Les amateurs de mélodrames Gainsborough connaissent bien Jean Kent, une
des grandes stars façonnées par le studio durant ses immenses succès des
années 40. A la manière des quatre grandes vedettes Gainsborough James
Mason (le méchant sadique), Phyllis Carvert (la prude innocente),
Patricia Roc (l'ingénue et fille du cru) et la grande Margaret Lockwood
(la séductrice manipulatrice), Jean Kent avait son emploi attitré qui
lui collait de film en film avec la femme de mauvaise vie, peu
recommandable notamment l'un des plus marquant étant
La Femme en question (1950) d'Anthony Asquith où l'émouvant rôle de gitane dans
Caravan (1946).
James Mason s'était lassé le premier en s'envolant pour Hollywood où il
montrerait toute l'étendue de son registre et Jean Kent allait faire de
même en quittant Gainsborough et en tournant ce
Trottie True qui reste son rôle favori.
C'est d'ailleurs elle le meilleur atout de cette comédie musicale qui
comporte pas mal d'élément autobiographique pour l'actrice. L'histoire
nous narre la passion et l'ascension de la jeune Trottie True dans le
monde du spectacle où elle obtient ses premiers rôles dès l'adolescence
et grandi dans le milieu populaire du music-hall. Jean Kent fit
également son entrée dans cet univers dès son plus jeune âge, se faisant
engager dans les compagnies les plus douteuses dès l'âge de douze ans
(en prétendant en avoir quinze) pour aider sa famille.
Le film s'avère très sautillant au départ dans cette description festive
du music-hall avec notamment un tonitruant numéro d'ouverture où une
Trottie True gamine fait preuve d'un répondant magistral face aux
spectateurs indisciplinés des quartiers populaires. Cette séquence
résume d'ailleurs bien le film, un peu trop lisse (alors que le début en
flashback mélancolique laissait espérer plus) et où chaque enjeu et
conflit se résout la minute qui suit, ne laissant pas un semblant de
drame s'installer et happer le spectateur au-delà du beau livre d'image.
Il y a pourtant plusieurs pistes intéressantes à creuser notamment les
amours contrariées de Trottie d'abord incapable de concilier son art et
sa relation avec un aventurier amateur de vol en ballon puis plus tard
une fois mariée à un noble voyant surgir l'écart de classe entre son
passé et sa belle-famille distinguée.
La construction est étrange aussi avec un début festif qui évoque le classique Ealing
Champagne Charlie
(LE film sur le music-hall populaire anglais) puis le revers de la
médaille avec les moments sur scène qui disparaissent pour montrer
l'envers peu reluisant du décor dans une compagnie plus prestigieuse :
producteur un peu trop entreprenant, artistes harcelées et entretenues
par de riches amateurs, notre héroïne finissant par épouser l'un d'entre
eux (James Donald) plus sincère que les autres.
C'est donc une Jean
Kent séduisante et survoltée qui maintien l'attention ajoutant à son
registre séducteur la comédie, le chant et la danse dans de jolis
numéros musicaux (celui de noël est assez épatant) bien mis en valeurs
par Brian Desmond Hurst. La direction artistique est également
époustouflante pour reconstituer cette Angleterre Victorienne bariolée
par la belle photo d’Harry Waxman typique de l'usage du technicolor par
le cinéma anglais. Un gros bonbon un peu lisse mais pas désagréable
donc.
Sorti en dvd zone 2 anglais sans sous-titres
Extrait
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire