Un metteur en scène de Broadway tente de permettre à un chanteur-acteur, qui a sombré dans l'alcoolisme, de remonter sur scène.
Un beau mélo qui valut à Grace Kelly un Oscar au nez et à la barbe d'une Judy Garland favorite pour
Un étoile est née
et où l'on ne pourra qu'une fois de plus regretter qu'elle ait
abandonné si tôt sa carrière d'actrice. Elle se place en fait à la
hauteur de ses partenaires Bing Crosby et William Holden dans cette
adaptation de la pièce éponyme de Clifford Odets qui explore avec une
force rare les désespoirs et les doutes de l'artiste et son entourage.
On plonge ici dans le monde du théâtre où trois personnages vont se
déchirer quelques semaines avant la première de la pièce sur laquelle
ils travaillent. Bernie Dodd (William Holden) metteur en scène
entièrement voué à son travail décide de donner sa chance à la star
déchue Frank Elgin (Bing Crosby) mais ce dernier est encore rongé par
l'alcoolisme et la perte d'estime personnelle. Ces tourments semblent
être alimentés par sa jeune et dominatrice épouse Georgie (Grace Kelly)
qui ne cesse de le dévaloriser.
George Seaton pousse loin ce
tableau de départ avant de le faire imploser. Grace Kelly surprend ainsi
dans un registre dénué de tout glamour, avec ses tenues strictes et ses
airs pincés, son phrasé plouc et la dureté de ses traits et attitudes.
Seaton la filme même tel un cerbère fantomatique (l'apparition dans la
pénombre dans le théâtre) présent pour tourmenter son époux déjà bien
mal en point et joué avec une fragilité bouleversante par Bing Crosby.
Pourtant chaque artiste amène avec lui ses démons dans son expression et
l'accomplissement naît de ce qu'il en fait, s'ils le paralysent ou le
stimulent.
C'est la problématique de chaque personnage et également d'un
remarquable William Holden voyant à travers Grace Kelly le reflet de
son ex épouse n'ayant jamais su le comprendre, avant d'admettre qu'elle
symbolise la dévotion à laquelle il n'eut jamais droit dans son mariage.
Cela est amené avec une grande finesse lors des diverses et intense
joutes verbales entre les deux personnages où la haine n'est jamais bien
loin d'un désir brûlant.
L'histoire explore ainsi l'équilibre
précaire amenant un Bing Crosby a enfin redevenir ce qu'il fut et
exprime ainsi l'infantilisation de l'artiste face à son entourage, Grace
Kelly jonglant entre maternage et dureté saisissante. Le couple formé
avec Bing Crosby (qui ne fut pas que fiction durant le tournage)
transpire le vécu et les rancœurs passées, mais aussi une flamme qu'on
ne désespère pas de voir renaître.
L'amuseur Bing Crosby se met à nu
comme jamais, faisant rejaillir par intermittence son génie musical
(l'audition d'ouverture) mais sinon malmenant son image en faisant de sa
jovialité un masque et un signe de sa lâcheté, le traumatisme d'un
drame passé se mêlant à son déclin. Seaton ne fait pas pour autant de
The Country Girl
une ode au monde du spectacle et malgré de jolies scène de répétitions
le rétablissement d'Elgin est escamoté alors que l'on n'avait rien perdu
de sa déchéance.
Comme le souligne un dialogue, le plus important n'est
pas qu'il redevienne l'artiste mais l'homme qu'il fut et dans une
magnifique scène final le leitmotiv musical synonyme de séparation
devient ici est bel instrument de réunion, et quel regard final
débordant d'amour de Grace Kelly...
Sorti en dvd zone 2 français chez Paramount
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