L'épopée d'Hannibal général carthaginois qui, en 219 avant J.-C.,
franchit les Alpes avec ses troupes et ébranla la puissante Rome.
Voilà ce qui est un des derniers films du grand Edgar G.
Ulmer que cette adaptation de l'épopée d'Hannibal qui souffle un peu le chaud
et le froid. Comme tout réalisateur américain exilé en Italie, on devine dans
cette production (en partie financée par la Warne) un Ulmer plus vraiment en odeur
de sainteté à Hollywood (comme par exemple Aldrich quand il fit
Sodome et Gomorrhe à la même période.
La réalisation est co-attribuée au tâcheron
Carlo Ludovico Bragaglia (responsable d’un nanardesque Les Amours d’Hercule)
semble appuyer ce fait d’autant que le montage semble avoir échappé à Ulmer.
Le film s'ouvre sur un des plus hauts fait héroïques d'Hannibal, la traversée
des Alpes en éléphants. C’est une grande scène opposant la volonté de fer d'un
homme face aux éléments, Ulmer offrant des cadres splendides rendant
l'impressionnante armée d'Hannibal ridicule face à l'immensité des monts alpins
avec un festival de mort cruelles entre chutes depuis des hauteurs insensées et
soldats transis de froid. Ulmer alterne les vraies scènes en montagne avec des
moments filmé en studios (toutes les scènes impliquant les éléphants) avec brio
et livre un grand moments de cinéma dès l'ouverture, mais malheureusement rien
ne viendra égaler cela par la suite.
Le film est très réussi au niveau de l'écriture du personnage d'Hannibal. Sa
science de la guerre aussi bien tactique que psychologique (plusieurs astuces montrent
sa manière de créer la terreur chez les romains par la simple rumeur) et son habilité
aux alliances et à la négociation sont très bien traitées, porté par un Victor
Mature vieillissant et charismatique. Ses failles sont tout aussi bien vues également
avec une trop grande confiance et une vanité souligné par un dialogue du film
disant qu'il sait remporter les victoires mais qu'il ne sait qu'en faire, alors
qu'il tergiverse avant d'envahir Rome pourtant momentanément à sa merci. Les
conflits au sein du sénat romain et la peur inspiré par la menace d'Hannibal offre
un bon contraste avec l'arrogance manifestée
en début de film.
Le film est un peu gâché par une flopée de seconds rôle peu convaincants (dont
un tout jeune Terence Hill encore nommé Mario Girotti très mauvais, son futur
compère Bud Spencer pour l’instant toujours Carlo Pedersoli étant aussi au
casting), l'histoire d'amour insipide (la prestation fade de la jolie Rita Gam
n'aide pas) vue et revue dans ce genre de film ainsi que des scènes de
batailles ratées. Ces dernières sont toujours parfaitement introduites niveau
tactique ce qui est agréable, mais constamment mollassonnes et peu palpitantes
malgré une brutalité étonnante (décapitation, soldats écrabouillé par des
éléphants, bras coupés).
La première bataille notamment, est bien brouillonne
ne fonctionne que sur la terreur provoqués par les éléphants dans les rangs
romain mais manque terriblement d'ampleur. Le comble étant atteint lors de
l'ultime bataille, gentiment survolée à coup d'ellipse et fondu enchainés pour
conclure la narration en voix off. Le savoir-faire d’Ulmer se ressent mais il
ne peut transcender un budget étriqué au vu de l'ambition du sujet malgré sa maîtrise habituelle des petits budgets. Il reste un grand film à faire de l’épopée d’Hannibal, il y eu
des rumeurs il y a quelques années d’un projet joué et réalisé par Vin Diesel
mais resté sans suite, la revival péplum initié par
Gladiator s’étant estompé
entre temps.
Sorti en dvd zone 2 français chez Opening
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