Charles Rane est un vétéran de l'armée.
Considéré comme un héros de guerre par sa ville, tout le monde lui
offre beaucoup de cadeaux. Une bande de voleurs y voit l'occasion de
s'enrichir. Ils attaquent la maison de Charles Rane.
Rolling Thunder prolonge un an après
Taxi Driver
(1977) les préoccupations de Paul Schrader de nouveau au script avec ce
même penchant pour les personnages violent et autodestructeur ainsi que
le traumatisme du Vietnam en source de ce mal-être. Rolling Thunder
n'atteint pas la puissance du film de Scorsese (dont il est une variante
plus rurale) mais sous ses dehors de série B musclée est digne
d'intérêt grâce au brio de John Flynn.
Le film s'ouvre sur le
retour au pays triomphal de Charles Rane (William Devane), vétéran du
Vietnam ayant passé sept ans dans un camp de prisonnier. Uniforme
fièrement arboré, pose de vainqueur et discours rassurant, Rane semble
sorti grandi de l'expérience et répondre idéalement aux honneurs qui lui
sont accordés.
On comprendra vite qu'il n'en est rien et que ce n'est
pas son foyer où il est désormais un étranger qui lui fera retrouver
l'équilibre. Tous les repères s'effondrent avec ce fils qu'il n'a pas vu
grandir et sa femme ayant connu des aventures et amoureuse d'un autre
homme. Assaillie par les visions des tortures subies au Vietnam, Rane en
a conservé la discipline d'hygiène de vie, celle qui lui a permis de ne
pas craquer et reste donc un être sous tension.
William Devane, masque
de froideur cachant son bouillonnement derrière ses épaisse lunettes de
soleil est formidable de bout en bout. Le scénario de Schrader est
malin en faisant du motif de la vengeance un quasi prétexte pour libérer
les pulsions de Rane. Celui-ci va subir une terrible agression au terme
de laquelle il va perdre sa main et où surtout sa femme et son fils
seront brutalement assassinés. John Flynn aura intelligemment amené cela
avec ces courts inserts noir et blanc où les douloureux souvenirs des
geôles vietnamiennes viennent pénétrer le quotidien, Rane mimant ces
mêmes tortures le temps d'une scène et adoptant par réflexe une
résistance suicidaire lors de son agression qui conduira au terrible
drame.
Les agresseurs s'intervertissent donc thématiquement et
par le montage aux Viêt-Cong dans l'esprit de Rane. Après avoir revécu
les maltraitances des camps face à eux, il va trouver par la vengeance
la possibilité de sortir enfin vainqueur. Fantomatique dans la première
partie du film, Rane s'éveille enfin dans la méticulosité qu'il apporte à
la préparation de ses armes, à l'aiguisement du crochet qui lui sert
désormais de main. On pourrait en dire de même pour son ancien compagnon
d'arme tout aussi égaré joué par Tommy Lee Jones, totalement éteint
jusqu'au gunfight final. Le film a une réputation sulfureuse et de
grande violence mais s'avère finalement très posé et introspectif,
rendant d'autant plus forte les élans de brutalité trop longtemps
contenus.
Le rythme s'avère tout de même un peu lent et Flynn ne
parvient pas tout à fait à donner ce sentiment d'enfer sur terre que
dégageait
Taxi Driver. Flynn
désamorce l'ambiguïté du script de Schrader par la nature grotesque des
antagonistes, simple prétexte au catharsis du héros et bien exprimé par
l'outrance de la libératrice scène finale qui fait parler la poudre et
les débordements sanglants. Cet apaisement final ne semble en effet que
bien provisoire, on ne doute pas que pour se défaire de ses démons Rane
doive à nouveau s'abandonner à la barbarie.
Sorti en dvd zone 2 anglais et Bluray anglais sans sous-titres
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