Jess, un garçon issu d'une modeste
famille nombreuse et Leslie, fille unique d'un couple d'écrivains,
s'inventent un monde imaginaire, Térabithia, pour fuir la réalité de
leur vie quotidienne... Mais lorsque cet univers magique prend vie, ils
se retrouvent confrontés à des aventures plus périlleuses que ce qu'ils
avaient pu imaginer.
Le Secret de Terabithia est un des plus beaux films sur l'enfance, son imaginaire, ses joies et ses peines. Le film est adapté du classique de la littérature enfantine de Katherine Paterson Le Royaume de la Rivière qui fut inspiré à l'auteur lorsqu'elle dû expliquer à son fils de huit ans la mort tragique de sa meilleure amie dans un accident. Le film narre ici le rapprochement et l'amitié de deux enfants d''horizons totalement différent. Jess (Josh Hutcherson) est un garçon issu d'une famille pauvre et nombreuse où il a dû mal à trouver sa place entre ses 3 sœurs, un père avec lequel il a du mal à communiquer et un penchant pour le dessin et la rêverie qui l'éloigne de ce quotidien terre à terre.
Cela ne va guère mieux à l'école où cette différence le soumet
aux moqueries de ses camarades. Tout change avec l'arrivée de Leslie
(AnnaSophia Robb) une nouvelle élève à l'imaginaire débordant et elle
aussi immédiatement isolée du conformisme ordinaire de l'école (la scène
où elle avoue ne pas avoir de télévision étant particulièrement
parlante).
L'apprivoisement mutuel, le rapprochement progressif
et la naissance simple et spontanée de l'amitié enfantine est
magnifiquement dépeinte par Csupo où l'on voit chacun des deux enfants
combler ses manques respectifs. L'imagination débordante de Leslie
alimente le talent de dessinateur de Jess dans le monde imaginaire
merveilleux qu'ils se sont constitués, Térabithia. Là ils oublient tous
leurs soucis dans une nature qui se transforme au gré de leurs humeurs,
de créatures fantastiques bienveillantes ou menaçantes là aussi toujours
en lien avec leurs quotidien (le tyran de l'école protecteur ou sauveur
selon les moments réinventé en troll) et où leurs capacités son
décuplées car ils peuvent être eux même.
Leslie trouve enfin un ami
capable de "garder l'esprit ouvert" et partager ses visions fantastiques
tandis que Jess voit son morne quotidien transformé. Les deux jeunes
acteurs sont fantastiques entre Josh Hutcherson et ses airs renfrognés
et solitaire s'animant progressivement et une lumineuse AnnaSophia Robb
dont le sourire et l'attitude positive et sautillante colore
magnifiquement la tonalité et l'imagerie du film.
L'intrigue
amène également des interrogations plus profondes sur le lien à la
spiritualité, à la vie et à la mort de façons limpide questionnant
enfant comme adulte. Une nouvelle fois, cette idée de garder l'esprit
ouvert se manifeste lorsque les enfants échange sur leur lien à la
religion, Jess et sa sœur dont la pratique est poussée par leur parent
n'y voyant que châtiments et punition infernale quand Leslie venue à
l'église par curiosité est fasciné par ces aspect en y voyant un nouvel
espace fascinant à son imaginaire. Ces questionnements se vérifieront
douloureusement à travers un douloureux et inattendu rebondissement
final où le chemin vers Térabithia sera aussi celui d'une terrible
tragédie pour les deux enfants.
Face à cet évènement injuste, on ressent
un vrai serrement de cœur après la première partie du film
enchanteresse et naïve. Mais l'enfance est une période où l'on peut
encore se relever de tout semble nous dire Katherine Paterson et le
final en forme d'ode à l'imagination permet ainsi de prolonger le
souvenir tout en emmenant une nouvelle partenaire dans ce terrain de jeu
avec le très attachant personnage de la petite sœur.
Les adultes ne sont
d'ailleurs pas en reste avec de belles prestations de Robert Patrick en
père bourru et Zooey Deschanel professeur de musique comme on aurait
tous rêvé d'en avoir. Beau premier film de Gábor Csupó qui s'y entend
dans ces descriptions du monde l'enfance (il fut producteur du dessin
animé Les Razmokets) mais qui ne confirma pas avec son second Le Secret de Moonacre (2008) moins convaincant. Vendu à tort sur ces images fantasy à la Narnia (même société de production, même si la saga de C.S. Lewis est une inspiration évidente de Katherine Peterson) plutôt que sur sa vraie facette intimiste, le film fut un échec mais est désormais entouré d'une aura culte méritée.
Sorti en dvd zone 2 français et en bluray chez Warner
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