Alexandre nait et grandit en Macédoine où il apprend le métier de roi. Il pense qu'il descend d'Achille. Il participe à la Bataille de Chéronée. À la mort de son père, il devient roi à 20 ans. Chef de guerre redoutable, Alexandre le Grand cherchera à étendre son empire au-delà des limites du monde connu. Mais, trahi par ses passions et par ses hommes, celui qui voulut être l’égal des dieux courut tant vers sa chute que vers sa gloire.
Il fallut le retour de l’engouement pour les grandes
fresques antiques durant les années 50 pour avoir enfin ce premier film
occidental consacré à Alexandre le Grand, figure historique dont l’odyssée est
pourtant hautement cinématographique. On associe plus Robert Rossen au film
noir (Sang et Or, L'Arnaqueur avec Paul Newman) qu’à ce
type de grand spectacle et une production compliquée ne laissera pas
complètement voir dans le résultat ses réelles aptitudes en la matière, le film
alternant idées brillantes et vrais ratages.
La première partie constitue les meilleurs moments du film. La narration se
fait linéaire avec l'ouverture sur la naissance d'Alexandre, immédiatement
adulé par sa mère et traité en dieu vivant. Le contexte historique est plutôt
bien posé, avec Philippe roi macédonien et tyran assoiffé de pouvoir contesté
par les peuples conquis et qui a des vues sur la Grèce. Fredric March incarne
parfaitement ce despote barbare et inculte, le contraste total de son fils.
Richard Burton incarne un Alexandre parfait (bien que beaucoup trop âgé pour le rôle), arrogant et assoiffé d'ambition et
(si on fait abstraction de sa moumoute blonde
certes moins laide que celle de Colin Farell dans la version d’Oliver
Stone mais quand même) il dégage un sacré charisme.
L’acteur est suffisamment
subtil pour faire passer le côté torturé et fragile d'Alexandre cherchant autant à
sortir de l'ombre de son père que d'échapper à l'influence de sa mère. La
dimension homosexuelle associée à Alexandre et largement exploitée par Oliver
Stone bien qu’impossible à exprimer explicitement se ressent néanmoins dans certaines
situations (le culte de la perfection physique, la fascination pour les corps dans les
scènes de luttes notamment) et par ce
mélange d’autorité virile et de vulnérabilité qu’exprime Burton. Pas sûr que
Charlton Heston initialement envisagé ait pu être aussi fin.
Le jeu de pouvoir et le conflit dont Alexandre est l'objet s'avère très bien
traité aussi, Danielle Darrieux étant très convaincante en mère manipulatrice, sans
la dimension un peu incestueuse vue plus tard chez Stone avec Angelina Jolie malgré le peu d'écart
entre Burton et Darrieux. Les tensions psychologiques, la rivalité galopante
entre Philippe et Alexandre, l'attraction du pouvoir, le refus de la vieille
garde de céder la place à la jeune génération, cette première partie brasse une
foule de thèmes intéressants et captivants. La quasi absence de bataille ne se
fait pas sentir, pris que nous somme dans les intrigues de palais, les déchirements
familiaux et le conflit des générations.
C'est donc dans la deuxième partie avec l'accession au trône d'Alexandre que le
bât blesse. Rossen avait construit son film dans l’esprit des superproductions
de l’époque avec une odyssée de plus de trois heures entrecoupées d’un
entracte. Pour d’obscures raisons le studio changea d’optique et le montage
échappa à Rossen, les producteurs se livrant à un vrai massacre en coupant pour
ramener le film à une durée de 141 minutes. Cela se ressent malheureusement à l’image
avec un spectacle incapable de nous proposer une bataille épique digne de ce
nom : elles sont le plus souvent elliptique (quelques fondus enchainé sur
cartes avec de vagues scènes de combats, maquettes de cités en flammes voire
même uniquement narrées en voix off) ou alors très brouillonne.
L’opposition
contre la grande armée perse de Darius est des plus décevantes à ce titre, surtout si à nouveau on repense la merveille de
stratégie et de violence que donnera ce moment chez Oliver Stone bien plus tard.
Le film par sa durée trop brève survole à peine la conquête l'Inde pour passer
de manière un peu artificielle sur un Alexandre contesté par son armée lasse de
longues années de batailles que l’on n’a presque pas vues.
Un vrai gâchis alors que l’on devine le squelette du vrai grand film potentiel, à moins que ressurgisse une version complète un jour qui sait ? L’Alexandre d’Oliver Stone (dans son Final Cut et pas son montage cinéma bancal) aura en tout cas récemment su donner toute la flamboyance qu’il mérite au personnage.
Sorti en dvd zone 2 français chez MGM
Ouch ! la moumoute... Ceci dit, il y a Claire Bloom, une merveileuse interprète, donc, cela peut valoir le coup d'oeil.
RépondreSupprimerDans le genre nanard poilant fait avec 4 bouts de ficelles (et une scène de bataille anthologique pour son montage de chutes de divers films...) il y a le "pilote" d'une série de 1968 avortée (on comprend pourquoi) avec William Shatner (oui, celui de Star Trek dans le rôle-titre), John Cassavetes (totalement distancié du truc, et qui vient financer son prochain projet avec cette panouille) et Joseph Cotten (tout aussi paumé en jupette.) C'est sorti en DVD. Extraits ici : http://www.youtube.com/watch?v=nm_z5f3awec et nettement plus fun que le peplum alla O. Stone.
RépondreSupprimerEt bien ça a l'air bien gratiné et kitsch Alexandre version Shatner ^^ (pauvre Joseph Cotten !). On évite la moumoute blonde c'est déjà ça. Il y avait eu aussi dans les années 2000 en plein revival péplum un projet avec Di Caprio et Nicole Kidman réalisé par Baz Luhrman mais la concurrence du Oliver Stone l'a empêché. Au moins on était sûr d'avoir un vrai acteur blond dans le rôle en plus Di Caprio incarne bien le côté juvénile et solaire associé à Alexandre ça aurait pu être une curiosité.