Les choses semblent aller de plus en
plus mal pour John Cummings. Ses rapports avec sa femme Anne se
dégradent et son travail de représentant de commerce lui rapporte peu.
Il ne sait pas comment payer la voiture qu'il vient d'acheter. Comble de
malchance, celle-ci lui est aussitôt volée et il n'est pas assuré.
N'obtenant pas d'aide de la police qui au contraire l'accuse du méfait,
il décide d'enquêter lui-même. C'est là qu'il recroise le chemin Lionel
Meadows, qui n'est autre que le concessionnaire qui lui a vendu le
véhicule, et découvre que ce dernier est un voleur, particulièrement
violent, de voitures...
Avant les mastodontes plus (
Le Crépuscule des Aigles,
La Tour Infernale) ou moins (l'affreux remake de
King Kong
et sa suite) mémorables qui firent son succès, John Guillermin mena une
solide carrière dans le cinéma britannique et réalise carrément un
petit classique méconnu du film noir avec ce teigneux
Never Let Go
dont il signe également le scénario. Le pitch simplissime nous amène
vers un océan de noirceur avec un brio rare. John Cummings (Richard
Todd) brave représentant de commerce voit sa vie basculer le soir où lui
est volée sa voiture.
Cette perte matérielle va prendre des dimensions
dramatiques terribles pour plusieurs raisons. Cummings en grande
difficulté dans sa profession comptait énormément sur son véhicule pour
améliorer son efficacité, cette même voiture qu'il avait acquis au prix
de grand sacrifice financier et pour laquelle il n'a pas souscrit
d'assurance. La scène d'ouverture nous aura révélé que le vol a été
commis par des petites frappes téléguidées par le concessionnaire même
qui lui a vendu le véhicule, le très dangereux Lionel Meadows (Peter
Sellers).
Richard Todd campe un quidam insignifiant et faible
qui va pourtant s'acharner à récupérer son bien avec une abnégation
maladive. Mine frêle et visage apeuré, le personnage n'a que cette
volonté pour lui tant il passe le film à subir les humiliations
physiques et verbales les plus diverses, par les malfrats qu'il traque,
par la police négligeant ses demandes, par son patron et surtout par sa
femme. Pour tous, il n'est qu'un perdant, une quantité négligeable
constamment sous-estimé. On comprend ainsi peu en peu le vrai enjeu de
l'intrigue, au-delà de la voiture c'est sa fierté que cherche à
reconquérir John Cummings.
Face à lui, Peter Sellers loin de ses rôles
comiques campe un très inquiétant malfrat qui derrière ses airs suave
dissimule une violence froide surgissant sans prévenir de manière
explosive. La progression du récit inverse peu à peu le rapport de
force, Cummings prenant de l'assurance dans son harcèlement de Sellers
qui perd pied et sombre dans la paranoïa. L'intrigue répète les face à
face entre eux qui se font de plus en plus tendus jusqu'à un final
hargneux qui laisse exploser sa violence avec une rare intensité.
Guillermin
mène avec une grande efficacité l'ensemble notamment par les
personnages secondaires soignés qui étoffent grandement l'histoire que
ce soit l'épouse anxieuse de Cummings jouée par Elizabeth Sellars ou le
couple de jeunes paumés avec la maîtresse de Sellers et le chef des
voleurs. Ce qui surprend c'est l'incroyable brutalité du film porté par
un terrifiant Sellers qui malmène femmes, animaux ou vieillard sans
remord.
La montée en puissance finale sur le score jazzy tendu de John
Barry débouche sur un mano à mano féroce entre Sellers et Cumming à coup
de chaînes, barre de fer et tessons de bouteille. Cela est
cependant amené avec une grande finesse qui évite complètement le piège
de l'éloge de l'autodéfense. La libération par la violence n'arrive
qu'en ultime recours et est aussi brève qu'intense, laissant leurs rôles
aux autorités tout en redonnant son honneur au héros.
Sorti en dvd zone 1 chez MGM et VCI et doté de sous-titres anglais
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