Le film nous montre la vie dans un CHU
de Manhattan et s'attache au Dr Bock (George C. Scott), le directeur
médical, dont la vie est devenue un chaos : sa femme l'a quitté, ses
enfants ne lui parlent pas et le CHU qui lui était si cher est en train
de partir en morceaux. Avec tout cela le CHU voit un certain nombre de
morts étranges, aussi bien parmi les médecins que parmi le personnel de
l'hôpital, et tout cela finit par conduire le Dr Bock au bord de folie.
Arthur Hiller et le dramaturge Paddy Chayefsky se retrouvaient quelques années après leur géniale farce anti militariste
Les Jeux de l'amour et de la guerre (1964) avec ce tout aussi caustique
The Hospital.
Le film s'inscrit également dans un forme de trilogie satirique pour
Paddy Chayefsky (ici producteur en plus de signer le scénario) avec
Les Jeux de l'amour et de la guerre donc et aussi le bien acide
Network
(1976). Après l'armée et avant la télévision, c'est donc l'institution
hospitalière qui est passée là au vitriol avec cette description haute
en couleur du CHU de Manhattan.
La scène d'ouverture donne le ton
avec la voix off ironique de Chayefsky qui accompagne l'aussi risible
que tragique concours de circonstance qui va faire mourir un patient
fraîchement admis et démontrer d'emblée l'anarchie et l'incompétence
régnant au sein de l'hôpital. C'est dans ce cadre que se morfond le Dr
Bock (George C. Scott), séparé de sa femme, alcoolique et dépressif
tendance suicidaire. La seule branche à laquelle il semble encore
pouvoir se raccrocher est son métier mais là aussi on déchante
rapidement à travers les dysfonctionnements de l'établissement qui vont
finir par mener à la mort mystérieuse de certains médecin et chercheurs.
On est ici dans une sorte de
Catch 22
médical où l'absurde, la comédie et le vrai malaise s'alterne et où
l'on rit jaune devant les situations rocambolesque.
Patients opérés par
erreur et sortant plus atteint qu'ils ne sont arrivés, chirurgiens
cyniques uniquement motivé par l'appât du gain, coucherie entre médecins
et infirmière au détriment des malades, frénésie administrative, la
charge est féroce et toujours dans un humour à froid qui laisse dans
l'expectative. Plus globalement, l'hôpital semble être une sorte
d'antichambre des maux de cette société puisque en réponse à
l'institution médicale déréglée les autres idéaux d'alors s'avèrent tout
aussi défaillants tels ces gauchistes fanatiques (aux revendications
légitimes mais au discours schématiques) manifestant à l'extérieur en
fil rouge et la conclusion mettra en boite aussi une forme d'idéalisme
hippie recelant de dangereux illuminés.
Tout comme dans
Les Jeux de l'amour et de la guerre ,
l'espoir vient de l'éveil et la prise de conscience de l'individu.
Apathique face à l'enfer qui se déchaîne autour de lui, Bock assiste
impuissant aux dérives de son service se réfugiant dans la bouteille et
proche de céder à ses velléités suicidaires. Le salut viendra de la
rencontre avec la charmante Barbara (Diana Rigg),
jeune femme à l'esprit libre également revenue de tout et ouverte sur le
monde. George C. Scott confère son intensité et humanité coutumière
avec ce formidable personnage brisé et habite certaines séquences avec
une puissance rare comme ce moment cathartique où il s'ouvre à Diana
Rigg sur son mal être dans un incroyable monologue filmé au cordeau par
Hiller. Diana Rigg fausse insouciante et vraie lucide est parfaite
également, sa sérénité répondant idéalement au bouillonnement constant
de Scott.
La galerie de seconds rôles s'en donne à cœur joie également et
on retiendra un odieux Richard A. Dysart en chirurgien businessman et
Donald Harron hilarant en patient assistant médusé au délire ambiant.
L'anarchie va crescendo avec un sacré chaos final où le script ne cède
pourtant pas au fatalisme attendu pour de nouveau faire confiance aux
hommes de devoir capable de redresser la tête dans l'adversité.
L'individualisme et la liberté de pensée comme forme de salut pour la
collectivité, on retrouve là les partis pris de Chayefsky déjà présente
dans
Les Jeux de l'amour et de la guerre . Si l'entité est viciée, il y demeurera toujours des hommes de valeur affrontant l'adversité.
Sorti en dvd zone 2 anglais chez MGM et doté de sous-titres français
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