui sera pas mal
exploité par la suite notamment dans le cinéma français pour des films
comme La Balance (1982) ou Le Cousin (1996) d'Alain Corneau.
Devant
la recrudescence du crime et notamment les méfaits récurrent d'une
bande braqueurs, la hiérarchie de Scotland Yard décide d'interdire à la
police d'utiliser des indics et plutôt se servir désormais des
technologies modernes récemment mise en place. L'inspecteur Johnoe
(Nigel Patrick) n'en a cure tant il a noué de solides contact dans la
rue notamment avec Jim Ruskin (John Cowley), ce qui fait enrager son
frère Charles criminel repenti mais vivant encore selon les lois de la
rue. Jim va cependant faire preuve de trop de zèle et sera démasqué par
le gang de braqueurs avant de fournir l'information. Johnoe se met donc
en quête de venger son informateur, tout en essayant de calmer les élans
violents de Charlie bien décidé aussi à retrouver les meurtriers de son
frère. Le scénario (adapté du roman de Douglas Warner
Death of a Snout )
est très intéressant dans les frontières floues qu'il tisse entre le
monde policier et criminel. On en est pas encore aux policiers
borderline aux méthodes violentes où se confondant avec la rue qu'on
trouvera dans le polar urbain des années suivantes (
French Connection,
Inspecteur Harry,
Serpico...) mais
The Informers
lance déjà quelques pistes.
Flic teigneux jonglant déjà avec la loi,
Johnoe va néanmoins s'avérer trop doux pour stopper le redoutable duo de
méchants. Bertie Hovk (Derren Nesbitt) c'est le feu avec ce tueur
reconverti en business man mais dont la violence peut ressurgir à tout
moment (voir le moment où il malmène la balance et l'achève en lui
roulant dessus en voiture) et nouant une relation tumultueuse avec la
prostituée Maisie (Margaret Whiting). La glace c'est Leon Sale (Frank
Finlay bien inquiétant) à l'esprit machiavélique et organisant les
plans. L'ambiguïté réside donc ici dans l'impuissance de la police avec
un Johnoe piégé pour corruption obligé transmettre le relai aux méthodes
plus radicales des petites frappes (enlèvement, chantage, menaces...)
pour résoudre son enquête. Annakin filme tout cela comme une remarquable
partie d'échec reposant plus sur les manigances de chacun dans son coin
plutôt que l'action pure et malgré le tournage à Pinewood on arrive à
ressentir une certaine urgence urbaine et authenticité dans les milieux
dépeints (hormis le flambeur Bertie tous les truands ayant une activité
ouvrière et une vie de famille en couverture). Même si le final retombe
sur ses pattes morales, tout le film rend donc poreux les liens entre
truands et policiers notamment la solidarité toute relative avec un
collègue de Johnoe guère embarrassé d'enquêter sur lui et le faire
tomber, la réhabilitation se faisant grâce aux voyous.
Après
cette lente montée en puissance, la conclusion sera des plus nerveux
avec une longue bagarre de rue où à cette époque où les armes à feu sont
rares(et sortie en dernier recours comme on le voit ici) les
règlements de comptes se font avec poings, gourdins et outils de
bricolage au fracas douloureux. Vraiment bien mené et équilibré avec un
scénario parvenant à faire exister tout le monde notamment les
personnages féminins avec la soumise Maise remarquablement jouée par
Margaret Whiting ou la femme de Johnoe qu'incarne Katherine Woodville
(on pense même un moment qu'elle va prendre les choses en main comme la
Billie Whitelaw du bien teigneux
Payroll très bon polar anglais déjà évoqué ici). Bon petit polar donc qui sera l'inspiration d'une série policère anglaise culte des 70's,
The Sweeney.
Sorti en dvd zone 2 anglais sans sous-titres
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