Anthony, Dignan et Bob sont trois
jeunes adultes décidés à devenir des cambrioleurs. Ils ne sont pas faits
pour ça, mais peut-on interdire aux gens de suivre leur rêve ?
Le petit monde de Wes Anderson s'animait pour la première fois dans ce
Bottle Rocket
contenant déjà sous une forme maladroite mais attachante les motifs de
ses grandes réussites à venir. Le film est à l'origine un court-métrage
en noir et blanc dont l'idée sera étendu à un long et qu'Anderson
coécrit avec Owen Wilson rencontré sur les bancs de l'Université
d'Austin (et coscénariste des futurs
Rushmore et
La Famille Tenenbaum).
Wes Anderson, autodidacte pris par le démon du cinéma (il suivait des
études de philosophie avant de se lier à Owen Wilson dans un cours de
scénario) ne maîtrise donc pas encore le style décalé et sophistiqué
affiché dès le suivant Rushmore et poussé à une forme de perfection dans
La Famille Tenenbaum 2001),
Fantastic Mr. Fox
((2010) ou
Moonrise Kingdom (2012). Ici malgré quelques envolées (la
poursuite finale) la forme tient vraiment plus de la production
indépendante fauchée mais toute la singularité du réalisateur pointe
déjà.
On retrouve ici la thématique d'Anderson sur les
hommes-enfants incapable de s'intégrer au monde des adultes avec les
trois héros pieds nickelés que nous allons suivre ici. Anthony (Luke
Wilson), Dignan (Owen Wilson) et plus tard Bob (Robert Musgrave) sont
trois paumés se rêvant cambrioleurs chevronnés malgré un talent que l'on
devine tout relatif pour le crime. Ils se construisent un petit monde
décalé fait de plans sophistiqués et ingénieux les éloignant d'une
réalité qu'ils ne souhaitent guère affronter.
La scène d'ouverture où
Anthony simule une évasion virtuose de la maison de repos dont il a
simplement été libéré pour stimuler Dignan donne le temps de cette
vision biaisée. Admettre la réalité, c'est aussi reconnaître le désordre
de leurs vies mais chaque personnage à une manière différente d'aborder
le monde. Owen Wilson excelle déjà en doux-rêveurs dont le monde n'est
qu'un immense terrain de jeu quand Luke Wilson plus lucide est néanmoins
prêt à le suivre partout tant le monde extérieur n'a rien à lui
proposer si ce n'est le jugement (l'entrevue amère avec la petite sœur).
La narration brinquebalante ne fonctionne ainsi que sur des
moments. D'un côté la loufoquerie des tentatives criminelles de nos
héros (le "vol" domestique au début, Owen Wilson se prenant une rouste
dans un bar, le rocambolesque casse final) et de l'autre une tendresse
et mélancolie suspendue qui fait déjà merveille. La romance entre
Anthony et Inez la femme de chambre paraguayenne est ainsi très
attachante, la barrière de la langue faisant naître le lien par les
gestes et regards.
Anderson parvient déjà à cet équilibre de dynamisme,
humour absurde et émotion avec une bande son recherchée où Love côtoie
les Rolling Stones et le fiasco final mariant toute cette gamme de
sentiment avec le comique de la course poursuite se mariant au beau
sacrifice d'Owen Wilson. La galerie de personnages secondaires est très
drôle aussi entre Andrew "Future Man" Wilson en grand frère tyrannique
et un James Caan roublard. Imparfait mais déjà très attachant premier
film pour Anderson.
Sorti en dvd zone 2 français chez Sony
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