Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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dimanche 26 mai 2013

Bottle Rocket - Wes Anderson (1996)


Anthony, Dignan et Bob sont trois jeunes adultes décidés à devenir des cambrioleurs. Ils ne sont pas faits pour ça, mais peut-on interdire aux gens de suivre leur rêve ?

Le petit monde de Wes Anderson s'animait pour la première fois dans ce Bottle Rocket contenant déjà sous une forme maladroite mais attachante les motifs de ses grandes réussites à venir. Le film est à l'origine un court-métrage en noir et blanc dont l'idée sera étendu à un long et qu'Anderson coécrit avec Owen Wilson rencontré sur les bancs de l'Université d'Austin (et coscénariste des futurs Rushmore et La Famille Tenenbaum). Wes Anderson, autodidacte pris par le démon du cinéma (il suivait des études de philosophie avant de se lier à Owen Wilson dans un cours de scénario) ne maîtrise donc pas encore le style décalé et sophistiqué affiché dès le suivant Rushmore et poussé à une forme de perfection dans La Famille Tenenbaum 2001), Fantastic Mr. Fox ((2010) ou Moonrise Kingdom (2012). Ici malgré quelques envolées (la poursuite finale) la forme tient vraiment plus de la production indépendante fauchée mais toute la singularité du réalisateur pointe déjà.

On retrouve ici la thématique d'Anderson sur les hommes-enfants incapable de s'intégrer au monde des adultes avec les trois héros pieds nickelés que nous allons suivre ici. Anthony (Luke Wilson), Dignan (Owen Wilson) et plus tard Bob (Robert Musgrave) sont trois paumés se rêvant cambrioleurs chevronnés malgré un talent que l'on devine tout relatif pour le crime. Ils se construisent un petit monde décalé fait de plans sophistiqués et ingénieux les éloignant d'une réalité qu'ils ne souhaitent guère affronter.

La scène d'ouverture où Anthony simule une évasion virtuose de la maison de repos dont il a simplement été libéré pour stimuler Dignan donne le temps de cette vision biaisée. Admettre la réalité, c'est aussi reconnaître le désordre de leurs vies mais chaque personnage à une manière différente d'aborder le monde. Owen Wilson excelle déjà en doux-rêveurs dont le monde n'est qu'un immense terrain de jeu quand Luke Wilson plus lucide est néanmoins prêt à le suivre partout tant le monde extérieur n'a rien à lui proposer si ce n'est le jugement (l'entrevue amère avec la petite sœur).

La narration brinquebalante ne fonctionne ainsi que sur des moments. D'un côté la loufoquerie des tentatives criminelles de nos héros (le "vol" domestique au début, Owen Wilson se prenant une rouste dans un bar, le rocambolesque casse final) et de l'autre une tendresse et mélancolie suspendue qui fait déjà merveille. La romance entre Anthony et Inez la femme de chambre paraguayenne est ainsi très attachante, la barrière de la langue faisant naître le lien par les gestes et regards.

Anderson parvient déjà à cet équilibre de dynamisme, humour absurde et émotion avec une bande son recherchée où Love côtoie les Rolling Stones et le fiasco final mariant toute cette gamme de sentiment avec le comique de la course poursuite se mariant au beau sacrifice d'Owen Wilson. La galerie de personnages secondaires est très drôle aussi entre Andrew "Future Man" Wilson en grand frère tyrannique et un James Caan roublard. Imparfait mais déjà très attachant premier film pour Anderson.

Sorti en dvd zone 2 français chez Sony

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