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mardi 30 avril 2013

Kitty Foyle - Kitty Foyle : The Natural History of a Woman, Sam Wood (1940)


Une jeune femme, le soir de son mariage voit resurgir son amour de toujours qui désire l'emmener avec lui. Pendant qu'elle prépare ses bagages, elle se remémore sa vie.

Kitty Foyle marque l'aboutissement du virage de carrière amorcé par Ginger Rogers et qui se verra récompensé par l'Oscar de la meilleure actrice. Ginger Rogers se sera progressivement détachée de l'imagerie glamour rattachée à ses comédies musicales avec Fred Astaire et se réinventa à la fin des années 30 pour incarner désormais la fille du peuple, symbole de cette Amérique en crise dont elle devient la représentante à l'écran avec des personnages vivant les mêmes difficultés et luttant pour survivre au quotidien. Ce registre donna des chefs d'œuvres chez Gregory La Cava (Pension d'artistes, La fille de la Cinquième avenue, Primrose Path) et de jolis films ailleurs comme Mariage Incognito (1938) de George Stevens Mademoiselle et son bébé de Garson Kanin (1939).

Ginger Rogers incarne à nouveau le peuple et plus précisément LA femme dans la symbolique scène d'ouverture de Kitty Foyle. Sam Wood traverse ainsi le début du siècle jusqu'à l'époque contemporaine avec Ginger Rogers incarnant l'évolution du statut de la femme : fille bonne à marier et mère de famille qui progressivement obtient le droit de vote, travaille et devient autonome. Ginger Rogers est ici Kitty, femme moderne et confrontée à de nouvelle difficulté avec ce progrès et évolution de statut. Cela va s'amorcer avec le dilemme proposé à l'héroïne demandée en mariage par son prétendant de longue date Mark (James Craig) et qui voit ressurgir son amour de toujours Wyn (Dennis Morgan).

On découvrira dans un flashback introspectif où Kitty se questionne sur son choix les enjeux qui se jouent à travers les deux soupirants. Wyn représente toute la magie, le romantisme de conte et la lumière dont rêvait la jeune Kitty lorsqu'elle guettait les bals mondain de l'assembly dans sa jeunesse à Philadelphie. Wyn est le prince charmant de ses rêves et Sam Wood traduit leur séquence commune dans une tonalité de rêve éveillé et de romantisme idéalisé envoutants et bien sûr trop beau pour être vrais. Chaque scène aussi flamboyante soit-elle est ainsi brutalement ramenée au fossé social entre Wyn et Kitty notamment la belle scène de bal et le mariage suivit de la rencontre avec la condescendante famille aristocrate.

A l'inverse Mark, le médecin bienveillant est issu du même milieu et affronte des réalités similaires à Kitty (très amusant premier rendez-vous où il la joue pingre avec un grand sourire) les séquences avec lui jouant plus de la comédie et la complicité entre eux. Difficile de choisir pourtant entre le rêve dégagé par Wyn et la sécurité véhiculée par Mark, là aussi la bonhomie de James Craig s'opposant aux penchants plus torturés de Dennis Morgan.

Le script oscille ainsi sans que l'on puisse réellement anticiper le choix et il est dommage que Trumbo cède finalement ouvertement aux contraintes du code Hays puisque (même si cela reste cohérent dans la progression) on devine que le couple "légitime" est privilégié au profit de l'aventure. Sam Wood délivre une mise en scène délicate et inspirée notamment les flashbacks confondant la boule de neige à la réelle tempête en fondu et magnifie les traits d'une Ginger Rogers à la fragilité palpable mais déterminée (dont cette scène où elle s'interroge sa conscience à travers le miroir). Wood peine cependant à atteindre l'émotion et la force dramatique d'un La Cava ici plus dû aux acteur et à la construction habile de Trumbo plutôt qu'à sa réalisation. Une belle réussite tout de même.

Sorti en dvd zone 2 français aux Editions Montparnasse mais l'image n'est franchement pas fameuse donc pencher plutôt pour le zone 1 Warner qui comporte des sous-titress français

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