Une jeune femme, le soir de son mariage
voit resurgir son amour de toujours qui désire l'emmener avec lui.
Pendant qu'elle prépare ses bagages, elle se remémore sa vie.
Kitty Foyle
marque l'aboutissement du virage de carrière amorcé par Ginger Rogers
et qui se verra récompensé par l'Oscar de la meilleure actrice. Ginger
Rogers se sera progressivement détachée de l'imagerie glamour rattachée à
ses comédies musicales avec Fred Astaire et se réinventa à la fin des
années 30 pour incarner désormais la fille du peuple, symbole de cette
Amérique en crise dont elle devient la représentante à l'écran avec des
personnages vivant les mêmes difficultés et luttant pour survivre au
quotidien. Ce registre donna des chefs d'œuvres chez Gregory La Cava (
Pension d'artistes,
La fille de la Cinquième avenue,
Primrose Path) et de jolis films ailleurs comme
Mariage Incognito (1938) de George Stevens
Mademoiselle et son bébé de Garson Kanin (1939).
Ginger Rogers incarne à nouveau le peuple et plus précisément LA femme dans la symbolique scène d'ouverture de
Kitty Foyle.
Sam Wood traverse ainsi le début du siècle jusqu'à l'époque
contemporaine avec Ginger Rogers incarnant l'évolution du statut de la
femme : fille bonne à marier et mère de famille qui progressivement
obtient le droit de vote, travaille et devient autonome. Ginger Rogers
est ici Kitty, femme moderne et confrontée à de nouvelle difficulté avec
ce progrès et évolution de statut. Cela va s'amorcer avec le dilemme
proposé à l'héroïne demandée en mariage par son prétendant de longue
date Mark (James Craig) et qui voit ressurgir son amour de toujours Wyn
(Dennis Morgan).
On découvrira dans un flashback introspectif où Kitty
se questionne sur son choix les enjeux qui se jouent à travers les deux
soupirants. Wyn représente toute la magie, le romantisme de conte et la
lumière dont rêvait la jeune Kitty lorsqu'elle guettait les bals mondain
de l
'assembly dans sa jeunesse à
Philadelphie. Wyn est le prince charmant de ses rêves et Sam Wood
traduit leur séquence commune dans une tonalité de rêve éveillé et de
romantisme idéalisé envoutants et bien sûr trop beau pour être vrais.
Chaque scène aussi flamboyante soit-elle est ainsi brutalement ramenée
au fossé social entre Wyn et Kitty notamment la belle scène de bal et le
mariage suivit de la rencontre avec la condescendante famille
aristocrate.
A l'inverse Mark, le médecin bienveillant est issu du même
milieu et affronte des réalités similaires à Kitty (très amusant premier
rendez-vous où il la joue pingre avec un grand sourire) les séquences
avec lui jouant plus de la comédie et la complicité entre eux. Difficile
de choisir pourtant entre le rêve dégagé par Wyn et la sécurité
véhiculée par Mark, là aussi la bonhomie de James Craig s'opposant aux
penchants plus torturés de Dennis Morgan.
Le script oscille ainsi
sans que l'on puisse réellement anticiper le choix et il est dommage
que Trumbo cède finalement ouvertement aux contraintes du code Hays
puisque (même si cela reste cohérent dans la progression) on devine que
le couple "légitime" est privilégié au profit de l'aventure. Sam Wood
délivre une mise en scène délicate et inspirée notamment les flashbacks
confondant la boule de neige à la réelle tempête en fondu et magnifie
les traits d'une Ginger Rogers à la fragilité palpable mais déterminée (dont cette scène où elle s'interroge sa conscience à travers le miroir).
Wood peine cependant à atteindre l'émotion et la force dramatique d'un
La Cava ici plus dû aux acteur et à la construction habile de Trumbo
plutôt qu'à sa réalisation. Une belle réussite tout de même.
Sorti en dvd zone 2 français aux Editions Montparnasse mais l'image n'est franchement pas fameuse donc pencher plutôt pour le zone 1 Warner qui comporte des sous-titress français
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